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le fait vivre au VIe s. av. J.-C. (V. BOUDDHA). Il est visible dans la personne du Dalaï-Lama du Thibet, le grand pontife des Bouddhistes. Après la mort d'un Bouddha incarné, sa représentation reste sur la terre jusqu'à la venue d'un autre Bouddha, et elle est animée par les incarnations successives de Bouddhas moins parfaits. — Cette religion, toute spiritualiste, eut à souffrir des persécutions cruelles de la part des Brahmines et des sectateurs de Shiva, dieu sensuel et sanguinaire. Elle eut le dessus au VIIe s. de notre ère; mais au XIVe s. le Bouddhisme, après des luttes sanglantes, était entièrement expulsé de l'Inde. La collection des livres sacrés de cette religion, dite K'hagiour (Commandements), se compose principalement de deux grands recueils : le Gandjour (108 vol. in-fol.) et le Dandjour (240 vol. in-fol.), que possède la Bibliothèque impériale. On doit à Eugène Burnouf une savante Introduction à l'Histoire du Bouddhisme, 1844, et la trad. de quelques-uns des livres sacrés de cette secte. — V. FÔ.

BOUDET (J. P.), pharmacien, né à Reims en 1748, mort en 1829, servit comme pharmacien des armées en Égypte, en Allemagne, devint à son retour pharmacien en chef de la Charité et membre de l'Académie de médecine. Il est un des fondateurs de la Société de pharmacie et un des rédacteurs du Code pharmaceutique. On a de lui, entre autres travaux, des Mémoires sur le phosphore, sur la fabrication du bleu de Prusse et sur l'extraction du pastel.

BOUDOT (Jean), imprimeur du roi, est connu par un Dictionnaire latin-français qu'il publia en 1704, in-8, et qui eut une grande vogue dans les classes : c'est l'abrégé d'un grand dictionnaire en 14 vol. laissé ms. par Nic. Blondeau, inspecteur de l'imprimerie de Trévoux. — Il eut deux fils : J. Boudot, libraire, qui se distingua par ses connaissances bibliographiques; et l'abbé P. J. Boudot, censeur royal, auteur d'ouvrages estimés, notamment de la Bibliothèque du Théâtre français (attribuée au duc de La Vallière), et collaborateur du président Hénault.

BOUDROUN, l'anc. Halicarnasse. V. BODROUN.

BOUFARIK, vge d'Algérie (prov. d'Alger), fondé en 1832, dans la plaine de la Métidja. à 34 k. S. d'Alger; 2300 h. Pépinière, tabacs excellents.

BOUFFLERS (Louis François, marquis de), maréchal de France, issu d'une des plus anciennes et des plus nobles familles de Picardie, dont l'origine remonte au XIIe s., naquit en 1644, et mourut en 1711. Formé a l'école des Condé et des Turenne, il contribua en 1690 à la victoire de Fleurus, prit Furnes en 1693, ce qui lui valut le bâton de maréchal, défendit Namur (1695), commanda l'armée de Flandre en 1702, et se couvrit de gloire par sa belle défense de Lille (1708), à la suite de laquelle il fut fait duc et pair. Après la défaite de Malplaquet, il fut chargé de la retraite, et sauva l'armée. Il sut se faire aimer du soldat.

BOUFFLERS (Stanislas, chevalier de), célèbre par son esprit, né a Lunéville en 1737, mort en 1815, avait pour mère la marquise de Boufflers (née Beauvais-Craon), femme belle et spirituelle, qui faisait les honneurs de la cour du roi Stanislas. Destiné d'abord à l'état ecclésiastique, il y renonça bientôt afin de se livrer à son goût pour le plaisir, et obtint dans le monde les plus grands succès, qu'il dut aux agréments de son esprit et de sa personne. Il entra au service, fut nommé colonel de hussards en 1772, et maréchal de camp en 1784. Ayant épuisé son patrimoine, il se fit nommer gouverneur du Sénégal (1785) et déploya dans l'administration des talents qu'on ne lui soupçonnait pas. Il fut à son retour reçu à l'Académie française (1788). Élu en 1789 député aux États généraux, il y brilla peu. Il émigra, et ne revint en France qu'en 1800. Il écrivit depuis quelques ouvrages sérieux, mais ils eurent peu de succès. Boufflers est surtout connu par ses poésies légères et par ses contes; on regrette d'y trouver quelquefois trop de licence. Ses principaux ouvrages sont : Aline, reine de Golconde, conte, 1761; divers poëmes érotiques, 1763; Lettre à sa mère sur son voyage en Suisse, 1770; Poésies fugitives, 1782; Traité du Libre Arbitre, 1808. Il a donné lui-même ses Œuvres complètes, 1813, 2 vol. in-8. On les a imprimées de nouveau en 1828, 4 vol. in-18.

