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cile de Trente, s’attacha dans ce concile à réformer les abus qui s’étaient introduits dans l’Église, et fit rédiger le célèbre catéchisme connu sous le nom de Catéchisme de Trente (1566). Nommé archevêque de Milan, il se démit de toutes ses autres charges pour aller résider dans son diocèse ; il y donna l’exemple de toutes les vertus et rétablit partout la discipline. Un des ordres qu’il voulait réformer, l’ordre des Humiliés, tenta de le faire assassiner, mais il échappa heureusement aux coups de l’assassin. Lors de la peste qui désola Milan en 1576, il accourut dans cette ville du fond de son diocèse, et bravant la contagion, porta partout des secours et des consolations. Il mourut en 1584, à 46 ans, épuisé par les fatigues et les austérités. Il s’opéra des guérisons miraculeuses sur son tombeau. Paul V le canonisa. On l’honore le 4 nov. S. Charles a laissé des traités théologiques qui ont été recueillis en 5 vol. in-fol., Milan, 1747. On y remarque ses Instructions aux Confesseurs, et les Actes de l’église de Milan. Sa Vie a été écrite par Giussani, par Godeau et par le P. Touron, 1761. Une statue colossale lui a été érigée à Arona. — Le cardinal Frédéric Borromée, son cousin, archevêque de Milan de 1595 à 1631, fonda dans cette ville vers 1600 la célèb. biblioth. Ambrosienne.

2o  Rois de France.

CHARLES-MARTEL, duc d’Austrasie, fils naturel de Pépin d’Héristal, et père de Pépin le Bref, né en 689, mort en 741, fut proclamé duc en 714, à la mort de son père, et régna longtemps sur toute la France avec le simple titre de maire du palais. Il défit en différents combats Rainfroi, maire de Neustrie, qui gouvernait au nom de Chilpéric II, roi de France, et substitua à ce prince un enfant du sang royal, Clotaire IV, afin de régner sous son nom. Ce dernier étant mort, Charles se fit livrer Chilpéric II, qu’il avait déjà battu lui-même à Vincy, 717, et à Soissons, 719 ; il lui laissa néanmoins la couronne et se contenta du titre de maire du palais. Charles vainquit les Saxons, les Frisons, soumit la Thuringe et la Bavière et remporta en 732, entre Tours et Poitiers, une victoire complète sur les Sarrasins, qui, sous la conduite d’Abdérame, avaient envahi la France. On prétend qu’on lui donna le surnom de Martel, parce qu’il avait écrasé comme avec un marteau ces formidables ennemis. Il reçut du pape Grégoire III les titres de patrice et de consul. Charles-Martel, en mourant, partagea ses États entre ses trois fils aînés, Carloman, Grifon et Pépin le Bref, mais sans leur donner le titre de roi, qu’il n’avait pas pris lui-même.

