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d'avoir gagné jusqu'à 50 000 fr. par an. Boucher peint avec grâce, mais on l'accuse justement d'avoir corrompu l'art et d'avoir introduit un genre fade et maniéré. Ses tableaux, qui ne représentent que des amours et des bergers ou des scènes de plaisirs, trahissent le mauvais goût et les mœurs relâchées de l'époque. Cependant on estime son Bain de Diane (au Louvre).

BOUCHER D'ARGIS (Antoine Gaspard), avocat, né en 1708, mort en 1780, fut conseiller au conseil souverain de Dombes en 1753, puis au Châtelet de Paris. Il a laissé un grand nombre de traités de jurisprudence et a publié les Règles pour former un avocat, de Biarnoy de Merville, en les retouchant et y joignant une Histoire abrégée de l'ordre des avocats. — Son fils, A. J. Boucher d'Argis, né à Paris en 1750, fut aussi conseiller au Châtelet et mourut sur l'échafaud révolutionnaire. Il a laissé des Observations sur les lois criminelles, 1781, ouvrage plein de vues philanthropiques, et un Recueil d'ordonnances en 18 vol. in-32.

BOUCHERAT (Louis), magistrat, né à Paris en 1616, mort en 1699, fut, sous Louis XIV, intendant de Guyenne, de Languedoc, de Picardie, de Champagne, commissaire du roi aux États de Bretagne, membre du conseil des finances, et fut nommé chancelier de France à la mort de Letellier, 1685. Il eut à mettre à exécution l'édit sur la révocation de l'édit de Nantes, que son prédécesseur venait de signer. Il laissa du reste une grande réputation d'intégrité. Une rue de Paris (au Marais) porte son nom.

BOUCHES. Sous le 1er Empire, on appela : Bouches-de-l'Elbe un dép. formé de la ville et au territoire de Hambourg, et de petites parties du Hanovre, du Brunswick et du Lauenbourg; ch.-l., Hambourg; — Bouches-de-l'Escaut un dép. formé de la Zélande; ch.-l., Middelbourg; — Bouches-de-la-Meuse un dép. comprenant à peu près le N. de la Zélande et le S. de la Hollande-, ch.-l., La Haye; — Bouches-du-Rhin un dép. formé du Brabant oriental; ch.-l., Bois-le-Duc ; — Bouches-du-Weser un dép. formé de la ville de Brême et de parties du duché de Brême, de l'Oldenbourg et du Hanovre; ch.-l., Brême ; — Bouches-de-l'Yssel un dép. formé de l'Over-Yssel; ch.-l., Zwoll.

BOUCHES-DU-RHÔNE (dép. des), dép. maritime de la France, entre ceux du Gard à l'O. et du Var à l'Est, celui de Vaucluse au N., et la Méditerranée au S.; 6020 kil. carrés; 507 112 hab.; ch.-l., Marseille. Il est formé d'une partie de l'anc. Provence; il comprend le Delta du Rhône ou île de la Camargue, et renferme les étangs de Berre, Galéjon, Ligagnau. Landré, Baux, Mévrane, Valcarès. Sol varié, stérile dans certaines portions (plaine de la Crau), mais en général fertile : forêts, pâturages, beau riz, tabac, garance, fruits en abondance, vins exquis. Houille, albâtre, marbre, plâtre, grès, terre à creusets, à poterie. Mérinos, chèvres, abeilles. Industrie active : huiles fines renommées, soude, savon, soie, eaux-de vie, parfums, essences, préparation de comestibles, saucissons recherchés, etc. Forges, martinets, usines diverses. Grand commerce. — Le dép. comprend 3 arr. (Marseille, Aix, Arles), 27 cantons, 106 communes; il dépend de la 9e division militaire, de la cour impériale et de l'archevêché d'Aix.

BOUCHET (Jean), écrivain du XVe siècle, né à Poitiers en 1476, mort vers 1550, exerçait la profession de procureur. Il composa un grand nombre d'ouvrages singuliers en vers et en prose, qui sont encore recherchés des bibliographes. Tels sont : les Regnards traversant les voies périlleuses de ce monde; l'Amoureux transy, sans espoir; le Labyrinthe de fortunes. On a aussi de lui des ouvrages historiques: Annales d'Aquitaine, Antiquités du Poitou, Généalogie des rois de France, Panégyrique du Chevalier sans reproche (L. de La Trémoille). Il est le 1er qui ait fait alterner les rimes masculines et féminines.

BOUCHIR, v. de Perse. V. ABOUCHER.

