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de Louis, duc d'Orléans. Il épousa en 1491 Anne, héritière de Bretagne, et assura ainsi cette importante province à la France. Jeune et ambitieux, il voulut conquérir le royaume de Naples, faisant valoir des droits que les derniers princes de la maison d'Anjou avaient légués à sa famille. Il fit en effet cette conquête avec une étonnante rapidité, et se rendit maître de Naples cinq mois après son départ (1495); mais le pape, l'empereur, les Vénitiens, Sforce, duc de Milan, Ferdinand d'Aragon, Isabelle de Castille, s'étant ligués contre lui, il se vit à son retour attaqué près de Fornoue par 40 000 confédérés : il les battit avec 9000 hommes, et réussit à rentrer dans ses États ; mais les troupes qu'il avait laissées à Naples en furent bientôt chassées, et il perdit sa conquête plus vite encore qu'il ne l'avait faite. Il mourut en 1498. Comme il ne laissait pas d'enfants, le duc d'Orléans, son cousin, lui succéda sous le nom de Louis XII. Godefroy et Philippe de Ségur ont écrit son Histoire.

CHARLES IX, 2e fils de Henri II et de Catherine de Médicis, né en 1550, succéda à son frère François II en 1560. La régence fut confiée à Catherine de Médicis dont les intrigues troublèrent la France. Sous ce règne, le royaume fut déchiré par les guerres des Catholiques et des Protestants : le colloque de Poissy, où l'on tenta de concilier les deux partis (1561), n'ayant produit aucun résultat, les Protestants prirent les armes, ayant à leur tête le prince de Condé; après quelques succès, ils furent battus à Dreux par le duc de Guise (1562), à St-Denis par le connétable de Montmorency (1567), à Jarnac et à Moncontour par le duc d'Anjou, depuis Henri III (1569). Enfin, la paix fut signée à St-Germain (1570), et le mariage de la sœur du roi avec un jeune prince protestant, le roi de Navarre, depuis Henri IV, semblait être le gage d'une réconciliation durable, lorsque dans la nuit de la St-Barthélemy (24 août 1572), et pendant les réjouissances mêmes du mariage, Charles IX, cédant aux instigations de sa mère, ordonna le massacre des Protestants sur tous les points de la France à la fois. Ce roi fanatique encourageait lui-même les meurtriers : on dit même qu'il tira sur les Protestants des fenêtres du Louvre; il insulta aux restes de Coligny. Il mourut en 1574, victime de ses débauches et déchiré de remords. C'est sous son règne que fut rendue, sur la proposition de L'Hôpital, l'ordonnance de Moulins (1566), qui réglait les successions et déclarait le domaine royal inaliénable. Ce prince, qui avait reçu les leçons d'Amyot, était instruit et cultivait les lettres : on a de lui de jolis vers et un traité de la Chasse royale, publié pour la 1re fois en 1625, réimprimé par H. Chevreul, 1858.

CHARLES X. Ce nom fut donné par les Ligueurs au cardinal de Bourbon. V. BOURBON (cardinal de).

