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Paris en 1612, se fit recevoir docteur en théologie en 1641, et fut attiré au Jansénisme par St-Cyran. Il commença à se faire connaître par le traité De la fréquente communion, 1643, ouvrage dicté sans doute par une piété ardente, mais rempli d'exagération; il s'engagea bientôt dans les querelles sur la grâce, prit parti pour Jansénius, publia deux Apologies de cet évêque, 1644 et 1645, et écrivit à ce sujet plusieurs pamphlets qui le firent censurer par la Sorbonne et exclure de la faculté de théologie, 1656. Alors il alla s'enfermer à Port-Royal : il y resta douze ans; c'est dans cette retraite qu'il composa, soit seul, soit avec Nicole, Lancelot, Pascal, ses amis, ces ouvrages de théologie, de logique, de métaphysique, de grammaire, de géométrie, qui firent la réputation de la société dont il était l'âme. De retour à Paris en 1668, lors de la paix de Clément IX, il résolut, afin d'éviter de nouvelles disgrâces, de tourner ses armes contre les Calvinistes, et publia avec Nicole, le célèbre traité de la Perpétuité de la foi; mais l'attachement qu'il gardait au Jansénisme le rendant suspect, Louis XIV donna l'ordre de l'arrêter. Il fut quelque temps obligé de se cacher à Paris; puis il se réfugia à Bruxelles, où il continua à combattre les Protestants, et où il eut de vifs démêlés avec le ministre Jurieu. En 1683, il s'engagea dans une nouvelle lutte, et attaqua la doctrine du P. Malebranche sur la grâce et sur la vision en Dieu. Il mourut en 1694, dans les bras du P. Quesnel. Les Jansénistes, dont il était le plus ferme appui, l'ont surnommé le grand Arnauld. Il est à regretter qu'une ardeur trop vive pour la dispute ait consumé les efforts d'un homme qui aurait pu si bien servir la religion et la science. A la fin de sa vie et pendant son exil, Nicole lui exprimait le désir de se reposer de leurs luttes perpétuelles : « Vous reposer! lui dit-il, eh! n'avez-vous pas pour vous reposer l'éternité entière? » Arnauld a prodigieusement écrit; les divers ouvrages qu'il a publiés ne forment pas moins de 135 vol. On les a réunis en 48 tomes in-8, Lausanne, 1775-83, avec une Vie de l'auteur. Les principaux de ses ouvrages, outre ceux que nous avons déjà cités, sont : la Grammaire générale et raisonnée, faite avec Lancelot, 1660; l’Art de penser, fait avec Nicole, 1662, ouvrages destinés aux écoles de Port-Royal; plusieurs volumes de la Morale pratique des Jésuites, 1669-1694, 8 vol. in 12; Réflexions sur l'éloquence des prédicateurs, 1695; Objections sur les Méditations de Descartes; Des vraies et des fausses idées (contre le système de Malebranche), 1683. On a aussi de lui une Instruction sur la Grâce, ouvrage posthume (1700), qui fut mis à l’Index.

ARNAULD (Angélique), dite la Mère Angélique le Ste-Madeleine, fille de l'avocat et sœur du théologien, 1591-1661, fut abbesse de Port-Royal à 14 ans, se fit de bonne heure remarquer par la force de son caractère, rétablit l'esprit sévère de l'institut de S. Bernard, et dirigea à la fois le monastère des Champs et celui de Paris. Elle laissa une grande réputation de savoir et de piété; mais, dirigée par St-Cyran, elle épousa avec chaleur la cause du Jansénisme. Ses Lettres ont été publiées à Utrecht, 1712. – Elle eut pour coadjutrice la Mère Agnès, sa sœur, 1593-1671, qui eut à subir de dures persécutions pour son attachement au Jansénisme, et à qui l'on doit : l’Image de la religieuse parfaite, 1665, et les Constitutions de Port-Royal. M. P. Faugère a publié un recueil fort intéressant de ses Lettres, 1858. — Leur nièce, la Mère Angélique de St-Jean (1624-1684), a laissé quelques écrits, publiés par D. Clémencet en 1760, et a eu part à la rédaction du Nécrologe de Port-Royal.

ARNAULD DE POMPONNE. V. POMPONNE.

