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plois publics et au titre de mandarins (V. ce mot). Après la classe des lettrés vient celle des agriculteurs, puis en 3e et 4e rang, les industriels et les commerçants. L’empereur est chef de la religion en même temps que de l’État. Il réside d’ordinaire à Pékin. On évalue les forces militaires à 1 300 000 hommes, mais ces troupes sont mal armées et mal exercées ; elles emploient encore l’arc et la flèche. Leur artillerie est lourde, très-mauvaise et leur tactique peu savante. — Trois cultes différents régnent en Chine : 1° celui d’Yu, restauré par Confucius (Koung-fou-tsée), qui est la religion de l’État et des classes les plus élevées ; ce culte reconnaît un Être suprême ; il a des temples, mais point de prêtres (l’empereur seul remplit les devoirs religieux au nom de tout le peuple) ; ce culte recommande surtout la piété filiale, le respect pour la vieillesse et le culte des morts ; 2° celui de Tao-tsé ou de la Raison primitive, culte établi 600 ans av. notre ère par le philosophe Lao-Tseu, mais qui a dégénéré en une sorte de polythéisme : les prêtres de cette religion s’occupent de magie et d’astrologie ; 3° celui de Bouddha, en chinois Fo (V. BOUDDHISME). On trouve aussi dans la Chine des Musulmans, des Juifs et quelques Chrétiens, qui sont pour la plupart des Chinois convertis par les Jésuites. Après avoir été accueillis avec faveur, surtout aux XVIIe et XVIIIe s. (V. AMIOT, DUHALDE, LEGOBIEN, MAILLA, PARENNIN, etc.), les Chrétiens y sont devenus l’objet de cruelles persécutions.

