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Hélène, où il fut son plus intime confident et son secrétaire, et ne le quitta qu’après lui avoir fermé les yeux. Il avait été condamné à mort par contumace en 1816 : à son retour de Ste-Hélène (1821), Louis XVIII annula la peine et lui rendit ses grades. Élu en 1830 député de Châteauroux, il se montra le zélé défenseur de l’ancienne armée et en même temps de la liberté illimitée de la presse. Il accompagna en 1840 le prince de Joinville à Ste-Hélène et rapporta en France avec lui les restes de l’Empereur. Ses propres restes ont été déposés aux Invalides, auprès de ceux de Napoléon ; Châteauroux lui a élevé une statue (1854). Ses fils ont publié en 1847 les Campagnes d’Égypte et de Syrie (2 v. in-8 et atlas), qu’il avait écrites à Ste-Hélène, sous la dictée de Napoléon.

BERTRAND (le Dr Alexandre), né à Rennes en 1795, mort en 1831, étudia la médecine à Paris après avoir passé par l’École polytechnique. Observant en philosophe les curieux phénomènes du magnétisme et du somnambulisme, il les rapporta à un état particulier qu’il nommait extase, et tenta d’expliquer avec leur secours des faits extraordinaires attribués jusque-là soit à une intervention surnaturelle, divine ou diabolique, soit à la jonglerie. Il écrivit dans ce but plusieurs ouvrages : Traité du somnambulisme, 1823 ; du Magnétisme en France, 1826 ; de l’Extase, 1829. On a aussi de lui des Lettres sur les révolutions du globe, 1824, et des Lettres sur la physique, 1825, où il s’attache à mettre les résultats de la science à la portée des gens du monde. Bertrand avait été un des fondateurs du Globe.

BERTUCH (Fréd. Justin), compilateur allemand, né à Weimar en 1748, mort en 1822, fut d’abord précepteur chez le baron d’Echt, puis secrétaire, et enfin conseiller de légation du duc de Saxe-Weimar. On lui doit de bonnes traductions d’ouvrages français et espagnols, notamment du Don Quichotte ; la publication de la Bibliothèque bleue (1790-1800), recueil de contes de fées, qui obtint une immense popularité ; le Bilderbuch ou livre d’images, (1790-1815), vaste collection d’estampes avec un texte instructif à l’usage des enfants (ce livre a été mis en latin sous le titre de Novus orbis pictus). Bertuch fonda avec Wieland le Journal général de littérature, 1784 ; avec Kraus, le Journal du luxe et des modes, 1786 ; et avec le baron de Zach, l’Institut géographique de Weimar.

BÉRULLE (Pierre de), cardinal, né en 1574 au château de Sérilly près de Troyes, mort en 1629, établit en France, en 1611, l’ordre des Carmélites et la congrégation de l’Oratoire, malgré les obstacles de toute espèce qui lui furent opposés. Jouissant de toute la confiance de Louis XIII et de la reine mère, il fut chargé de plusieurs négociations importantes, notamment de solliciter à Rome une dispense pour le mariage d’Henriette de France avec le prince de Galles, qui était anglican. Il mourut subitement en célébrant la messe. Il avait été nommé cardinal 2 ans auparavant. Protecteur des lettres, il encouragea Descartes et favorisa la publication de la Bible polyglotte de Lejay ; il a lui-même laissé d’excellents écrits (publ. par le P. Bourgoing, 1644, 2 vol. in-fol. et à Montrouge, 1856). M. Nourrisson a donné le Cardinal de Bérulle, sa Vie et ses Écrits, 1856.

BERVIC (Charles Clément BALVAY, dit), graveur en taille-douce, né à Paris en 1756, mort en 1822, a relevé, par la pureté de son goût et la sévérité de son dessin, l’art de la gravure, qui depuis un siècle était tombée en décadence. On estime surtout de lui S. Jean dans le désert, d’après Raphaël ; l’Éducation d’Achille, de Regnault ; l’Enlèvement de Déjanire, du Guide, qui obtint en 1810 le prix décennal. Il fut admis à l’Institut en 1803.

BERWICK, comté d’Écosse, entre ceux d’Haddington, Roxburgh, Édimbourg, Selkirk ; 53 kil. sur 31 ; 34 780 hab. ; ch.-l. Greenlaw. Ce comté répond en partie à l’anc. prov. romaine de Valentia.

