Page:Bouillane de Lacoste - Autour de l'Afghanistan (aux frontières interdites), 1908.pdf/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
AUTOUR DE L’AFGHANISTAN

sachant de quel côté est le danger, s’arrête, en éveil, près du cadavre de sa compagne : deux balles m’en rendent maître. Alors je vois se dresser soudain, comme un lièvre bondissant de son gîte, Iskandar qui m’avait suivi. Plus joyeux certes que moi-même, il se précipite le couteau à la main vers mes deux victimes et, poussant des cris de victoire, il les égorge suivant le rite musulman.

Mais quand nous voulons nous remettre en route, la caravane a disparu de l’horizon. Comment faire ? Aucune piste n’est marquée sur le sol, aucune indication ne peut nous mettre sur la voie dans cette vallée déserte, large de plusieurs kilomètres, où seules quelques antilopes errent encore çà et là… Par bonheur, l’un de nous retrouve les traces de nos bêtes et, toujours en remontant le lit desséché du Raskem qui serpente au mulieu de collines d’un rouge brique, nous parvenons enfin, à la nuit tombante, au campement choisi par les caravaniers.

La source, à côté de laquelle sont plantées les tentes, à nom Balti-Brangsa ; c’est une des sources de cet immense Raskem Daria que nous avons traversé près de Yarkand et qui s’étend majestueux jusqu’aux rives du Lob-Nor. Nos poumons commencent à ressentir un peu moins les effets de la haute altitude où nous sommes (5 040 mètres) ; cependant l’oppression est encore fort désagréable. N’était cet inconvénient presque quotidien, nous passerions ici une soirée délicieuse, au milieu du cirque de glaciers qui nous entoure

(122)