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saient personnellement, à cause de son intégrité et de l'aménité de son caractère.

CHAMILLY (Noël BOUTON, marquis de), maréchal de France, né à Chamilly en Bourgogne, en 1636, mort en 1715, se signala en 1675, dans la guerre de Hollande, par la défense de Grave, qui dura 93 jours, et coûta 16 000 hommes au prince d'Orange; il reçut le bâton de maréchal en 1703. Il avait servi en Portugal sous Schomberg, en 1663 : il séduisit dans ce pays une jeune religieuse, et reçut d'elle des lettres passionnées, qu'il ne craignit pas de livrer lui-même à la publicité : ce sont les célèbres Lettres portugaises (1669). Du reste, il parait que, sur les 12 lettres dont le recueil se compose, 7 sont supposées.

CHAMISSO (Adelbert de), écrivain et naturaliste, né en 1781 au château de Boncourt en Champagne, mort à Berlin en 1838, fut emmené par ses parents en émigration, servit quelque temps en Prusse, tout en cultivant les lettres et les sciences naturelles; revint en France après la paix de Tilsitt, et fut nommé professeur à Napoléonville, mais ne tarda pas à retourner à Berlin, et y publia en 1814 un livre original, écrit en allemand, Peter Schlemihl (trad. par N. Martin, 1838), histoire d'un homme qui a perdu son ombre et qui court le monde pour la retrouver; accompagna de 1815 à 1818 Otto de Kotzebue dans son voyage de découvertes, rédigea la partie scientifique de ce voyage, et fut à la fin de sa vie nommé directeur du Jardin des plantes de Berlin. Ses Œuvres, la plupart en allemand, se composent d'écrits des genres les plus divers, botanique, linguistique, romans, poésies; elles ont eu un grand succès en Allemagne. Il règne dans ses poésies un sentiment de tristesse qui semble naître de l'éloignement où il était du sol natal.

CHAMO (désert de), dans l'Asie centrale. V. KOBI.

CHAMONIX ou CHAMOUNY, de Campus munitus? dit aussi le Prieuré, bourg de France (H.-Savoie), à 20 kil. E. de Sallanches, dans une belle vallée; 2300 hab. La vallée, située en vue du Mont-Blanc, au S. E. de Bonneville, est traversée par le haut Arve. Immenses glaciers, formés d'eaux qui descendent du Mont-Blanc : on distingue ceux des Bois, des Bossons et la fameuse Mer de glace, qui a près de 8 k.

CHAMOUSSET (Clément Humbert PIARRON de), philanthrope, né à Paris en 1717, mort en 1773, était maître des comptes. Il consacra sa fortune au service des pauvres et des malades, améliora le régime des hôpitaux et créa à ses frais un hôpital modèle où il supprima l'usage de réunir plusieurs malades dans un même lit. Il fut nommé intendant général des hôpitaux sédentaires de l'armée. On lui doit, en outre, plusieurs établissements d'utilité publique, entre autres celui de la petite poste. Il eut la première idée des associations de secours mutuels.

CHAMOUX, ch.-l. de c. (Savoie), arr. de Chambéry, près du confluent de l'Isère et de l'Arc; 1510 h.

CHAMP D'ASILE, territoire du Texas, sur le golfe du Mexique, entre les riv. del Norte et de la Trinité, à 40 kil. O. de Galveston. Des Français réfugiés y fondèrent en 1817 une colonie sous îa conduite du général Lallemand; mais le vice-roi du Mexique, Apodaca, fit détruire l'établissement, 1819.

CHAMP DE MAI et CHAMP DE MARS, noms que l'on a donnés aux grandes assemblées de guerriers francs depuis la conquête des Gaules au Ve siècle, parce qu'elles se tinrent soit en mars (sous la 1re race) soit en mai (depuis 755). En latin on les appelait placita (plaids); les Francs leur donnaient le nom de mâls. Ces assemblées avaient un double caractère : elles étaient tantôt des revues militaires ou des réunions solennelles dans lesquelles tous les hommes libres venaient rendre hommage au chef suprême des Francs, et lui apporter leurs dons annuels; tantôt des réunions plus actives où le souverain convoquait soit les leudes et les guerriers pour les consulter sur quelque expédition militaire, soit les évêques pour régler leurs différends avec la royauté, ou pour prendre leurs conseils sur la direction des affaires de l'État. Ces assemblées, tenues irrégulièrement sous les Mérovingiens, devinrent beaucoup plus fréquentes sous les premiers Carlovingiens; mais après Charles le Chauve, toute trace de cette institution disparaît. — On a aussi donné le nom de CHAMP DE MAI à une fameuse assemblée tenue en 1815, pendant les Cent-Jours, au Champ de Mars de Paris, à l'imitation des anciens Champs de mai, et dans laquelle l'empereur Napoléon proclama, en présence des députations de tous les colléges électoraux et des corps de l'armée, l'Acte additionnel aux constitutions de l'Empire. Cette assemblée, annoncée pour le 26 mai 1815, ne put avoir lieu que le 1er juin.