BERWICK, autrefois Tuesis, v. et port d’Angleterre (Northumberland), à 90 kil. S. E. d’Édimbourg, à l’emb. de la Tweed, ce qui l’a fait nommer Berwick-sur-Tweed ; 15 000 hab. Grande et bien bâtie. Beau pont de six arches, hôtel de ville, casernes, chemin de fer. Grande pêcherie de saumons, importation de bois de construction de la Norvége. Après, avoir longtemps appartenu à l’Écosse et avoir subi plusieurs sièges cette v. fut cédée à l’Angleterre en 1502.

BERWICK (NORD-), v. d’Écosse (Haddington), à 12 kil. N. E. d’Haddington, à 50 kil. N. O. de Berwick-sur-Tweed ; 1800 hab. Station de chemin de fer.

BERWICK (Jacques FITZ-JAMES, duc de), maréchal de France, né en 1670, mort en 1734, était fils naturel du duc d’York (depuis Jacques II). Il fit ses premières armes en Hongrie, et assista au siége de Bude en 1686. Il prit après la révolution de 1688 une part très-active à toutes les tentatives qui furent faites pour replacer son père sur le trône, se fit naturaliser Français quand sa cause fut désespérée, servit sous Luxembourg et Villeroi, et développa de grands talents militaires. Louis XIV lui confia en 1704 le commandement des troupes françaises en Espagne ; l’année suivante il l’envoya contre les Camisards du Languedoc. Créé maréchal en 1706 et envoyé de nouveau en Espagne, il gagna en 1707 la bataille d’Almanza, qui rendit à Philippe V royaume de Valence ; en 1714, il prit Barcelone. La guerre s’étant rallumée en 1719, il enleva aux Espagnols Fontarabie, Urgel et St-Sébastien. En 1733, il reçut le commandement de l’armée du Rhin, et fit le siège de Philipsbourg ; il y fut tué d’un boulet de canon. Berwick est placé comme général à côté de Villars et de Catinat. Margon avait publié en 1737, sous le titre de Mémoires du marécha1 de Berwick, un ouvrage informe ; mais le duc de Fitz-James, petit-fils du maréchal, a donné ses véritables Mémoires, revus par l’abbé Hook, 1778.

BÉRYTE, Berytus, auj. Baïrout ou Beyrouth, v. de Phénicie, sur la côte, au N. de Sidon. Colonisée sous Auguste, elle reçut le nom de Julia Augusta Felix. À partir du IIIe siècle elle eut une école de droit fameuse qui subsista jusqu’au VIe siècle. Dévastée en 384 et 554 par des tremblements de terre. Patrie de l’historien Sanchoniathon. — Pour la v. actuelle, V. BEYROUTH.

BERZÉLIUS (Jacq.), célèbre chimiste suédois, né en 1779 près de Linkœping (Ostrogothie), mort en 1848, était fils d’un maître d’école. Il étudia d’abord la médecine, fréquenta en même temps le laboratoire de chimie d’Afzelius et y prit un goût décidé pour la chimie ; se fit connaître dès 1800 par des observations sur les eaux minérales de Medevi (1800), publia bientôt après des Recherches sur les effets du galvanisme (1802), fut en 1804 nommé professeur à l’École de médecine de Stockholm, commença en 1806, avec Hisinger, la publication de Mémoires relatifs à la physique, à la chimie et à la minéralogie ; fut en 1808 admis à l’Académie de Stockholm, devint en 1818 le secrétaire perpétuel de cette compagnie, et reçut du roi Charles-Jean (Bernadotte) des titres de noblesse en récompense des services qu’il avait rendus à la science. Désirant se livrer tout entier à ses recherches expérimentales, il renonça en 1832 aux fonctions de l’enseignement. Berzélius fut le premier analyste du siècle : outre un nombre immense d’analyses faites avec la plus grande précision, on lui doit la découverte de plusieurs corps simples (cerium, selenium, zirconium, thorinium), la connaissance des combinaisons du soufre avec le phosphore, l’étude du fluor et des fluorures, la détermination d’un grand nombre d’équivalents chimiques. Il fut presque le créateur de la chimie organique. Philosophe aussi bien qu’expérimentateur, il consolida la théorie atomistique ainsi que celle des proportions chimiques ; il inventa et fit admettre universellement, pour exprimer la composition des corps, des formules chimiques analogues aux formules algébri-