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ON CAMPE À PLUS DE 3 000 MÈTRES

ture, à la stupéfaction des caravaniers. Il est plus de cinq heures quand nous atteignons enfin le col du Soughet Davan, à 5 380 mètres. Bêtes et gens sont à bout de forces, aussi nous voyons-nous dans l’obligation de camper non loin de là, sur un plateau désert affreusement balayé par la tourmente.

On voudrait pouvoir dormir, mais l’altitude élevée (5 075 mètres) cause une telle oppression à tout le monde, qu’il est impossible de rester étendu et que nous devons passer la nuit, serrés les uns contre les autres, accroupis autour d’un maigre feu de crottin, car nous n’avons plus de bois et aucune racine ne pousse sur le sol couvert d’ardoises. Les chevaux sont plus malades encore que nous-mêmes et la plupart ont des saignements de nez qui achèvent de les affaiblir. C’est une véritable nuit de misère et de souffrance qui nous paraît interminable.

1er septembre. — Aujourd’hui, nous allons retrouver le Raskem Daria et passer au point dit Ak-Tagh, que j’avais primitivement espéré atteindre en venant de l’ouest. Mais on se rappelle mes difficultés avec les caravaniers au col d’Ili-Sou, l’impossibilité de suivre cette route à cause de la hauteur des eaux et l’obligation où je fus contraint, bien malgré moi, de remonter jusqu’à Yarkand en abandonnant la voie du Raskem. Depuis le 25 juillet nous sommes en route pour gagner ce point. Enfin nous y touchons ! Le paysage est nu et désolé ; pas une goutte d’eau dans le lit du fleuve cependant large d’un kilomètre. Vers le

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