Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/283

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du monde que j’ai tenté de me construire, seraitil possible d’admirer Shakespeare ? Et Wagner, encore un coup, comment pouvons-nous en être si épris ? Ces grands hommes, génies nationaux, nous aident violemment à comprendre une race, avec l’eau et le ciel, la flore particulière. Mieux que les récits de voyages, les rapports des savants, les études ethniques, qu’ont fait tour à tour de sages géologues et des philosophes, les drames de ces deux grands poètes sont capables de nous éclairer sur le peuple et sur la contrée pour qui ils. les ont composé.

Cependant cette antipathie, que je m’infatue d’éprouver à l’égard de William Shakespeare et de Wagner, mon tempérament l’excuse, mes hérédités l’exigent, car la compagnie de ces hommes excède précisément mes notions communales, et il me serait impossible de prendre du goût pour leur nation, de m’habituer à leur climat.

Note V Page 175.

Vers le commencement de l’été, j’ai pu vérifier en Hollande, au cours d’un délicieux voyage, la solide vérité de ces sentences. Conquis sur la force de la mer, ce pays est verdâtre, solennel, familial. D’écumeux pacages sans limites roulent des flux de sonores herbages où s’ébattent des poulains et des troupeaux sauvages. Le ciel sur tout cela est d’une grande transparence. Des maisons scintillent, très légères comme si