pluie et la lune nous ramènent auprès du foyer ! Des chocs de la Nature ces hautes voûtes nous préservent. Ici nous vivons en reclus. L’aube se gèle au mur, le vent gronde, bondit sur les toits. A travers cette lucide fenêtre, le blanc paysage apparaît, lignes, coloration, comme inanimé.
Ne croyez point votre innocence, Clarisse ; aimez cette ardente réclusion acariâtre et si ascétique ! La monotonie de l’hiver sollicite la méditation. C’est pour le recueillement du monde qu’a été créée cette pluvieuse, glaciale et maussade saison. Elle convie à la solitude. Elle nous écarte les uns des autres. Par l’uniformité des espaces, alors en grisailles, elle rend mornes les paysages pâles, afin, sans doute, d’en détourner notre attention. Époque sublime de la vie intérieure ! Le paisible accueil de la maison claire, les neiges qui blanchissent la prairie, l’aube livide, la tempête, le froid, la brève tombée du crépuscule, tout nous conseilla le repos. Il semble que Dieu même y consente. L’aridité de la campagne nous en interdit la culture. Chacun regagne son logis. Le pâtre ou Orose, MarcAurèle ou ce laboureur, il n’est plus un homme dehors. Le pré et le bois se recueillent, fleur à fleur, tout palpite dans l’attente. — Ici que pourrions-nous donc faire, sinon tendrement méditer ! — Je travaille, Clarisse, maintenant, mais vous, chère petite fille, regardez l’immense, la neigeuse prairie
27 Janvier 1896.