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Græca en latin moderne ; v. de la Servie, capit. de cette principauté, à 800 kil. N. O. de Constantinople, sur la riv. droite du Danube, près de son confluent avec la Save ; 30 000 hab. Port ; deux citadelles, et autres ouvrages qui pourraient en faire une des places les plus fortes de l'Europe. Archevêché grec et évêché catholique ; cour d'appel et de cassation. Quelques monuments, mais qui sont en ruines (palais du prince, plusieurs églises et mosquées, arsenal, etc.). Tapis, armes, étoffes de soie, de coton, tanneries ; grand commerce. — B. a été plusieurs fois prise et reprise : en 1521, par Soliman II, sous Charles-Quint; en 1688, par le duc de Bavière pour l'Autriche ; en 1690, par les Turcs ; en 1717, par le prince Eugène (l'année suiv. le traité de Passarovitz la donna à l'Autriche, qui la perdit en 1739); en 1789, par Laudon (elle fut rendue à la Turquie en 1791); en 1806, par Czerni George, qui commandait les Serviens insurgés ; elle fut reprise en 1813 par les Turcs, qui la possèdent encore. Ses fortifications étaient alors peu de chose ; mais en 1820 elles devinrent plus formidables que jamais. — Il fut signé à Belgrade en 1739 un traité par lequel la Turquie victorieuse se fit rendre les conquêtes faites par l'Autriche et la Russie (Valachie, Moldavie, Servie, etc.) et obligea la Russie à renoncer à la navigation de la mer Noire.

BELIAL, idole des Phéniciens, adorée surtout à Sidon (et mentionnée dans la Bible [Juges, XIX, 22 ; Rois, I, 2, 12], est sans doute le même dieu que Baal. On donne souvent ce nom au démon.

BÉLIDES, c.-à-d. fils de Bélus, nom patronymique des Danaïdes, de Lyncée, de Palamède, et de plusieurs rois d'Argos, descendants de princes grecs du nom de Bélus.

BÉLIDOR (Bernard FOREST de), ingénieur français, né en 1697 en Catalogne, mort en 1761, était fils d'un officier français mort en Espagne. Il servit avec distinction, et fut, après plusieurs campagnes, nommé professeur à l'école d'artillerie de La Fère, puis inspecteur général des mineurs de France. On a de lui, outre un Cours de mathématiques à l'usage de l'artillerie, la Science des ingénieurs, 1729 ; le Bombardier français, 1731 ; un Traité des fortifications, 1735 ; l’Architecture hydraulique, 1737 (son meilleur ouvrage, réimprimé avec additions, par Navier. 1819), et un Dictionn. de l'ingénieur, 1758. Ses ouvrages furent longtemps classiques. Bélidor était membre des Académies des sciences de Paris et de Berlin.

BELIN, ch.-l. de cant. (Gironde), à 42 kil. S. O. de Bordeaux ; 261 hab. — C'est aussi le nom d'un petit pays de l'anc. Maine où se trouvaient Écomoy, Laigné-en-Belin, Moncé-en-Belin, St-Ouen-en-Belin.

BELIN DE BALLU (Jacq. Nic.), savant helléniste, né à Paris en 1753, occupait une charge de conseiller à la Cour des Monnaies. Il fut après la Révolution professeur de langues anciennes à Bordeaux, puis directeur du prytanée de St-Cyr (1800), mais il quitta ces fonctions pour aller occuper une chaire de littérature grecque à Charkov en Russie. Il mourut à Pétersbourg en 1815. Il avait été admis en 1787 à l'Académie des inscriptions. Ses principaux ouvrages sont : Oppiani poemata de Venatione et Piscatione, cum interpretatione latina et scholiis, Strasbourg, 1785 (il n'a paru que le De Venatione); la Chasse, poëme d'Oppien, trad. en français, 1788 ; Œuvres de Lucien, en français, avec notes historiques, littéraires et critiques, 1788, 6 vol in-8 (traduction exacte, mais qui laisse à désirer pour le style); Histoire critique de l'Éloquence chez les Grecs et les Romains, 1803, 2 vol. in-8 (ouvrage estimé).

