Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Il a pour compagnon des animaux superbes
Qui, sur les sables fins, suivent ses pas aimés,
Et la petite fleur se hausse dans les herbes,
Pour lui dire en passant ses rêves embaumés.

Le monde est son ami, n’étant pas son esclave ;
Des éléments jaloux la colère s’endort ;
Sur le cratère obscur ou glapissait la lave,
Des essaims bourdonnants tournent en cercles d’or.

Les troupeaux, répandus dans les grands pâturages
Maître inassouvi, ne craignent plus la faim ;
Seul le souffle du soir, agitant les feuillages,
Fait tomber les fruits mûrs au gazon du chemin.

De lumière et d’amour la vie est altérée :
Joyeuse, elle s’assoit à son banquet vermeil,
Et dans le bleu saphir de la coup éthérée
Boit, comme un miel divin, les rayons du soleil.

Salut ! être nouveau ! génie ! intelligence !
Forme supérieure, où le Dieu peut tenir !
Anneau mystérieux de cette chaîne immense
Qui va du monde antique aux siècles à venir.

A toi les grands secrets qui, dans l’ombre et le vide,
Echappaient, comme un rêve, à l’homme épouvanté.
A toi les doux pensers glissants au front limpide,
Comme des cygnes blancs sur un lac argenté.