Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/103

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Chaque grain, gonflant sa peau verte,
Frissonne au vent comme un sein nu.

Chaque bourgeon, rouge de honte,
Semble une perle de corail ;
Le tronc frémit, la sève monte,
Toute la vigne est en travail.

Clarté menteuse ! erreur fatale !
Ô vigne, reprends ton sommeil ;
Ce n’est point à ce reflet pâle
Que ton sang deviendra vermeil.

Pampres pressés, attendez l’heure,
L’aube du jour est loin encor,
Et ce rayon qui vous effleure
Est plus froid qu’un baiser de mort !


Les Larmes de la vigne


 

I

Mars est venu, la vigne pleure :
Le vent du nord, passant brutal,
Fait, sur les branches qu’il effleure,
Rouler des perles de cristal