CHARLES I, dit Charlemagne, c.-à-d. Charles le Grand, roi de France et empereur d’Occident, fils de Pépin le Bref, naquit en 742. Après la mort de son père, en 768, il partagea d’abord le roy. avec son jeune frère Carloman, et eut pour sa part la Neustrie, l’Aquitaine et la portion occid. de l’Austrasie ; mais il demeura seul possesseur de tout le roy. à la mort de Carloman, en 771. Il avait remporté dès 770 une victoire complète sur les peuples d’Aquitaine, qui voulaient se rendre indépendants. Lorsqu’il se trouva seul maître de la France, il étendit partout ses conquêtes. Il fit, à partir de 772, une guerre acharnée aux Saxons, qui, commandes par Witikind, lui opposèrent une vigoureuse résistance, et il n’acheva de les soumettre qu’en 804 ; il se vit même contraint, pour prévenir leurs révoltes, d’en transplanter les habitants. En 774, il défit Didier, roi des Lombards, qui menaçait le pape, et s’empara de ses États. Il passa en Espagne en 778, et, malgré un échec subi à Roncevaux par son arrière-garde, que commandait Roland, son neveu, il remporta plusieurs victoires sur les Sarrasins et conquit toute la Catalogne. En 788, il réduisit Tassillon, duc de Bavière, qui conspirait contre lui avec les Saxons, et ajouta ses États à son empire. De 791 à 798, il détruisit l’empire des Avares. En 800, Léon III le couronna empereur d’Occident. En 813, il associa son fils Louis à l’empire. Il mourut peu après, en 814. Le vaste empire de Charlemagne était borné à l’O. par l’Océan Atlantique, au S., par l’Èbre, en Espagne, par le Volturno, en Italie ; à l’E. par la Saxe, la Theiss, les monts Krapacks et l’Oder ; au N. par la Baltique, l’Eyder, la mer du Nord et la Manche ; l’empereur résidait le plus souvent à Aix-la-Chapelle. Il faisait visiter chaque année toutes les provinces de son vaste empire par des Missi dominici, hauts commissaires chargés d’en assurer l’unité et de faire respecter partout le pouvoir central. Ce souverain mérita le titre de Grand, non-seulement par ses conquêtes, mais aussi par ses sages institutions. Il fut le restaurateur des lettres ; il attira en France par ses libéralités les savants les plus distingués de l’Europe, fonda dans son palais même la première Académie qu’on eût vue dans les Gaules, l’École palatine, que dirigeait Alcuin, et s’honora d’en être membre lui-même (il y avait pris le nom de David). Il établit des écoles où l’on enseignait la grammaire, l’arithmétique, la théologie et les humanités. C’est à Charlemagne que la France dut ses premiers progrès dans la marine ; il fit creuser plusieurs ports. Il favorisa aussi l’agriculture et s’immortalisa par la sagesse de ses lois, dont le recueil est connu sous le nom de Capitulaires. (V. ce mot). On a de Charlemagne des Lettres ; on lui attribue une grammaire et quelques écrits littéraires et théologiques, que tout au plus il inspira. - Cet empereur fut mis au nombre des saints par l’antipape Pascal III ; sa fête fut fixée au 28 janvier. Il est le patron de l’université de Paris, qui le fête encore annuellement. L’histoire de Charlemagne a été écrite en latin par Éginhard, qui avait été son secrétaire ; en français par Gaillard, 1785, en allemand par Hegewisch, 1791.

CHARLES II, dit le Chauve, roi de France, fils de Louis le Débonnaire et de Judith de Bavière, sa 2e femme, né à Francfort-sur-le-Mein en 823, reçut de son père dès 827 le titre de roi d’Alémanie, en 838 celui de roi d’Aquitaine, et devint roi de France en 840. Les faveurs qui lui avaient été accordées au détriment de ses aînes furent la cause des troubles qui agitèrent la fin du règne de Louis et de la mésintelligence qui exista entre ses frères. Il s’unit à Louis le Germanique pour combattre Lothaire, leur frère aîné, qui voulait les exclure du partage de l’empire, et tous deux remportèrent en 841 la bataille de Fontenay en Bourgogne, dont le résultat fut un partage égal de l’empire entre les trois frères (traité de Verdun, 843) : Charles eut la France. Il y réunit dans la suite, soit par conquête, soit par héritage, plusieurs autres États, notamment la Provence et la Lotharingie, qu’il dut néanmoins partager avec Louis le Germanique (traité de Mersen) ; il se fit couronner empereur en 875 par le pape Jean VIII. Ce prince vit son royaume désolé par les Normands, auxquels il donna de grosses sommes pour les engager à se retirer. La nation, mécontente, le déposa en 856 ; mais il se fit rétablir en 859 par l’appui des évêques. Il eut plusieurs guerres à soutenir pour conserver l’Aquitaine, qu’il détenait au préjudice de son oncle Pépin II. S’étant rendu en Italie pour concerter avec le pape les moyens de repousser les attaques des Sarrasins, il fut forcé de revenir en France pour soutenir une guerre contre ses neveux, fils de Louis le Germanique, qu’il avait dépouillés après la mort de leur père ; il se fit battre à Andernach, 876. Il fut peu après saisi d’une violente maladie, et mourut, en 877 au village de Brios au pied du mont Cenis : on prétendit qu’il avait été empoisonné par son médecin Sédécias. C’est de Charles le Chauve que date la puissance féodale (V. QUIERZY-SUR-OISE) et l’affaiblissement de la race carlovingienne. Il a laissé des capitulaires, qui ont été joints à ceux de Charlemagne.

CHARLES, dit le Gros, régent de France sous Charles le Simple. V. CHARLES III, empereur.

CHARLES III, dit le Simple, fils posthume de Louis le Bègue, né en 879. Après la mort de Louis III et