Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/186

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— Sous la diffuse blancheur de la lampe, près du feu, il se ressouvient, pense à des pays, des bourgades, les flots traversés. — Il les compara à son champ. Tant de dunes, de ciels glauques, de végétations sous-marines, de coraux, de pivoines, de prairies, ne lui paraissent point si variés que ce paysage étendu. Désormais ce n’est plus qu’à soi qu’il en rapportera les riches ornements. L’horizon contint ses exploits. — Une fleur, tel est le prix qu’il sollicite. — La fièvre de son ambition reçut l’apaisement qui tombe, avec fraîcheur, des bois. — D’ailleurs il s’attribua l’empire de tout. Le fleuve, les poissons, le pré, les moutons, les feuilles fraîches comme des gouttes d’eau vertes, il dispose de tout, utilise le champ et le sel marin, il les recrée pour sa parfaite douceur, les harmonise à l’équilibre de sa maison. — La pompe du foyer, voilà, héroïque, son perpétuel but. Au faîte blanc et somptueux, le coq s’éploie, solide ! Bêtes domestiques, basse-cour, blé transfusé en pain, les jarres de lait et les ruches d’or, ces bombantes corbeilles bien comblées, qui donc enfin dira leur grâce, leur nuptiale anxiété, leur joie de communion !

Détenteurs d’une splendeur terrestre, les paysans, — frugaux et frustes — parmi tant de héros, m’impressionnent d’une extrême passion. La beauté de leur héroïsme éclate perpétuellement candide ! Nul subterfuge d’aventures ne les trompe. Ils s’attacheront à un sol, ils conquièrent le pain, tel est leur dessein. Au lieu où ils vécurent, ils dormiront. Leur cendre augmentera cette poussière qu’ils foulent sur la route. La monotonie •de leur sort n’en discrédite point l’usuelle religion. — Ici, Dieu, familier, parait cueilleur de fleurs et sage