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MELÆNIS

» Des hommes à railler les femmes inquiètes !
» À quoi bon ? je sais tout, oublions maintenant ;
» Viens, nous serons joyeux, au sortir de tes fêtes.

» Sur ton front ruisselant et couronné, ma main
» Essuiera la sueur ; tu m’aimeras peut-être !
» — Laisse-moi ! dit Paulus, j’obéis au destin
» Sans contrainte et sans peur, mon amour va paraître !
» — Mais l’édile est puissant ! — mais César est le maître !
» — Et sa fille oserait ? — Je l’épouse demain ! »

La danseuse, à ces mots, haletante, éperdue,
Se dressa comme un arc dont la corde est rompue :
« Je le défends, dit-elle, et, lui prenant le bras :
» Que me fait ton César ? je ne le connais pas !
» C’est une étrange erreur, si l’on me croit vaincue,
» Et si quelqu’un ici pense arrêter mes pas !…