Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ABEL - 5 - ABEN

ABDOULMEDJID, sultan, né en 1823, m. en 1861 ; succéda à 16 ans à Mahmoud, son père, au moment où Ibrahim Pacha marchait sur Constantinople, et ne dut qu’à l’intervention européenne le maintien de l’intégrité de son empire (traités du 15 juillet 1840 et du 13 juillet 1841) ; poursuivit, mais sans violences, les réformes commencées par son père ; accorda à tous ses sujets, sans distinction de religion, par le hatti-chérif de Gulhané (3 nov. 1839) et le hatti-houmaioum du 18 févr. 1836, des garanties pour leur vie, leur fortune et leur liberté, et créa le conseil du tanzimat, chargé d’appliquer et d’étendre ces réformes ; eut à réprimer de nombreuses insurrections ; refusa en 1835 de céder au prince Menzikoff au sujet de la protection par la Russie des lieux saints et des sujets grecs de l’emp. ottoman, et soutint, avec l’appui de la France et de l’Angleterre, la guerre d’Orient, qui se termina par le traité de Paris (1856).

ABEL, nom commun à plusieurs villes de Palestine et de Syrie : ABEL DE LYSANIAS, Abila Lysaniæ, en Cœlésyrie, au N. O. de Damas, qui tirait son nom d’un de ses tétrarques ; ABEL-MECHOLA, dans la demi-tribu de Manassé en deçà du Jourdain, etc.

ABEL, 2e fils d’Adam, était pasteur. Il fut tué par son frère Caïn, jaloux de ce que ses offrandes étaient mieux accueillies de Dieu que les siennes. Il y a sur la Mort d’Abel un poème de Gessner et une tragédie de Legouvé.

ABEL, roi de Danemark, monta en 1250 sur le trône après avoir assassiné dans un repas Éric VI, son frère aîné. Les Frisons se révoltèrent contre lui, et, l’ayant vaincu, le mirent à mort en 1252.

ABEL (Nic.-H.), géomètre suédois, 1802-1829, coopéra au journal mathématique que Crelle publiait à Berlin, et rédigea, sur les plus hautes questions de mathématiques transcendantes, des mémoires encore admirés des juges compétents ; mais il fut méconnu dans son propre pays et mourut misérable, à l’âge de 27 ans. Ses écrits français ont été publiés à Christiania, en 1839.

