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allié à la famille royale de Portugal. En 1545, il fut chargé du gouvt de l'Inde, et remporta sur les indigènes plusieurs victoires signalées. Il fut nommé vice-roi peu avant sa mort. Aussi probe que brave, il mourut pauvre, et fut enterré aux dépens du public. On dit qu'ayant eu besoin de faire un emprunt au commerce de Goa, il offrit ses moustaches en gage; les négociants se contentèrent de sa parole.

CASTRO (VACA de), prêtre et juge royal de Valladolid, fut envoyé par Charles-Quint au Pérou en 1540, pour y comprimer les factions et régler le régime intérieur de la colonie. A son arrivée, il apprit l'assassinat de Pizarre et l'usurpation d'Almagro. Il marcha avec une armée contre ce dernier, le défit et lui fit trancher la tête ainsi qu'à tous ses complices. Il s'occupait d'adoucir le sort des Indiens par de sages règlements, lorsqu'il fut disgracié en 1544, à cause de cette modération même. Il mourut en 1558.

CASTRO (Guilhem de), auteur dramatique espagnol, né à Valence en 1569, m. en 1631, fut contemporain de Lope de Véga, qui fait son éloge dans son Laurier d'Apollon. La plus célèbre des pièces de Castro est la Jeunesse du Cid, à laquelle Corneille a fait des emprunts. Les pièces de cet auteur ont été publiées à Valence, en 1621 et 1625, 2 vol. in-4, sous le titre de Las Comedias : on y remarque 2 pièces tirées de l’Histoire de don Quichotte.

CASTRO-GIOVANNI, Enna, v. de Sicile, au centre de l'île, à 24 kil. N. E. de Caltanisetta, sur une montagne escarpée; 12 000 h. Soufrières. Env. fertiles.

CASTRO-REALE, v. de Sicile, à 40 kil. S. O. de Messine, était la résidence favorite de Frédéric II, d'où son. nom de reale (royal); 11 000 hab. Vins, huiles, source thermale.

CASTRO-VERDE, plaine du Portugal, voisine d'Ourique. V. ce mot.

CASTRUCCIO-CASTRUCCI ou CASTRACANI, gentilhomme lucquois, d'une famille attachée au parti gibelin, s'exila avec son père vers l'an 1300, lorsque la faction guelfe l'emporta. Après avoir servi successivement en France, en Angleterre et en Lombardie, il rentra dans Lucques, où les Gibelins le prirent pour leur chef. Il eut longtemps à combattre le parti guelfe, et fut même arrêté et jeté dans les fers; mais il finit par triompher de tous ses ennemis, et en 1320 l'empereur Louis de Bavière le reconnut duc de Lucques; il conquit une partie de la Toscane. Il mourut en 1328. Machiavel a écrit sa Vie.

CASTULO, v. de la Tarraconaise. auj. Cazorla.

CASUENTUS, riv. de Lucanie, auj. le Basiento.

CASUISTES, théologiens dont les études ont pour objet de résoudre les cas de conscience, c'est-à-dire de décider si telle action est bonne ou mauvaise. Ces fonctions difficiles ont été l'occasion de quelques abus, plusieurs théologiens ayant avancé des opinions fort relâchées en morale, entre autres Escobar, Molina, Busenbaum : Pascal a combattu ces excès dans ses Provinciales.

CAT, une des Antilles anglaises. V. LUCAYES.

CATABATHME (GRAND), Catabathmus magnus, c.-à-d. grande descente, auj. Djebel-Kebir, c.-à-d. grande montagne, chaîne de mont. qui séparait la Libye maritime, la Cyrénaïque et la Marmarique d'avec l’Égypte. Les anciens y placèrent longtemps la séparation de l'Afrique et de l'Asie. On appelait Petit-Catabathme, Catabathmus minor, auj. El-Soug-haïer, une chaîne de mont. située à l'E. de la précédente et qui en était le contre-fort.

