Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/193

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Cette béatifiante communion, partout j’en distingue le pressentiment. Dans la forge, la grange, l’étable, tel grenier, et la boulangerie ! Mais où il apparut, surtout, c’est parmi ces linges frais, les senteurs de la chambre nuptiale.

Il faudrait entrer là comme dans le Paradis. Il faudrait marcher là, comme au lieu le plus suave, le plus religieux, le plus pur, le plus impressionnant du monde. Des rites suprêmes y sont solemnisés. L’aube y pénètre avec pudeur.

Toute la lumière du ciel et des prairies heureuses filtre aux clairs lins du lit limpide et les trempe d’une ardente blancheur. Rien de plus candide ni de plus exquis. Les amours, les luxures se fondent, le solide soleil vacille et soupire, le sang et la chair flambent dans un brasier, et le vent tournoie. Une tempête emporte les constellations, l’air est doux, l’azur frais, de verts feuillages chuchotent. Pas un instant moins tragique, le soleil se couche sur un monde d’aurore.

Ce lieu où de telles émotions brûlent et exténuent les amants, je voudrais que personne n’y entrât sans vénération. Là se consomme la destinée des races. Peut-être y créons-nous le dieu futur

... Sur ces mots (j’écris) Clarisse est entrée ; « il fait froid dehors, me dit-elle ». En effet, le pur ciel brillait pâle et incisif, sans azur.

N’est-il pas admirable, pensai-je, que toujours la