Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/70

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La taverne, accroupie au pied du Quirinal,
Rayonne sur la rue,
Et fait voir au passant, sous son rouge fanal,
La courtisane nue.

Le feu de l’atrium, en ses bonds indécis,
Tremble, sous le portique,
Et jette un gai reflet aux pénates assis
Près du foyer antique.

Le hardi nautonnier qui, sur les flots amers,
Creuse un sillon d’écume,
À le phare éclatant, dont la brise des mers
Tord l’aigrette qui fume.

Les dieux ont les soleils qui gravitent, sans bruit,
Loin du monde où nous sommes ;
Mais le puissant César, pour éclairer sa nuit,
Fait allumer des hommes !

Il ordonne ; et, soudain, comme d’un linceul noir,
Couverte de résine,
La victime enflammée illumine, le soir,
Les jardins de Sabine.

On entend dans les airs, parmi les chants joyeux,
Monter les cris sans nombre
De ces flambeaux vivants qui luttent sous les feux
Et qui hurlent dans l’ombre.