BOUG ou BOG, Hypanis, riv. de la Russie d'Europe, prend sa source dans la Volhynie, arrose les gouvernements de Podolie et de Kherson, passe à Nicolaïew, et tombe dans le Dniepr vis-à-vis de Fédorovka, après avoir reçu la Siniouka, la Kolima, l'Ingoul, etc., dans un cours de 560 kil. — Affluent de la Vistule, prend sa source dans la partie orient. de la Galicie, coule au N. O. jusqu'à Christianpol, et de là au N.; sépare la Pologne de la Russie, et se joint à la Vistule par la r. dr., à 26 k. N. O. de Varsovie, après un cours de 500 kil.

BOUGAINVILLE (L. Ant., de), navigateur célèbre, né à Paris en 1729, mort en 1814, quitta l'étude du droit, à laquelle sa famille le destinait, pour la carrière militaire; devint aide de camp de Chevert, puis accompagna le marquis de Montcalm au Canada, se signala dans cette expédition, et obtint le grade de colonel (1759). A la paix, il se tourna vers la marine, alla en 1763 occuper les îles Malouines, puis exécuta un voyage autour du monde, le premier de ce genre qu'eût entreprit un Français (1766-69). Il commanda plusieurs vaisseaux dans la guerre d'Amérique, devint chef d'escadre en 1779, fut chargé en 1790 de commander l'armée navale de Brest; mais, n'ayant pu rétablir l'ordre dans cette troupe indisciplinée, il se retira du service. Il fut appelé en 1796 à l'Institut et devint sous l'Empire comte et sénateur. Bougainville a publié la Relation de son voyage autour du monde (Paris, 1771 et 1775) qui a eu un succès prodigieux. Il a fait un grand nombre de découvertes géographiques dans l'Océan Pacifique, et a laissé son nom à plusieurs des lieux qu'il avait découverts. — Son frère aîné, J. P. de Bougainville, né à Paris en 1722, mort en 1763, fut secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et membre de l'Académie française. On a de lui une traduction en prose de l'Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac, 1749, un Parallèle de l'expédition d'Alexandre le Grand dans les Indes avec celle de Thamas Kouli-Khan, 1752, et de savants mémoires sur l'antiquité, notamment une dissertation sur les Droits des métropoles grecques sur leurs colonies, 1745.

BOUGAINVILLE (île), île de l'archipel Salomon, dans la Polynésie, par 152° 30' long. E., 5° 32' lat. S. Elle fut découverte en 1768 par J. P. Bougainville.

BOUGEANT (le P.), jésuite, né à Quimper en 1690, mort à Paris en 1743, professa les humanités à Caen, à Nevers, puis à Paris, au collége Louis le Grand. Il se fit d'abord connaître par un élégant badinage, Amusement philosophique sur le langage des bêtes, 1739, qui lui attira des censures de la part de ses supérieurs; puis, se livrant à des travaux plus sérieux, il rédigea une Histoire du traité de Westphalie, 1744 et 1751, ouvrage estimé. Il s'exerça aussi dans la comédie et fit quelques pièces assez spirituelles dirigées contre les adversaires de la bulle Unigenitus.

BOUGIE, en arabe Boudjeiah, en latin Saldæ, v. d'Algérie (prov. de Constantine), ch.-l. de cercle, sur la Méditerranée, à l'emb. d'une riv. du même nom, à 220 k. N. O. de Constantine, à 177 k. E. d'Alger; 2000 h. Baie, port spacieux et sûr; 3 châteaux forts. Fabrique d'instruments aratoires; commerce en huile et surtout en cire : c'est du nom de cette ville que vient notre mot bougie. — Bougie fut prise en 439 par Genséric, roi des Vandales, qui en fit sa capitale; puis, par les Arabes en 708, par les Espagnols en 1509, par les Turcs en 1555, et enfin par les Français, en 1833.

BOUGIVAL, joli vge du dép. de Seine-et-Oise. sur la r. g. de la Seine, à 7 k. N. de Versailles et à 18 de Paris; 2000 h. Belles maisons de campagne.