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marais; une partie des côtes est même au-dessous du niveau de la mer, ce qui exige d'immenses digues. Un grand nombre de rivières arrosent la Belgique : l'Escaut, dont les principaux affluents sont la Scarpe et la Lys; la Meuse, qui reçoit la Sambre et l'Ourthe; la Dyle, la Senne, la Dendre, etc. Nombreux canaux, parmi lesquels on distingue ceux de Bruges, d'Anvers, de Louvain, de Malines, de Bruxelles, de Charleroi. Nombreux chemins de fer : lignes du Nord, conduisant à Anvers; de l'O., à Ostende par Gand et Bruges; du S., continuant notre chemin du N. et conduisant à Bruxelles et Mons; de l'E., conduisant en Prusse par Louvain, Liége et Verviers. Le sol, maigre dans les prov. de Liége et de Limbourg, est très-fertile dans les Flandres et le Hainaut et bien cultivé; l'industrie bien développée : très-belles toiles, sucre, eau-de-vie, genièvre, tabac, bière, colle forte, produits chimiques teintureries, impressions sur tissus, fonderies, machines à vapeur, nombreuses imprimeries et librairies (d'où sortirent, jusqu'au traité de 1854, d'innombrables contrefaçons), immense exploitation de houilles à Mons, Charleroi, Huy, Liége, Namur; fabriques d'armes (surtout à Liége), nombreuses forges et usines de toute espèce. — Le gouvernement est une monarchie héréditaire et constitutionnelle, avec deux assemblées électives (sénat et chambre des représentants). L'enseignement est libre; cependant l’État entretient des universités à Gand et à Liége; à côté d'elles s'élèvent les universités libres de Louvain et de Bruxelles. Les habitants vivent en général dans l'aisance, malgré la forte population. Le Belge ressemble beaucoup au Français du Nord. Le flamand est parlé par le peuple ; mais la seule langue de la bonne société est le français. La religion est le Catholicisme.

Histoire. Les Belges, qui paraissent être originaires de la Germanie, vinrent à une époque inconnue occuper la partie N. E. des Gaules, précédemment habitée par les Celtes. Lors de la conquête des Gaules, ce furent les Belges, et parmi eux les Nerviens, qui opposèrent à César la plus vive résistance (57-54 av. J.-C.). Drusus, Germanicus, Caligula furent plusieurs fois obligés de conduire leurs armées en Belgique pour maintenir dans la soumission ce peuple indocile et remuant. Ce fut par la Belgique que les Francs, sous Clodion, commencèrent la conquête des Gaules ; leur première capitale fut Tournay. Au VIe siècle, la Belgique faisait partie du royaume d'Austrasie; au VIIIe la famille des Héristal, sortie des pays belges de Liége et de Namur, y fonda la puissance des Carlovingiens. Vers le même temps, du VIIe au VIIIe siècle, le Christianisme y fut établi par les efforts de S. Amand, S. Remacle, S. Bavon, etc. Après la mort de Louis le Débonnaire, la Belgique fut comprise dans le royaume de Lotharingie; et quand celui-ci, devenu duché de l'empire germanique, eut été partagé en Haute et Basse-Lorraine, la Belgique entra presque tout entière dans cette dernière, dont elle forma la partie principale (la Flandre seule jusqu'à l'Escaut était au royaume de France). Le duché de Basse-Lorraine se morcela ensuite en Brabant, Hainaut, Luxembourg, Limbourg, Artois, Flandre, Malines, Anvers, évêché de Liége, etc., tous fiefs de l'Empire. Au XVe siècle, la plus grande partie de ces fiefs fut réunie dans les mains des ducs de Bourgogne, Philippe le Bon et Charles le Téméraire. Le mariage de Marie de Bourgogne, fille de ce dernier, avec Maximilien d'Autriche, les fit passer dans la maison d'Autriche. Charles-Quint, en y joignant de nouvelles acquisitions, en composa les dix-sept provinces qui furent nommées Cercle de Bourgogne, et qui relevèrent de l'Empire, tout en appartenant, depuis 1556, à la ligne espagnole de la maison d'Autriche. Lors de l'insurrection qui enleva sept de ces provinces à l'Espagne et à l'Empire ainsi qu'au Catholicisme (V. PAYS-BAS et HOLLANDE), et qui donna naissance à la République des Provinces-Unies (1566-1609), les provinces qui répondaient à la Belgique actuelle restèrent fidèles à la maison espagnole. Elles furent gouvernées successivement au nom de l'Espagne par le duc d'Albe, par Requesens, don Juan d'Autriche, Alexandre Farnèse, le comte de Mansfeld, les archiducs Ernest et Albert. Elles passèrent à la maison d'Autriche en 1714 par les traités de Rastadt et de Bade. Elles se soulevèrent en 1789 contre l'Autriche, qui avait violé leurs privilèges, mais furent aussitôt comprimées. En 1792 la France, ayant déclaré la guerre à l'empereur François II, envahit la Belgique : dès 1795, cette contrée était totalement conquise. Déclarée possession française en 1801, elle forma alors 9 départements (Dyle, Escaut, Forêts, Jemmapes, Lys, Meuse-Inférieure, Deux-Nèthes, Ourthe et Sambre-et-Meuse). Après la chute de Napoléon, en 1814, la Belgique, conjointement avec les provinces hollandaises, fut érigée en royaume particulier sous le nom de Royaume des Pays-Bas, et donnée à Guillaume, prince d'Orange-Nassau, fils du dernier stathouder, qui prit le nom de Guillaume I. Enfin, en 1830, les provinces hollandaises et belges se séparèrent d'une manière violente, et les deux peuples se battirent avec acharnement. Après de longues conférences tenues à Londres, et grâce à l'intervention de la France (juillet 1831), la Belgique fut reconnue indépendante. La même année, les deux chambres, par un votre libre, décernèrent à Léopold I, prince de Saxe-Cobourg, la couronne, qu'elles avaient d'abord offerte au duc de Nemours, 2e fils de Louis-Philippe. Ce n'est néanmoins qu'en 1839, après le traité de paix conclu entre la Hollande et la Belgique et le partage du Luxembourg et du Limbourg, que ce royaume a été définitivement reconnu par toutes les puissances de l'Europe. Il a été en même temps déclaré état neutre.

