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RAMZAN LE FUMEUR D’OPIUM

Tahsildar de Nouchki, lui demandant de me faire parvenir au plus tôt une dose énorme d’opium. La raison du mal subit qui terrasse Ramzan m’est ainsi nettement expliquée. Il a épuisé sa provision de la funeste drogue et comme tous les fumeurs dont l’intoxication est complète, il ne peut vivre sans sa ration quotidienne de poison. Et le voici paralysé, sans force, inutile ! Pourtant la dépêche ne partira pas, mais je crains bien que le pauvre diable ne parte pas davantage et cette perspective n’est pas sans me causer quelque inquiétude.

Le Sub-Tahsildar de Dalbandin m’offre, pour remplacer Ramzan, un jeune boy de douze ans nommé Dustok. J’accepte… Notre cuisinier est décidément trop souffrant pour que nous puissions songer à l’emmener plus loin ; il va donc rester sous la garde du télégraphiste qui le renverra à Nouchki à la première occasion, à moins qu’il ne s’éteigne, faute d’opium, comme une lampe qui n’a plus d’huile…

Le jeune Dustok ne sait pas faire grand’chose, mais il paraît intelligent et plein de bonne volonté ; cela vaut mieux peut-être qu’une vague science culinaire contre laquelle nous ne pourrions rien. Mais où est Iskandar, le parfait cuisinier, l’ingénieux compagnon, inventif et débrouillard ? Son pèlerinage à La Mecque lui vaudra sans doute une meilleure place en paradis, quant à nous, nous ferons carême, je le crains.

17 novembre. — Dès la pointe du jour, les quelques indigènes qui constituent toute la population de Dalbandin se trouvent réunis devant le bungalow pour

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