Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/18

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Nous qu’en ses légions la poésie enrôle,
Nous sommes tous pareils au Lydien Candaule.
La muse nous livra ses trésors inconnus ;

Dans des baisers divins nous avons bu l’ivresse,
Mais nous voulons encor, pour prix de sa tendresse,
Aux Gygès curieux étaler ses flancs nus !




Clair de Lune.


À mon ami A. Pigny.


I


Soulevant le rideau des ombres,
La pâle lune, lentement,
Des fleuves noirs aux forêts sombres
Étale son rayonnement,

Et sur le vert tapis des mousses
Où la nuit épand sa fraîcheur,
On sent planer deux choses douces.
La solitude et la blancheur.