Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/267

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ah ! réellement, l’un et l’autre ont d’extrême* candeurs, une puissance géante et puérile. « Pindareglorifie les cochers ! » s’écria, quelque part, Hugo. L’ironie est assez stupide, et tout à fait extraordinaire chez un poète populaire. Ces sculpturaux panégyriques que le grand homme dédiait à la mémoire d’athlètes, comme je les préfère aux futiles ariettes dont Moschus ou Anacréon cadençaient, sur le buis des flûtes, les. gémissements mélancoliques et l’éloquence. Un Tyrtée, un Hésiode ont une action publique. Leur désir consacre un labeur : ils jouent un rôle dans la tribu. On les honorecommedesdieux. Ils composent des romances qui sont des textes de lois, et ils purifient les plus basses passions. Leurs poèmes sont ceux de leur confrérie. Les exercices et les travaux deviennent, par l’effet de leur charme, l’occasion de fêtes citadines.

Puissions-nous couronner des poètes nationaux. En quiconque palpitera l’esprit même d’une région, nous reconnaîtrons des héros. Au lieu de répandre nos petitssecrets, glorifions la beauté humaine. D’après vos singuliers penchants, ô poètes, célébrez la plaine, les. guerres, les victoires populaires, l’harmonieuse force des laboureurs, les pacifiques troupeaux qui paissent sur la montagne, le peuple ingénu des matelots dont les sages artifices trompent les fluctuations des vagues ainsi que le charme de la lune, — que vos odes solemnisent l’action ! Il faut instituer des rites naturels. Que chaque corporation reconnaisse ses héros 1

Le monde est la substance de Dieu. Tout y devient poésie. — Il s’agit de regarder. — Afin d’accueillir les. attraits dont il lui apporte la pureté, l’innocence et la