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MELÆNIS

Mais la froide sueur sur ses membres perclus.
Comme en un songe affreux, sa poitrine oppressée
S’épuisait pour crier en spasmes superflus !

Une puissance occulte envahissait son âme,
Des tonnerres lointains roulaient au fond des cieux :
« Qu’es-tu donc ? lui dit-il en ouvrant de grands yeux,
» Où prends-tu cette voix qui charme et cette flamme
» Qui, dans tes longs regards, brille comme une lame ?
» Quel effrayant destin nous enchaîna tous deux ?…

» — Que t’importe, ô Paulus ! s’écria la danseuse,
» Aimons-nous ! aimons-nous ! cela seul est réel !
» Viens cacher nos baisers dans la nuit orageuse !
» Notre torche d’hymen, c’est la tempête au ciel !
» Nous fuirons ; nous aurons quelque retraite ombreuse
» Pour y faire, à nos cœurs, un exil éternel !…