Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/199

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son destin. S’il lui parlait, il lui dirait — sans doute — pourquoi il prie et pleure, ses grâces et ses rancœurs, toutes les pâles amours langoureuses.

— Voilà le patron et le saint. — Il veille sur la maison où quelqu’un l’attendit. Il y pénètre, on l’accueille et il chante. Dans la boutique du menuisier, et dans le pauvre enclos rustique un héros toujours existe virtuellement. Je veux dire qu’un discret Tityre, chez le pire pasteur, par exemple, tendrement frissonne et soupire, somptueux de possibilités, dieu endormi près de l’ardente étable, entre un âne, le grand bœuf, la rose.

Une race s’engouffre en lui, il l’exprime par ses plaintes, ses rires, son souffle et sa prière, l’ivresse de sa joie et perpétuellement ! Il représenté une tribu. Peut-être est-il né dans une noire cité, mais Dieu a fait de cet urbain le frère magnifique et divin des fleurs. — Il appartient à un hameau, à un état. Régional, beau et paroissial, c’est en quelque sorte le patron d’une corporation d’artisans ou d’une foule citadine, champêtre, ,de qui son chant et sa présence signifient l’existence transcendantale. "~

’Un Tityre demeure pathétique, mais il ne surpasse point ce berger, par exemple, car celui-ci, à chaque instant, dans son pas et sa force, paraît resplendissant. Cependant, il le purifie, le solemnise. En général, du plus pauvre au plus riche, - chacun connaît cé frère spirituel dont je parle. Parmi chaque tribu et dans chaque maison, est entré l’hôte miraculeux que l’on appelait. L’héroïque pipeau de Beethoven scande et amplifie les cris des pasteurs. Il n’y a guère que^très peu d’hommes dont la pensée et lés alarmes ne