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nicki organisa une révolte générale, défit et prit à Korsoum le vainqueur de Boworwica, Nicolas Potocki, et, profitant de la mort du roi Wladislas, envahit la Pologne et contraignit la diète à élire roi Jean Casimir (1648). Ce prince reconnut Chmielnicki comme hetman des Cosaques ; toutefois il se déclara bientôt contre lui ; mais il fut défait à Zborow et forcé de recevoir les conditions que lui dicta le vainqueur. Malgré ces victoires, Chmielnicki, craignant de ne pouvoir continuer la lutte avec avantage, signa avec les Russes, en 1654, un traité par lequel les Cosaques de l'Ukraine reconnaissaient la souveraineté de la Russie. Il mourut trois ans après (1657).

CHOA, pays d'Abyssinie, à l'E. du Gondar, compte env. 1 500 000 hab. et a pour v. principales Ankober, Tégoulet, anc. capitale, auj. ruinée, et Choa, résidence d'un négus. V. ANKOBEH.

CHOASPE ou EULÉE, Choaspes, Eulæus, auj. Kara-Sou ou Kerkak, riv. formée de 2 branches, venant, l'une du pays des Uxii (coulant du N. au S.), l'autre de la Parétacène (de l'O. à l'E.), baignait la Susiane et se joignait à une des bouches de l'Euphrate. Eaux limpides. — Fleuve de l'Inde, affluent du Cophès, arrosait le Paropamisus. C'est auj. l’Alischang.

CHOCO, riche prov. de la N.-Grenade, dans le dép. de Cauca, à l'O. de la prov. d'Antioquia, est traversée par le fleuve Atrato. Elle compte env. 30 000 hab. et a pour ch.-l. Quibdo. Mines d'or et de platine.

CHOCZIM ou KHOTIN, v. de la Russie d'Europe (Bessarabie), sur le Dniestr, à 60 k. N. E. de Czernowitz et en face de Kaminiec ; 12 000 h. Bonne citadelle ; position importante. Souvent prise et reprise par les Polonais, les Turcs et les Russes. Les Turcs y furent battus en 1673 par le Polonais Sobiesky, et en 1739 par les Russes.

CHODORLAHOMOR, roi de l'Élymaïde du temps d'Abraham, étendit ses conquêtes jusqu'à la mer Morte, et fit prisonnier Loth qui occupait une partie de la terre de Chanaan. Abraham accourut avec ses serviteurs au secours de son neveu, battit Chodorlahomor, et délivra Loth.

CHOERILUS. On connaît sous ce nom 2 poëtes grecs : un poëte dramatique d'Athènes, contemporain et rival de Phrynicus et d'Eschyle (VIe s. av. J.-C.), qui excella dans la tragédie et le drame satirique. On a de lui quelques fragments (dans la collect. Didot). On lui attribue l'invention des masques ; — un poëte épique du Ve s. av. J.-C., natif de Samos, auteur d'un poëme sur la 2e guerre médique. Les Athéniens lui donnèrent un stater d'or pour chacun de ses vers, et ordonnèrent que son poëme fût chanté publiquement comme ceux d'Homère. Il en reste des fragments, qui ont été publ. par Næke, Leipsick, 1817.

CHOISEUL, bourg de la Hte Marne, à 20 k. N. E. de Langres ; 400 h. Anc. seigneurie d'où prend son nom l'illustre maison de Choiseul.

CHOISEUL, famille illustre de Champagne, issue des comtes de Langres, a pour chef Raynard III, comte de Langres et sire de Choiseul, qui épousa en 1182 Alix de Dreux, petite-fille de Louis le Gros. Elle a formé les branches de Langres, de Clémont, d’Aigremont, de Beaugré, d’Aillecourt, de Francières, de Praslin, du Plessis, etc. Elle a produit plusieurs maréchaux : Charles de Choiseul, comte du Plessis-Praslin (1563-1626), qui servit sous Henri IV et Louis XIII ; César, duc de Choiseul (1598-1675), qui défit Turenne à Réthel (1650), alors que celui-ci commandait l'armée espagnole ; Claude, comte de Choiseul-Francières (1632-1711), qui se distingua au combat de Senef contre les Hollandais et fut fait maréchal en 1693 ; un ministre célèbre, un ambassadeur, etc. V. ci-après.