BÉLISAIRE, général de Justinien, né vers 490, dans la Dardanie, fit d'abord partie de la garde de l'empereur, se signala dans la guerre contre les Perses, qu'il força à faire la paix (532), passa en 533 en Afrique pour combattre les Vandales, vainquit à Tricaméron Gélimer leur roi, leur enleva Carthage et les chassa pour jamais de l'Afrique ; se rendit ensuite en Sicile, reprit sur les Goths Catane, Palerme, Syracuse ; pénétra en Italie, enleva aux Goths Naples et Rome après un long siége ; poursuivit Vitigès leur roi jusqu'à Ravenne où il s'était réfugié, le fit prisonnier et l'emmena à Constantinople (540); puis, retournant en Perse, arrêta les progrès de Chosroès en Asie-Mineure (543). Rappelé de nouveau en Italie par les succès de Totila, il reprit Rome, dont ce conquérant s'était emparé (547); mais le manque de troupes le força bientôt à abandonner ses conquêtes. Il reprit les armes après douze ans pour repousser les Bulgares, qui menaçaient Constantinople (559). Malgré ses services, Bélisaire fut, à la fin de sa vie, accusé de conspiration et disgracié ; toutefois l'empereur reconnut son innocence et lui rendit sa faveur. Il mourut en 565. Selon une tradition, fort répandue, et que Marmontel a suivie dans son Bélisaire, ce grand général aurait eu les yeux crevés et aurait été réduit à mendier sa vie ; mais il paraît que ses infortunes sont une fable inventée au XIIe s. par le conteur Tzetzès. Bélisaire eut le malheur d'avoir pour femme Antonine, amie de l'impératrice Théodora et aussi dissolue qu'elle, dont il fut obligé de châtier les débordements et qui, par ses intrigues, amena sa disgrâce. Procope, qui a écrit l'histoire de ses campagnes, avait servi sous lui.

BÉLISE ou BALISE. V. BALISE.

BELL (André), fondateur de l'enseignement mutuel en Europe, né à St-André en Écosse en 1753, mort en 1832, était ministre de l'église anglicane et chapelain à Madras. Ayant trouvé dans l'Inde la pratique de l'enseignement mutuel, il en fit l'application avec succès dans une école de Madras, de 1790 à 1795. De retour à Londres, il y fit connaître les résultats qu'il avait obtenus, dans un ouvrage intitulé : Expériences sur l'éducation faite à l'école des garçons à Madras, 1798. J. Lancaster, maître d'école à Londres, se hâta d'adopter le nouvel enseignement, et disputa à Bell la priorité de sa découverte.

BELL (John), chirurgien écossais, né à Édimbourg en 1762, mort à Rome en 1820, enseigna avec éclat l'anatomie à Édimbourg. C'était un des plus habiles praticiens de son temps. Il a donné, avec son frère Charles Bell, plusieurs traités d'anatomie qui ont fait avancer la science ; les principaux sont : Anatomie du corps humain, Édimbourg, 1792-1802, et Principes de chirurgie, 1801-1803; Anatomie expressive, 1806-1844, à l'usage des artistes.

BELL (Charles), frère du précéd., 1774-1842, se distingua d'abord comme chirurgien militaire, professa la physiologie à l'Université de Londres dès sa fondation, et alla en 1836 à Édimbourg pour occuper la chaire d'anatomie qu'avait illustrée son frère. Il coopéra à plusieurs ouvrages de John Bell, et publia lui-même un Système de chirurgie opératoire, 1807. C'est lui qui découvrit que les racines antérieures de la moelle épinière servent au mouvement et les racines postérieures à la sensibilité, découverte capitale, qu'il consigna dans son Exposition of the natural system of the nerves, publ. à Londres en 1824, et traduit par J. Genest dès 1825.

BELL (H.), habile mécanicien, né en Écosse en 1767, mort en 1830, est le premier qui ait appliqué avec succès en Angleterre la vapeur à la navigation. Il fit ses premiers essais en 1812 à. Helensburgh (près de Dumbarton), où il demeurait. Jouffroy, en France, et Fulton, en Amérique, avaient déjà fait en 1807 des expériences du même genre.

BELLAC, ch.-l. d'arrond. (Hte-Vienne), à 37 kil. N. O. de Limoges ; 2930 hab. Chapeaux, tanneries.

BELLAMY (miss Anna), tragédienne anglaise, née à Londres en 1731, morte vers 1788, était fille naturelle de lord Tirawley. Elle obtint les plus grands succès sur la scène, en même temps que Garrick et Kean. Forcée par un accident funeste de quitter le théâtre, elle publia ses Mémoires, qui eurent une grande vogue et furent traduits par Benoist, 1799.

BELLARMIN (Robert), savant théologien, de l'ordre des Jésuites, né en 1542 à Montepulciano en