BELGIQUE ANCIENNE, Belgica. Les limites de la Belgique sous les Romains ne coïncidaient point avec celles de la Belgique actuelle. Cette contrée, la plus septentrionale des quatre grandes divisions de la Gaule Transalpine, comprenait au temps de César tous les pays qui se trouvent entre le Rhin, la mer du Nord, la Seine et la Marne. Sous Adrien, on y adjoignit même les Sequani, les Helvetii et les Lingones. On la divisa alors en 4 provinces : Belgique 1re au N. O. et Belgique 2e au centre, Germanie 1re au N. et Germanie 2e à l'E. — La Belgique 1re, entre la Germanie 2e au N., la Germanie 1re à l'E., la Belgique 2e à l'O., la Lyonnaise et la Séquanaise au S., était divisée en 4 territoires : Leuci, Veroduni, Mediomatrices, Treviri, lesquels répondent aux départements des Vosges, de la Meurthe, de la Moselle, de la Meuse, et une partie de la Prusse rhénane; ch.-l., Civitas Trevirorum (Trêves). — La Belgique 2e, entre la mer (Manche et mer du Nord) et la Belgique 1re, comprenait onze peuples principaux : Nervii, Morini, Atrebates, Ambiani, Bellovaci, Veromandui, Silvanectes, Viducasses, Suessiones, Remi, Catalauni; ce sont aujourd'hui : la Flandre orientale et occidentale, le Hainaut et les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de l'Oise, de l'Aisne, de la Marne et de l'Aube; ch.-l., Civitas Remorum (Reims). — Pour les 2 Germanies, V. ces noms.

BELGIUM. César nomme ainsi un district particulier de la Belgique, composé du territoire des Ambiani, des Atrebates, et des Bellovaci. C'est là que s'établit primitivement le peuple belge, qui étendit ensuite son nom à une grande partie de la Gaule.

BELGIUS, général gaulois, fit une expédition en Macédoine vers l'an 279 av. J.-C., battit les troupes de Ptolémée Céraunus, fit ce prince prisonnier et le mit à mort. On croit qu'il retourna dans la Gaule après cette victoire. Brennus était un de ses lieutenants.

BELGODÈRE, ch.-l. de cant. (Corse), à 19 kil. E. de Calvi; 1001 hab.

BELGOROD, v. de Russie (Koursk), à 110 kil. S. de Koursk; 11 000 hab. Foires très-fréquentées.

BELGRADE (c.-à-d., dans la langue du pays, Ville blanche), Singidunum ou Taurunum des Lat. ? Alba