Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/19

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Jour timide, aube solitaire
Qui nous console du soleil ;
Baiser pur effleurant la terre
Sans interrompre son sommeil.

Plus d’oiseaux, la biche est couchée,
Le flot, à peine, ose frémir ;
On dirait une sœur penchée
Qui regarde sa sœur dormir.

Et si la brise familière
Écarte les rameaux discrets,
On voit des gouttes de lumière
Trembler aux feuilles des forêts.

Tandis qu’ouvrant, au bord des grèves,
Son noir calice où dort l’amour,
S’épanouit la fleur des rêves,
Qui se fane quand vient le jour.


II


Et pourtant, ô lueur, ô caresse, ô mystère,
Sourire étincelant que reflètent les eaux,
Silences argentés de la nuit solitaire
Qui flottez comme un voile aux pointes des roseaux,