Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/104

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Et, peu sensible à tes alarmes,
Au flanc des côtes sans chemins,
La terre boit tes grandes larmes,
Consolatrice des humains.

Oh ! dis-nous, se peut-il qu’on voie,
Pour calmer nos « âpres douleurs,
Sortir un jour des flots de joie
De tes rameaux gonfles de pleurs ?


II

Toute joie a sa source amère :
Poète, ne t’étonne pas
Si je suis triste, moi, la mère
De l’ivresse et des gais repas.

Le ciel, jaloux du vin qui charme,
A taxé mon philtre puissant,
Et je paie aux dieux une larme
Pour chaque goutte de mon sang.

Toi-même, à l’heure du délire,
N’entends-tu pas avec effroi
Monter, aux strettes de ta lyre,
Tous les sanglots qui sont en toi !