BOUCHOTTE (J. B. Noël), né a Metz an 1754, mort en 1840, était simple colonel lorsque la Convention l'éleva au poste de ministre de la guerre (1793). Il signala son administration par son activité et sa probité; il ne s'en vit pas moins accusé et fut même arrêté en 1794, peu avant le 9 thermidor; mais il fut relâché faute de charges suffisantes. Il se retira à Metz, où il vécut depuis étranger aux affaires.

BOUCHOUX (les), ch.-l. de c. (Jura), à 11 kil. S. O. de St-Claude; 131 hab. de pop. agglomérée.

BOUCICAUT (Jean LE MAINGRE, sire de), maréchal de France, né à Tours en 1364, mort en 1427, fit ses premières armes sous Duguesclin, combattit à côté de Charles VI à Rosebecque (1382),où il fit des prodiges de valeur, et fut fait maréchal à l'âge de 25 ans. Il suivit Jean sans Peur, duc de Nevers, dans sa croisade contre Bajazet, et fut pris par les Turcs à la bataille de Nicopolis (1396), après une résistance héroïque. Délivré de sa captivité, il fut choisi pour gouverneur de Gênes, qui s'était donnée aux Français (1401); il s'y conduisit avec une rare fermeté; mais en son absence la garnison fut surprise et massacrée. Revenu en France, il s'opposa vivement an projet qu'avait le roi Jean de livrer la bataille d'Azincourt. Il y fut fait prisonnier et conduit en Angleterre, où il mourut. On a les Mémoires du sire de Boucicaut, écrits par lui-même ou sous ses yeux.

BOUDDHA, nom que l'on donne dans la religion bouddhique à la raison parfaite, à l'intelligence absolue. Ce nom s'applique aussi aux diverses incarnations de la raison suprême, dont la principale est Chakyamouni, le Dieu actuel des Bouddhistes (V. l'art. suiv.). Enfin on étend le nom de Bouddha à tous ceux qui professent la science parfaite, aux âmes parvenues à l'état de béatitude, se dégageant des liens de la matière, et habitant le monde immatériel.

BOUDDHA-GAOUTAMA ou CHAKYAMOUNI, sage de l'Inde, né vers l'an 622 av. J.-C., mort vers 542, était dis d'un prince du Bahar, de la race royale des Chakyas, et se nommait d'abord Siddharta. Les Bouddhistes le regardent comme la 4e incarnation de Bouddha ou de la raison suprême. A 29 ans il se retira dans la solitude, ce qui le fit surnommer Chakyamouni (c.-à-d. le Chakya solitaire), et il parvint bientôt à la perfection de la science, ce qui lui valut le nom de Bouddha. Il prêcha sa doctrine dans le Cachemire, et après avoir fait un grand nombre de disciples, il monta sur un arbre, et mourut après y être resté deux mois et demi en méditation. Ses préceptes ont été recueillis par ses disciples. M. Barth. St-Hilaire a donné en 1859 le Bouddha et sa religion (V. Bouddhisme). — Les Chinois placent Bouddha au XIe s. av. J.-C.

BOUDDHISME, une des religions les plus répandues dans le monde, issue du brahmanisme, paraît s'être formée dans l'Inde septentrionale, peut-être dans le Cachemire, à une époque fort ancienne, mais encore incertaine. A la différence du Brahmanisme, elle s'adressait à tous, sans distinction de castes, et admettait les étrangers comme les indigènes. Introduite en Chine dans le Ier s. de J.-C., elle envahit successivement la Corée, le Japon, le Thibet; les Mogols enfin l'embrassèrent sous les premiers successeurs de Gengis-Khan, et auj. elle couvre la plus grande partie de l'Asie : elle y compte environ 200 millions de sectateurs. Le Bouddhisme prétend que notre existence actuelle est imparfaite et sans réalité; que le monde matériel (sansara) est une illusion de nos sens, et il enseigne la nécessité de dégager notre âme de ce monde périssable, pour la mener au salut (Nirvana), c.-à-d. pour lui donner entrée dans le monde immatériel et vrai, où elle se confond avec le Bouddha suprême, raison parfaite, qui est située au-dessus de l'espace lumineux, dans une région éternelle et indestructible. Les âmes plus parfaites, les Bouddhas accomplis (Tathâgatas), peuvent s'incarner et descendre sur la terre afin de dégager les âmes enchaînées dans le monde matériel : Chakyamouni, auteur de la forme actuelle du Bouddhisme, est le 4e des Bouddhas déjà parus; on