Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le service à la paix (1763), et consacra le reste de sa vie à la franc-maçonnerie et à des pratiques théosophiques. Il a laissé des Mémoires, publ. seulement en 1858 à Leipsick par E. Knesebeck.

BRUNSWICK-LUNEBOURG (Ch. Guill. Ferd., duc de), général au service de la Prusse, longtemps nommé le Prince héréditaire, né en 1735, fit ses premières armes sous Ferdinand de Brunswick, son oncle, se distingua dans la guerre de Sept ans (1756-63), puis dans une campagne des Prussiens contre la Hollande (1787), et fut choisi pour général en chef des armées coalisées contre la France en 1792. Après avoir publié un manifeste menaçant (25 juillet 1792), il entra en Champagne avec une armée considérable ; mais, vaincu à Valmy, il traita avec Dumouriez. Ayant repris un commandement en 1805, il fut battu à Iéna et mortellement blessé d'un coup de feu près d'Auerstaedt. — Son fils, Guill.-Fréd., duc de Brunswick, né en 1771, fut tué à Waterloo (1815), et laissa deux fils : l'un, Charles, après avoir gouverné quelque temps, fut, à cause de ses excentricités, renversé par une insurrection et déclaré par la Diète germanique incapable de gouverner (1830), et m. en 1873 ; l'autre, Fréd.-Guill., né en 1806, est le duc régnant.

BRUSCAMBILLE, comédien dé l'Hôtel de Bourgogne au commencement du XVIIe siècle, réussit dans la farce. On lut avec empressement ses Fantaisies, ses Plaisantes imaginations, ses Prologues facétieux, ses Bons mots, toutes choses qui ne sont plus recherchées que comme des curiosités.

BRUSQUET, fou du roi, remplaça Triboulet, et vécut à la cour de François I et de ses successeurs. Il avait d'abord exercé la médecine et avait été employé au camp d'Avignon : mais il fit tant de victimes par son ignorance qu'on allait le pendre, quand le Dauphin, depuis Henri II, eut pitié de lui et le prit à son service. Il obtint la place de maître de poste à Paris, et il y fit fort bien ses affaires ; mais ayant été soupçonné de huguenotisme, il fut pillé et se vit forcé de fuir (1562). Il mourut l'année suivante. Brantôme raconte de lui une foule de tours des plus comiques.

BRUT. On a nommé ainsi d'anciennes chroniques bretonnes et anglaises, soit en souvenir d'un prétendu Brutus, arrière-petit-fils d'Énée, regardé comme le premier roi des Bretons, soit du mot Brud, bruit, rumeur, et par suite récit, annales. On connaît surtout le Brut de Wace (V. WACE), et celui de Layamon (pubLà Londres en 1847), qui en est une paraphrase.

BRUTIUM, auj. la Calabre ultérieure, prov. de l'Italie méridionale, avait au N. la Lucanie, et partout ailleurs était baignée par la mer. Elle se divisait en Brutium cismontain ou occidental, et Brutium transmontain ou oriental. Elle faisait partie de la Grande Grèce et avait pour villes principales Thurium (l'anc. Sybaris), Locres, Rhegium, Crotone, Pandosie, Scylacium, Hipponium. Le mot Brutii voulait dire esclaves fugitifs, et le nom de Brutium avait été donné à ce pays, dit-on, parce que ses montagnes servaient de refuge aux esclaves fugitifs, ou bien à cause de la lâcheté avec laquelle les habitants s'étaient soumis à Annibal sans combat. Les Romains avaient fait dès 270 av. J. C. la conquête du Brutium.

BRUTUS (L. Junius), Romain célèbre par son amour pour la liberté, était fils de M. Junius et de Tarquinie, 2e fille de Tarquin l'Ancien. Ayant vu de bonne heure son père et son frère assassinés par Tarquin le Superbe, et craignant le même sort, il contrefit l'insensé pendant plusieurs années (d'où son surnom de Brutus). Après l'outrage fait à Lucrèce par Sextus Tarquin, il leva le masque, harangua le peuple, fit chasser les rois (509 av. J. C.) et proclama la république. Il fut aussitôt nommé consul, avec Collatin, mari de Lucrèce. Il distribua au peuple le domaine royal, compléta le sénat, mutilé par Tarquin, rétablit les lois de Servius, et repoussa les attaques du roi détrôné. Dans son amour pour la liberté, il ne balança point à condamner et à faire exécuter ses propres fils qui avaient conspiré pour rétablir les Tarquins. Il périt dans un combat singulier avec Aruns, fils de Tarquin, en perçant aussi mortellement son adversaire (508). Les dames romaines portèrent son deuil pendant une année.

