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Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/261

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la plus pesante psychologie embarrasse encore ses romans. L’intrigue, les scènes morales qu’il nous propose, les extraordinaires épisodes dont il nous désire spectateurs, tout cela est du fatras ! Balzac, déjà, nous inclina sur des études de caractère. Mais le singulier de M. Zola, c’est qu’il possède prodigieusement le sens de la terre saine, des vives énergies, des rapports qui enchaînent les hommes à leur milieu, au sol, à leur race et à leur tribu. Voilà une synthèse sublime.

Assurément, ce grand poète resplendit d’une puissante pudeur. Dans son vœu de véracité, je distingue le respect que lui inspire le monde, un culte erotique, païen et obscur pour les pimprenelles et les bêtes, les coquillages et le soleil, les hommes, les bourgades, le labeur, les monts, tous les enfants de la terre maternelle. Rien de comparable à cette modestie. Cet homme a conçu une cosmogonie. Sa pureté est exceptionnelle, bien qu’il ne rougisse point quand germent les végétaux, quand l’aube embrasse la plaine, quand de beaux jeunes hommes culbutent les filles fortes. D’une miraculeuse sensibilité, il a ressenti l’émotion de Pan. Avant lui, le bétail pesant, ni la multitudepopulaire n’avaient pu pénétrer parmi des tragédiesv Ces choses n’intéressaient pas. De peur qu ’ils ne choquent le bon goût public, les poètes s’étaient habitués à les écarter de son attention ! Il semblait impossible qu’un laboureur aimât. Zola les a régénérés. Il leur restitue une solide splendeur. Son chant consécrateur ne les transfigure point, mais illeur a donné des droits de vie. Il ne les a pas modifiés, car chacun des héros qu’il chante équivaut à un homme vulgaire (mineur, charpentier