CHARLES X (Charles Philippe), roi de France, né en 1757 à Versailles, mort en 1836, à Gœritz, en Illyrie, était le 4e fils du Dauphin, fils de Louis XV, et était frère de Louis XVI et de Louis XVIII; il porta avant son avènement le titre de comte d'Artois. Il émigra des premiers, en 1789, parcourut les diverses cours de l'Europe pour chercher des défenseurs à la cause royale et assista aux conférences de Pilnitz, 1791. Nommé par Monsieur lieutenant général du royaume après la mort de Louis XVII, il voulut opérer, avec le secours des Anglais, un débarquement a l'Ile-Dieu sur les côtes de la Vendée (1795), mais il n'y put réussir. En 1814, il pénétra en Franche-Comté, à la suite des alliés, et fit son entrée à Paris le 12 avril. Au premier moment, il sut se concilier les esprits par l'aménité de ses manières; mais il se perdit bientôt dans l'opinion en signant, avec un empressement que condamna Louis XVIII même, un traité qui enlevait à la France toutes les places conquises depuis 1792. Après le 2e retour de Louis XVIII (1815), il se tint éloigné des affaires et employa tout son temps soit à la chasse qui était pour lui une passion, soit à des pratiques religieuses; néanmoins il était le chef occulte du parti ultra-royaliste. La mort de Louis XVIII l'appela au trône en 1824; il fut sacré à Reims l'année suivante. Il débuta par quelques mesures libérales et abolit la censure des journaux, mais il ne tarda pas à se jeter dans les bras des ultra-royalistes, dont M. de Villèle était le chef, et s'aliéna l'opinion par la loi du sacrilège, la concession d'un milliard d'indemnité aux émigrés, le licenciement de la garde nationale, le rétablissement de la censure (1825-27). Pour calmer les mécontents, il forma en janvier 1828 un ministère modéré, présidé par M. de Martignac. Ce ministère réparateur avait déjà réussi à ramener les esprits, lorsqu'il fut brusquement congédié et remplacé, le 8 août 1829, par le ministère Polignac, qui fit renaître toutes les défiances. En effet, peu de mois après, et malgré le respectueux avertissement donné par l'adresse des 221 députés, parurent des ordonnances qui dissolvaient les chambres, convoquaient les colléges électoraux en changeant de mode d'élection, et suspendaient la liberté de la presse (25 juillet 1830). Ces ordonnances inconstitutionnelles excitèrent immédiatement un soulèvement universel, et en trois jours Charles X fut renversé du trône (27, 28 et 29 juillet 1830). Il abdiqua en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux, mais cette abdication tardive resta sans effet. Deux événements glorieux se sont accomplis sous le règne de Charles X : l'intervention en faveur des Grecs, qui eut pour résultat la victoire de Navarin (6 juillet 1827) et amena l'affranchissement de la Grèce (1830); l'expédition contre le dey d'Alger, qui avait insulté notre consul, expédition que couronna la prise d'Alger (6 juillet 1830). Le roi déchu se retira d'abord au château d'Holy-Rood, en Écosse, puis à celui de Hradschin près de Prague, et enfin à Gœritz, où il mourut dans sa 80e année. Ce prince avait épousé en 1773 Marie-Thérèse de Savoie, dont il avait eu deux fils, le duc d'Angoulême et le duc de Berry, assassiné en 1820.

Princes français et rois de Navarre.

CHARLES DE FRANCE, dit aussi CHARLES DE LORRAINE, 2e fils de Louis d'Outremer, et frère de Lothaire, n'obtint, à la mort de son père, aucune part dans ses États; il reçut en 977 de l'empereur Othon II le duché de Basse-Lorraine (Brabant), sur lequel il avait des droits par sa mère, et consentit à en faire hommage à l'empereur. Le trône de France étant venu à vaquer en 987, par la mort de son neveu Louis le Fainéant, Charles devait y être appelé comme le plus proche parent mâle, mais Hugues Capet le fit exclure, par la raison qu'il était vassal de l'empire. Charles tenta tardivement de faire valoir son droit par les armes; après avoir obtenu quelques avantages, il fut pris dans la ville de Laon en 991, et renfermé dans la tour d'Orléans, où il mourut en 993. Il laissait deux fils, qui se fixèrent en Allemagne et dont la postérité s'éteignit obscurément au XIIIe s.

CHARLES DE VALOIS, fils de Philippe le Hardi, né en 1270, eut en apanage les comtés de Valois et d'Alençon (1285). Il devint en 1290 comte d'Anjou, du Maine et du Perche, par son mariage avec Marguerite , fille aînée de Charles II d'Anjou, roi nominal de Sicile; par un 2e mariage, contracté avec l'héritière de Baudouin II, dernier roi latin de Constantinople, il avait aussi des prétentions sur ce trône. Il avait été investi en 1283 du titre de roi d'Aragon, auquel le pape Boniface VIII ajouta celui de vicaire du St-Siége. Quelques succès qu'il obtint en Italie contre les ennemis du pape lui valurent en outre le surnom de Défenseur de l'Église. Envoyé en 1324 par le roi de France, Charles le Bel, son neveu, pour enlever la Guyenne et la Flandre au roi d'Angleterre Édouard II, il contribua, par la prise de plusieurs villes, à accélérer là paix, qui fut conclue entre le roi de France et la sœur de ce prince, Isabelle, reine d'Angleterre. Il mourut l'année suivante à Nogent, laissant un fils qui monta sur le trône de France sous le nom de Philippe VI, et commença la branche de Valois. On a dit de Charles qu'il fut fils de roi,