BRUTUS (M. Junius), rigide républicain, fils de M. J. Brutus, partisan de Marius, et de Servilie, sœur de Caton d'Utique, naquit en 86 av. J.-C., suivit le parti de Pompée dans la guerre civile, et combattit à Pharsale (48). César, qui l'aimait, et qui, même, disait-on, était son père, l'appela auprès de lui après sa victoire, et le combla de faveurs. Ces caresses ne l'empêchèrent point d'entrer dans la conspiration formée contre le dictateur. César, au moment de mourir, le voyant au nombre des conjurés, s'écria : « Et toi aussi, mon fils ? » Après ce meurtre, Brutus, poursuivi par Antoine, se réunit à Cassius, et livra bataille à Antoine et à Octave dans les plaines de Philippes en Macédoine. Il fut vaincu, et se tua de désespoir, l'an 42 av. J.-C. On dit qu'il s'écria en mourant : « Vertu, tu n'es qu'un nom ; » mais cette parole désespérante n'a rien d'authentique. Brutus cultivait les lettres et la philosophie : il embrassa le Stoïcisme. Il avait composé un éloge de Caton d'Utique et d'autres ouvrages qui ne nous sont pas parvenus ; il ne reste de lui que quelques lettres à Cicéron et à Atticus. Cicéron lui avait dédié son traité De claris oratoribus. Plutarque a écrit sa Vie.

BRUTUS (Decimus Junius), parent du précédent, fut au nombre de ceux, qui conspirèrent contre César. Après la mort du dictateur, il s'enferma dans Modène, força Antoine à lever le siége de cette ville, le chassa de l'Italie, et fut honoré du triomphe ; mais il fut vaincu à son tour par le triumvir, et périt assassiné en se retirant dans les Gaules.

BRUTUS, personnage légendaire, qui aurait été le premier roi des Bretons. V. BRUT.

BRUXELLES, capit. de la Belgique, ch.-l. du Brabant, sur la Senne, à 266 kil. N. E. de Paris, 370 par Valenciennes et Quievrain ; 180 000 h. Plusieurs chemins de fer. Magnifiques promenades (le Parc, l'Allée-Verte, les nouveaux boulevards, le château de Laeken, aux portes-de la ville), 14 portes, 27 ponts, belles églises, entre autres celles de Ste-Gudule, des Sablons, de Notre-Dame, etc.; places Royale et St-Michel, palais du Roi, du Prince-Royal, des États, de Justice ; hôtel de ville gothique, monnaie, salles de spectacle, etc. Université libre, acad. roy. des sciences et belles lettres. soc. roy. des beaux-arts, de Concordia, de Flore ; athénée, jardin botanique, bibliothèques, observatoire superbe, serres du jardin d'horticulture, nombreuses collections en tout genre. Industrie et commerce très-développés : dentelles renommées, dites point de Bruxelles, tissus et étoffes de laine, de fil, etc. ; bonneterie, chapeaux, bougies, amidon, tabac, vitriol, produits chimiques ; calandres, filatures ; imprimeries de toute espèce, longtemps employées à la contrefaçon d'ouvrages français ; brasseries, tanneries, raffineries de sel et de sucre ; carrosserie et sellerie. Patrie des deux Champagne, des Duquesnoy, de Van der Meulen, Van-Helmont, Vésale, Feller, Clerfayt, du prince de Ligne, etc. — Bruxelles n'était qu'un modeste bourg au VIIe siècle. Elle ne reçut son nom qu'en 1044, lorsqu'elle fut entourée de murs. Elle était alors le séjour des ducs de Brabant ; elle fut la capit. des Provinces-Unies depuis 1567, du roy. de Belgique depuis 1831. De 1815 à 1831, elle avait été une des deux capitales du royaume des Pays-Bas. Bombardée par les Français en 1695, prise en 1746, par le maréchal de Saxe, mais bientôt rendue, prise de nouveau en 1792, elle a appartenu à la France de 1795 à 1814 ; elle était le ch.-l. du dép. de la Dyle.

BRUYÈRE (L.), ingénieur et professeur à l'École des ponts-et-chaussées, né à Lyon en 1788, mort en 1831, a exécuté le canal de St-Maur, en partie souterrain (1808-1811), a rétabli la machine de Marly et a dirigé à Paris une foule de grands travaux, entre autres la construction de l'Entrepôt des vins.