CATACOMBES (de cata, en bas, et cumbos, cavité), excavations souterraines où les anciens plaçaient dans des tombes les corps qu'ils ne brûlaient pas. La plupart de ces catacombes n'étaient dans l'origine que d'anciennes carrières abandonnées. Les plus fameuses sont celles de Rome, principalement celle de St-Sébastien; celles de Naples, qui, d'abord employées à la sépulture des païens, furent au IVe siècle uniquement réservées aux Chrétiens (on y a construit un grand nombre d'églises et de chapelles); celles de Syracuse, les célèbres Latomies de Denys le Tyran; celles de Catane, d'Agrigente et de Palerme. Souvent les Catacombes servirent de refuge aux Chrétiens des premiers siècles : dans les temps de persécution, ils s'y réunissaient pour célébrer en secret les mystères de leur religion. Les Catacombes de Rome ont été décrites par A. Bosio, par Bottari et par L. Perret, Paris, 1853-1857. Les Catacombes qui s'étendent sous presque toute la ville de Paris furent primitivement des carrières comme les précédentes. On y a recueilli depuis 1786 les débris des cimetières répandus autrefois au sein de la ville, ainsi que les restes que renfermaient les églises, et on en a formé d'immenses ossuaires.

CATALANI (Angelica), célèbre cantatrice, née à Sinigaglia en 1779, morte à Paris en 1849, était fille d'un bijoutier. Elle quitta, non sans résistance, le couvent pour le théâtre, débuta à Venise en 1795, passa en Portugal, où elle fit partie de la chapelle du roi, contracta en 1806 un engagement avantageux à Londres, et, en se rendant dans cette ville, passa par Paris, où elle obtint un succès prodigieux. Elle revint en France en 1814, et reçut de Louis XVIII le privilège du théâtre italien; mais elle éprouva dans cette gestion des pertes qui la déterminèrent à y renoncer, parcourut l'Allemagne, l'Italie, la Suède, la Russie, et fut partout applaudie avec enthousiasme. Ayant amassé une immense fortune, elle se retira en 1823 à Florence, où elle fonda une école gratuite de chant, qu'elle dirigeait elle-même. Elle avait épousé en 1800, à Lisbonne, un officier français, M. de Valabrègue. Catalani avait une magnifique voix de soprano, mais elle n'était ni actrice, ni même grande musicienne; elle dut presque tout à la nature, qui lui avait donné un admirable instrument. Elle brillait surtout dans les concerts, où ses vocalisations surprenantes la laissèrent sans rivale.

CATALANS, hab. de la Catalogne. V. CATALOGNE.

CATALANS. On nomma ainsi des soldats mercenaires, Aragonais aussi bien que Catalans, que Pierre III d'Aragon mena en Sicile contre Charles d'Anjou, et qui ensuite, sous la conduite du Catalan Roger de Flor, entrèrent au service des Grecs contre les Turcs (1304-05). S'étant brouillés avec les Grecs, ils formèrent une république militaire dans la Thrace, qu'ils conquirent (1307). Ils dévastèrent la Thessalie (1308), où ils se firent la guerre entre eux; s'emparèrent des États du duc d'Athènes, Gauthier de Brienne (1312), après lui avoir offert leurs services, et se donnèrent pour roi d'abord Roger-Deslau (ex-ambassadeur de Gauthier), puis un fils du roi de Sicile, Frédéric II, 1326. Les plus célèbres de leurs chefs, après Roger de Flor, furent Arenos, Roccafort et Entença. Moncada et Ramon Montaner ont écrit leur histoire.

CATALAUNI, v.de Gaule, auj. Chalons-sur-Marne.

CATALAUNIENS (Champs), vaste plaine qui entoure Châlons-sur-Marne, et où l'immense armée d'Attila fut détruite en 451 par Aétius avec les forces combinées des Francs, des Bourguignons et des Goths.

CATALOGNE, Tarraconensis chez les Romains, Catalaunia en latin moderne, grande prov. de l'Espagne, située au N. E. de la Péninsule, est bornée au N. par les Pyrénées, qui la séparent de la France, à l'E. par la Méditerranée, à l'O. par l'Aragon, et au S. par le roy. de Valence; 300 k. de long sur 210 de large; 1 200 000 h.: capit., Barcelone. Elle forme une capitainerie gén. qui comprend 4 intend., Barcelone, Tarragone, Girone, Lerida. La partie septentrionale offre beaucoup de mont. qui sont des ramifications des Pyrénées, entre autres le mont Serrat, dont le couvent célèbre est situé a une hauteur de 1238m. L'Èbre, la Sègre, la Fluvia, le Ter, le Llobregat, arrosent la Catalogne. Le climat est varié, mais en général chaud et humide; le sol fertile: il produit des céréales, du riz, du vin; on y cultive avec succès l'olivier, l'oranger, le citronnier et surtout l'arbre à liège. Les richesses minéralogiques consistent en sel, plomb, antimoine,