ABÉLARD (Pierre), Abælardus, né au bourg de Palais, près de Nantes, en 1079, d’une famille noble, reçut les leçons du célèbre Guillaume de Champeaux, et devint bientôt le rival de son maître. Dès l’âge de 22 ans il ouvrit une école. Il enseigna avec le plus grand succès la rhétorique et la philosophie scolastique, à Melun, à Corbeil et enfin à Paris, où il attira plus de 3 000 auditeurs ; il attaqua dans ses leçons avec une grande force de logique la doctrine du réalisme qu’enseignait Guillaume de Champeaux, ainsi que le nominalisme qu’avait professé Roscelin, et y substitua un système de conceptualisme qui gardait le milieu entre les deux doctrines opposées. Il commença assez tard à étudier la théologie ; mais il obtint bientôt dans l’enseignement de cette science le même succès que dans ses leçons sur la philosophie. Le chanoine Fulbert l’ayant choisi pour donner des leçons à sa nièce Héloïse, il conçut pour son écolière une vive passion, l’enleva et la conduisit en Bretagne, où elle lui donna un fils qu’il nomma Astrolabius. Pour réparer ses torts, il l’épousa secrètement ; mais Fulbert, peu satisfait de cette réparation, le fit surprendre dans son lit au milieu de la nuit et le fit mutiler. Abélard alla cacher sa honte dans l’abbaye de Saint-Denis et y prit l’habit de religieux, pendant qu’Héloïse prenait le voile au couvent d’Argenteuil. Néanmoins, au bout de quelque temps il sortit de sa retraite à la sollicitation de ses disciples et rouvrit une école. Il attira de nouveau une foule d’auditeurs ; mais sa présomption et la hardiesse avec laquelle il appliquait la philosophie à la théologie le firent bientôt tomber dans de graves erreurs : un traité de la Trinité qu’il venait de composer fut dénoncé comme entaché d’hérésie et condamné par le concile de Soissons en 1122. Il se retira à Nogent-sur-Seine et fit bâtir près de cette ville, sous le nom de Paraclet, un oratoire où plus tard il établit Héloïse ainsi que les religieuses qui étaient sous sa conduite. Ayant été nommé peu après abbé de St. Gildas de Ruys, près de Vannes, il chercha à réformer les moines de son abbaye, mais il ne réussit qu’à s’attirer de nouvelles difficultés. Accusé une seconde fois d’hérésie, il fut condamné en 1140 par le concile de Sens : il eut à ce concile pour adversaire le célèbre S. Bernard. Abélard voulait aller se justifier à Rome ; mais, en passant par Cluny, il se lia étroitement avec l’abbé de ce monastère, Pierre le Vénérable, qui le détermina à prendre l’habit de son ordre et le réconcilia avec le St-Siége et avec S. Bernard. Il consacra le reste de sa vie à des exercices de piété, et mourut en 1142. Abélard avait cultivé tous les genres de littérature et de science qui étaient en honneur de son temps. Des nombreux écrits qu’il avait composés, plusieurs se sont perdus, et ceux qui subsistent n’ont été publiés que fort tard. Le conseiller Franç. d’Amboise a fait imprimer en 1616, sous le titre de P. Abælardi et Heloisæ Opera, en 1 vol. in-4, l’Introductio ad Theologiam et plusieurs lettres d’Héloïse et d’Abélard. On trouve sa Theologia christiana dans le Thesaurus de Martenne, et un traité de morale intitulé Scito te ipsum dans le Thesaurus de B. Pez. M. Cousin a publié en 1836, dans les Documents inédits sur l’histoire de France, un vol. in-4 d’œuvres inédites d’Abélard : on y trouve sa Dialectica et le Sic et Non, où est exposé le pour et la contre sur les principaux points de théologie (ce dernier ouvrage a été donné plus complétement par Henke, à Leipsick, en 1851). M. Cousin a en outre publié à ses propres frais, avec le concours de M. Ch. Jourdain, une édition complète de ses autres Œuvres, éparses jusque-là (2 vol. in-4, 1849 et 1859). On a souvent imprimé séparément les lettres d’Abélard et d’Héloïse (en latin) ; la meilleure édition est celle de Rawlinson, Londres, 1718. On en a plusieurs traductions françaises, entre autres celle de dom Gervaise, avec le texte latin, Paris, 1723, et celle de M. E. Oddoul, faite sur les manuscrits, 1837. Ces lettres ont aussi été souvent imitées et paraphrasées : on connaît la belle imitation de Pope, mise en vers français par Colardeau. La Vie d’Abélard a été écrite par dom Gervaise, 1722. M. Ch. de Rémusat a donné en 1845 : Abélard, sa vie et ses doctrines, 2 vol. in-8. Abélard a laissé lui-même d’intéressants détails sur sa vie dans ses Lettres et dans son Historia calamitatum.

ABELIN (J. Ph.), historien, né à Strasbourg, mort en 1646, est auteur du Théâtre européen, en allemand, vaste compilation en 12 vol., qui contient l’histoire de l’Europe de 1617 à 1628 (il n’en adonné lui même que les premiers volumes) ; d’une Description de la Suède (1632), d’une Chronique historique et d’une Histoire des Antipodes, description des Indes occidentales. Il a coopéré au Mercurius Gallo-Belgicus, à l’Histoire des Indes orientales, etc. Il a publié la plupart de ses écrits sous le pseudonyme de J. L, Gottfried ou Gothofridus.

ABELLA, v. de Campanie, auj. Avella-Vecchia.

ABELLINUM, v. du Samnium, auj. Avellino.

ABELLINUM MARSICUM, v. de Lucanie, auj. Marsico Vetere.

ABELLY (L.), théologien français, né en 1603, mort en 1691, fut curé de St-Josse à Paris, puis évêque de Rhodez. Il avait été le confesseur de Mazarin. Il est auteur d’une Vie de S. Vincent de Paul, estimée, de la Couronne de la Vie chrétienne, d’un Enchiridion ou Manuel de piété et, d’un traité intitulé Medulla theologica, la Moelle Théologique. Il n’est guère connu auj. que par un vers de Boileau qui, par allusion à ce dernier écrit, le nomme dans le Lutrin (chant IV), le moelleux Abelly.

ABEN, mot qui dans les langues sémitiques (hébreu, syriaque, arabe, etc.) veut dire fils, fait partie d’un grand nombre de noms propres, comme Aben-Esra, Aben-Zoar, etc. Aven, Ben, Ebn, Ibn n’en sont que des corruptions. Cherchez par Aven ou par Ben les personnages qui ne seraient pas ici.