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MELÆNIS

» La tente qu’on déploie et qui frissonne aux vents !… »
Le soldat la couvait sous ses yeux éclatants ;
Les mots qu’il entendait le prenaient aux entrailles.

« Tu dis vrai ! cria-t-il en agitant ses mains,
» Du temps de Cassius, j’ai vu de grandes guerres,
» Les Scythes vagabonds aux flèches meurtrières,
» Les Gélons demi-nus, les Sarmates lointains…
» C’était plaisir alors ! des légions entières
» Franchissaient le Danube, au pays des Germains ! »

Et tandis que sa voix s’en allait large et pleine,
Melænis le brûlait du feu de son haleine ;
Puis se dressant, ainsi qu’un enfant curieux,
Dans le casque de cuivre elle mirait ses yeux,
Ou tirait à demi le glaive de sa gaîne,
Pour y passer ses doigts, avec un cri joyeux !