Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
MELÆNIS

Appuyés sur l’épée ou le trident sonore,
Jeter des mots profonds que le vulgaire ignore,
Touchant la vie humaine et l’essence des dieux !

Quant à ses passions, depuis son aventure,
Elles dormaient en lui ; son cœur était fermé
Comme un coffre d’avare, à la triple serrure !
Les femmes y perdaient leur regard enflammé :
Il avait sur le corps une solide armure,
Et, tout autour de l’âme, un souvenir aimé !

Pour la première fois Paulus était fidèle ;
Fille de Marcius ! Il revoyait encor,
Et tes cheveux tressés, et ta noire prunelle,
Et ta gorge inquiète où glisse un collier d’or !
Mais tu ne venais pas à sa voix qui t’appelle ;
N’ayant plus rien au monde, il attendait la mort !