Histoire. Les Chinois se donnent une antiquité merveilleuse ; leurs annales ne comprendraient pas moins de 80 à 100 000 ans. Cependant on peut raisonnablement placer vers le XXXe siècle av. J.-C. l’existence de Fo-hi, leur 1er législateur, et celle de Yen-ti ou Chin-nong, leur 1er agriculteur. C’est à partir de l’an 2637 av. J.-C., sous le règne de Houang-ti, 3e souverain de la Chine, que les Chinois font commencer leur ère historique et qu’ils comptent leurs cycles, dont la durée est 60 ans. L’histoire nomme six successeurs de Houang-ti (parmi lesquels on distingne Yao), jusqu’à l’an 2197, époque de l’avénement de Yu, chef de la dynastie Hia, 1re dynastie impériale. Du Xe au IIIe s. av. J.-C., sous la dynastie des Tchéou-kue, c.-à-d. des rois combattants, la Chine fut morcelée en un nombre infini d’États indépendants, perpétuellement en guerre les uns contre les autres. Enfin l’an 247 av. J.-C., Thsin-chi-hoang-ti, de la dynastie des Thsin, réunit sous son empire toute la Chine (qui prit de lui son nom), repoussa les invasions des Mongols et construisit la grande muraille, qui sépare la Chine de la Mongolie, 214. À la dynastie des Thsin succéda celle des Han (de 202 av. J.-C. à 226 après J.-C.) : elle agrandit l’empire par de vastes conquêtes, encouragea les sciences et les lettres, et fit recueillir les ouvrages de Confucius, mort l’an 479 av. J.-C. Au IIe siècle de notre ère, époque des grandes migrations des nations de l’Asie, la Chine eut à subir plusieurs invasions et finit par se diviser en deux empires : celui du nord, et celui du sud où se succédèrent plusieurs dynasties. Ces deux empires furent enfin réunis sous l’empereur Li-ang (618), fondateur de la dynastie Tang, qui conserva le pouvoir pendant trois siècles. Du IXe au XIIIe s., la Chine fut ravagée par les invasions continuelles des Mongols et des Tartares. En 1225, les Tartares avaient conquis toute la partie septentrionale jusqu’au fleuve Bleu et avaient soumis à un tribut les rois de la dynastie Song, qui occupaient les provinces au S. de ce fleuve. Ceux-ci appelèrent à leur recours les Mongols : Koublaï-Khan, leur chef, repoussa en effet les Tartares (1260), mais il chassa bientôt après les rois Song eux-mêmes, et devint ainsi maître de la Chine entière ; il fonda la dynastie Yen (1279). Les princes de cette dynastie respectèrent les mœurs et les usages du peuple vaincu ; cependant ils ne purent maintenir longtemps leur domination, et, sous le règne de Choun-ti (1368), un Chinois nommé Tchou souleva la population contre les étrangers, expulsa les Mongols et monta sur le trône sous le nom de Taï-tsou. Ses successeurs, appelés Mings, régnèrent jusqu’en 1644, et furent presque tous des princes distingués : c’est sous le règne de l’un d’eux que les Portugais abordèrent à Macao, en 1514, et obtinrent le droit de commercer avec la Chine. Enfin, par une dernière révolution, les Tartares Mandchoux, à qui l’empereur Chin-tsong avait permis, depuis l’an 1573, de s’établir dans les provinces septentrionales, s’emparèrent de Pékin, et détrônèrent le prince régnant, Tchang-ti ; leur chef, Choun-tchi, se fit proclamer empereur de toute la Chine (1644), et commença la dynastie des Tsin, qui règne encore. C’est surtout sous la dynastie mandchoue que l’empire chinois a atteint l’immense étendue qu’il possède actuellement : Kang-hi (1662-1723) soumit toute la Mongolie et l’île Formose ; Kien-long (1735) conquit le Thibet, le Kachgar, la Dzoungarie, et étendit son empire jusqu’à la Boukharie et aux frontières de l’Hindoustan. En 1795, il abdiqua en faveur de son fils Kia-king dont le règne fut troublé par des séditions continuelles. Mian-ning, fils de ce dernier, surnommé Tao-kouang (splendeur de la raison), ne craignit point, en 1840, de déclarer la guerre aux Anglais, qui, malgré ses défenses, avaient importé de l’opium dans ses États : cette guerre s’est, après une faible résistance des Chinois, terminée à l’avantage de l’Angleterre, qui, par le traité de 1842, a obtenu l’ouverture de 5 ports. Peu d’années après, en 1850, éclatait en Chine une vaste insurrection, dirigée par un descendant de la dynastie des Ming, Teen-teh : les insurgés, partis de la prov. de Kwang-si, se sont emparés en 1853 de Nankin ; ils sont maîtres auj. d’une moitié de l’empire. En 1856, à la suite d’insultes faites par des Chinois au pavillon de l’Angleterre, les Anglais, unis cette fois aux Français, déclarèrent de nouveau la guerre à l’empire chinois : Canton fut bombardé et occupé par les alliés (1857), et l’empereur Hien-foung, fut obligé de signer, le 28 juin 1858, le traité de Tien-tsin, qui ouvrait de nouveaux ports et accordait de nouveaux avantages aux Européens. Les Chinois ayant refusé d’exécuter quelques-unes des clauses du traité, les Anglais et les Français réunis forcèrent, le 21 août 1860, après une vive résistance, l’entrée du Peïho, fleuve qui conduit à Pékin ; bientôt après, ils entrèrent en vainqueurs dans Pékin même et l’empereur eut à souscrire à de plus dures conditions.

CHING-KING, prov. de l’empire chinois, dans la Mandchourie, bornée à l’O. par le Pétchi-li, à l’E. par la Corée, au S. par la mer ; 500 kil. sur 300 ; 680 000 hab. Capit., Ching-yang ou Moukden.

CHINIAC DE LA BASTIDE (Pierre), savant magistrat, né en 1741 près de Brives, mort vers 1802, fut successivement avocat au parlement de Paris, lieutenant de sénéchaussée et président du tribunal criminel de la Seine (1796). Il s’est occupé de recherches sur le droit ecclésiastique et les antiquités nationales. On lui doit un Discours sur la religion gauloise, 1769, et une édition de l’Histoire des Celtes de Pelloutier, 1770. — Matthieu, son frère, 1739-1802, entreprit un Abrégé de l’Histoire littéraire de la France (des Bénédictins), 1772, ouvrage qui n’a pas été achevé, et publia une curieuse Dissertation sur les Basques, 1786.

CHINON, ch.-l. d’arr. (Indre-et-Loire), à 44 kil. S. O. de Tours ; 6911 hab. Trib. de 1re instance ; collége. Fabrique de toiles et de lainages. Commerce en grains, vins, fruits, pruneaux de Tours. Patrie de Rabelais. — Chinon était jadis fortifié : il a soutenu plusieurs siéges. Henri II et Richard I, rois d’Angleterre, y moururent. Philippe-Auguste s’en empara en 1205. Charles VII y résidait quand Jeanne d’Arc lui fut présentée.

CHIO. V. CHIOS.

CHIOGGIA ou CHIOZZA, Fossa Claudia, v. ce