CHAMP DE MARS, Campus Martius. On appelait ainsi à Rome une vaste plaine qui originairement s'étendait hors des murs de la ville, et où Romulus avait consacré un temple à Mars; elle était située à l'O. de Rome et sur la r. g. du Tibre. C'est dans cet emplacement que se trouve en grande partie la Rome moderne. Le Champ de Mars servait aux évolutions militaires et à divers autres usages : c'est là qu'on tenait les assemblées du peuple, qu'on élisait les magistrats, et que la jeunesse s'exerçait à la lutte, à lancer le javelot et le disque, à conduire les chars, etc. Dans les derniers temps de la République, on éleva autour du Champ de Mars des portiques, des arcs de triomphe et de magnifiques monuments publics. — Par imitation, on a donné, à Paris, le nom de Champ de Mars à un vaste espace situé à l'extrémité S. O. de la ville, entre l'École militaire et la Seine, qui fut disposé vers 1770 pour servir de champ d'exercice. Ce lieu a été le théâtre de plusieurs grands événements. V. FÉDÉRATION et ci-dessus CHAMP DE MAI.

CHAMP-DENIERS, ch.-l. de c. (deux-Sèvres) à 17 kil. N. de Niort; 1200 hab. Foires pour les bestiaux.

CHAMP DU DRAP D'OR, vaste plaine où se passa une entrevue célèbre entre François Ier, roi de France, et Henri VIII, roi d'Angleterre (1520); elle était située en Flandre, entre les châteaux d'Ardres et de Guines, dont le 1er appartenait à la France, et le 2e à l'Angleterre. Son nom lui fut donné à cause du faste que les deux cours rivales y déployèrent à l'envi. François I, dont le but était de gagner le roi d'Angleterre et de déjouer les intrigues de Charles-Quint, obtint par un traité la confirmation du mariage du Dauphin de France avec Marie d'Angleterre; mais le card. Wolsey, ministre du roi d'Angleterre, acheté par Charles-Quint, prévint les effets de cette entrevue.

CHAMP DU MENSONGE. V. LUGENFELD.

CHAMPAGNAC, ch.-l. de cant. (Dordogne), sur la Dronne, à 16 kil. S. de Nontron; 1050 hab.

CHAMPAGNE, Campania en latin moderne, anc. prov. de France, ainsi nommée de ses vastes plaines (campi), était bornée au N. par la Flandre française, les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Sedan; à l'E., par la Lorraine; au S. E., par la Franche-Comté; au S., par la Bourgogne et le Nivernais, et à l'O. par l'Île de France et la Picardie. Superficie, 280 kil. de long sur 200 de large. Chef-lieu, Troyes. Elle forme auj. les dép. de la Marne, de la Hte-Marne, de l'Aube, des Ardennes, et en partie ceux de l'Yonne, de l'Aisne, de Seine-et-Marne et de la Meuse. La Champagne se divisait en 8 parties: Champagne propre, Châlonnais, Rémois, Rethelois, Vallage, Bassigny, Sénonais, Argonne. La Champagne propre se subdivisait elle-même en Hte-Champagne (v. principales : Châtillon-sur-Marne, Épernay, Aï, Vertus, Dormans), et Basse-Champagne (v. principales : Troyes, Arcis-sur-Aube, Méry-sur-Seine, Ramerupt). La partie orientale de la B.-Champagne et le sud du Châlonnais, c.-à-d. le pays compris entre Vitry et Sézanne, porte vulgairement le nom de Champagne pouilleuse, à cause de l'infertilité du sol et de la misère des habitants. La Champagne est arrosée par la Seine, l'Aube, la Marne, l'Yonne,