CHOISEUL (Ét. Franç. de), duc de Choiseul et d'Amboise, connu d'abord sous le nom de comte de Stainville, ministre d'État, né en 1719, mort en 1785, quitta la carrière militaire pour s'adonner à la politique ; sut se concilier la faveur de Mme de Pompadour, et obtint ainsi d'être nommé ambassadeur à Rome, puis à Vienne, et ministre des relations extérieures (1758). A peu d'intervalle de là, il fut créé duc et pair ; il reçut le portefeuille de la guerre en 1761, en remettant celui des affaires étrangères à son cousin le duc de Praslin ; en 1763, il reçut en outre le ministère de la marine. Après la mort de Mme de Pompadour, le dédain qu'il montra pour la nouvelle favorite, la comtesse du Barry, le fit disgracier (1770); il sa retira dans sa terre de Chanteloup, où il reçut les témoignages de l'estime publique. Le duc de Choiseul a été mis au rang de nos plus grands ministres : il réorganisa l'armée, créa l’École militaire, releva la marine, fit prospérer les colonies, signale le Pacte de famille qui réunissait tous les princes de la maison de Bourbon contre l'Angleterre, réunit la Corse à la France (1768), et s'opposa aux projets ambitieux de la Russie sur la Pologne. C'est lui qui provoqua la bannissement des Jésuites (1762). On a publié sous son nom, en 1790, des Mémoires qui ne sont nullement authentiques.

CHOISEUL-GOUFFIER (Marie Gabriel), ambassadeur à Constantinople, né en 1752, mort en 1817, occupait une place distinguée parmi les savants. Dès 1776, il avait fait un voyage en Grèce et avait recueilli des matériaux précieux pour les sciences et les arts. Il les consigna dans son Voyage pittoresque en Grèce, dont deux volumes parurent de son vivant, en 1782 et 1809, et un 3e après sa mort, en 1824. Il fut admis dès 1776 à l'Académie des inscriptions, et en 1784 à l'Académie française. Il était ambassadeur à Constantinople lorsque éclata la Révolution : il se retira en Russie où il resta jusqu'en 1802, époque de sa rentrée en France. Sous la Restauration, il fut ministre d'État et membre du conseil privé. Choiseul fut le protecteur et l'ami de plusieurs savants, entre autres de l'abbé Barthélémy et de Delille. On distingue parmi ses Mémoires une Dissertation sur Homère, un Mémoire sur l'hippodrome d'Olympie, et des Recherches sur l'origine du Bosphore de Thrace. Il a laissé une précieuse collection d'antiquités, acquise par le musée du Louvre.

CHOISEUL (Gabriel, duc de), pair de France, né en 1762, mort en 1839, était neveu du ministre et fut élevé par lui. Colonel de dragons en 1791, il coopéra à la tentative d'évasion de Louis XVI, fut pour ce fait arrêté à Verdun, et ne recouvra la liberté que lors de l'acceptation de la constitution par le roi. Chevalier d'honneur de la reine, il resta auprès d'elle jusqu'à son incarcération au Temple, et n'émigra que quand sa tête eut été mise à prix. Arrêté en 1795 à Calais à la suite d'un naufrage, il échappa au supplice à la faveur de la révolution du 18 brumaire, et en fut quitte pour être déporté. Il rentra dans sa patrie en 1801, fut, à la Restauration, appelé à la Chambre des Pairs, s'y posa en défenseur des institutions constitutionnelles, opina pour un simple exil dans le procès du maréchal Ney, défendit en 1820 le général Merlin impliqué dans une conspiration, se démit, à l'avènement du ministre Villèle, des fonctions de major général de la garde nationale, et devint tellement populaire qu'à la révolution de 1830 son nom fut porté, avec ceux du maréchal Gérard et La Fayette, sur la liste du gouvernement provisoire. Dévoué à la nouvelle monarchie, il lui donna un constant appui. Le duc de Choiseul a laissé des Mémoires, dont il n'a paru que quelques fragments : Départ de Louis XVI le 20 juin 1791, Paris, 1822 ; Procès des naufragés de Calais, 1823.

CHOISY (l'abbé de), prieur de St-Lô et grand doyen de la cathédrale de Bayeux, membre de l'Académie française, né à Paris en 1644, mort en 1724. Son père était chancelier du duc Gaston d'Orléans, et sa mère arrière-petite-fille du chancelier de L'Hospital. Jusqu'à l'âge de 30 ans, bien que pourvu de plusieurs abbayes, il porta l'habit féminin, et, sous le nom de la comtesse de Barres, se livra aux excès les plus scandaleux. En 1676, il se rendit à