ARNAULT (Ant. Vincent), né à Paris en 1766, mort en 1834, se fit connaître au commencement de la Révolution par des tragédies républicaines, Marius à Minturnes, 1791, Lucrèce, 1792, qui eurent un grand succès, mais il n'en fut pas moins forcé d'émigrer pendant la Terreur. Il s'attacha de bonne heure à Bonaparte, accompagna en Égypte, fut chargé par lui du gouvernement des îles Ioniennes, puis devint conseiller de l'Université. Élu pendant les Cent-Jours membre de la chambre des représentants, il fut exilé par les Bourbons (1816), et ne put rentrer en France qu'en 1819. Admis à l'Institut dès 1799, il en fut exclu à la Restauration à cause de son attachement à l'Empereur, y rentra en 1829 à la faveur d'une nouvelle élection, et devint, en 1833, secrétaire perpétuel de l'Académie française. Ses Œuvres ont été publiés en 8 vol. in-8, Paris, 1824-1827. Outre Marius et Lucrèce, on y remarque Cincinnatus, 1795; les Vénitiens, 1799; le Roi et le laboureur, 1802; enfin, Germanicus, tragédie jouée en 1817 pendant son exil et qui donna lieu à quelques troubles; des poésies diverses, et des fables fort estimées. On a encore de lui une Vie de Napoléon, 1822, et les Souvenirs d'un sexagénaire, 1833. — Son fils (Lucien Émile), 1787-1863, est auteur de plusieurs tragédies : Pertinax, Régulus, Pierre de Portugal, Le dernier jour de Tibère, etc.

ARNAUTES, d'un mot qui signifie vaillant dans la langue du pays, peuple belliqueux qui habite dans les montagnes de l'Albanie et dans la partie de l'Illyrie située au S. de Drino et de Scutari. Ils se donnent à eux-mêmes le nom de Skypétars. Ils servent à recruter la milice des Turcs. -

ARNAY-LE-DUC, ch.-l. de cant. (Côte-d'Or) sur l'Arroux, à 33 N. O. de Beaune; 2274 h. Collége. Coligny y battit en 1570 les Catholiques commandés par le maréchal de Cossé.

ARND (J.), théologien, né à Ballenstadt (Anhalt) en 1555, mort en 1621, ministre de la religion réformée à Quedlinbourg, à Brunswick, à Celle, a composé des écrits pleins d'une piété douce et mystique, qui lui ont valu le surnom de Fénelon de la Réforme. Le plus célèbre est le Vrai Christianisme (en allemand), 1609, trad. en franç. par Beauval.

ARNDT (Ern. Maurice), poëte allemand, né en 1769 à Schoritz (île de Rugen), mort en 1860, fut professeur d'histoire à l'Université de Greifswald (1806), puis à celle de Bonn (1818), et composa plusieurs ouvrages d'histoire estimés; mais il s'est surtout fait connaître par des poésies nationales qui contribuèrent en 1812 à soulever l'Allemagne contre l'influence française et qui furent accueillies avec enthousiasme. Ces poésies, parmi lesquelles on remarque le Chant funèbre de Seckendorf, les Chants guerriers de Blucher, la Patrie de l'Allemand, ont été rassemblés, de 1813 à 1815, sous le titre de Chants de guerre. Persécuté après 1814 comme libéral, il fut destitué et exilé. En 1848' il fut élu député des prov. rhénanes à l'Assemblée nationale de Francfort, mais il y joua un rôle peu important. Il fit paraître en 1855 àBerlin un dernier recueil sous le titre de Poésies spiritualistes.

ARNE (Thomas-Aug.), compositeur anglais, né à Londres en 1708, mort en 1778, fit, pour le théâtre de Drury-Lane, la musique de plusieurs opéras célèbres : la Rosamonde d'Addison, l’Alfred de Thompson et Mallet etc. Il est l'auteur de plusieurs oratorios et du fameux chant national Rule, Britannia (Règne, Angleterre). Son genre est un mélange des styles anglais, écossais et italien.

ARNE MAGNUSSEN, savant islandais, 1663-1730, devint, après avoir fait de nombreux voyages, professeur et bibliothécaire de l'Université de Copenhague. Il a laissé une Chronique des Danois, Leips., 1696. Il avait amassé d'immenses matériaux, pour l'histoire de l'Islande, lorsqu'ils furent détruits par un incendie (1728). Il légua 1800 mss. à l'Université de Copenhague.

ARNHEIM, Arnoldi villa, v. des Pays-Bas, capit. de la Gueldre, sur le Rhin, r. dr., à 75 k. S. E. d'Amsterdam; 10 000 hab. Place forte, dont les fortifications sont dues à Cohorn; pont de bateaux,