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par leur exactitude, reconnut le déplacement de l'apogée du soleil, calcula les résultats de la précession des équinoxes, et fixa la durée de l'année à 365 j. 5 h. 46' 24". Il a laissé un traité de la Science des étoiles, trad. en latin à Nuremberg, 1537

ALBAY, v. de l'île de Luçon, dans la partie espagnole, env. 20 000 hab. Détruite en 1814 par une éruption d'un volcan, et rebâtie peu après.

ALBE, ALBE-LA-LONGUE, Alba Longa, v. fort anc. du Latium, à 20 kil. au S. E. de Rome, s'étendait du flanc septentr. du mont Albain jusque sur la rive orient. de l’Albanus lacus. On en rapporte la fondation à Ascagne, fils d'Énée, qui y régna 8 ans (vers 1144-1136 av. J.-C.). On donne à ce prince 13 successeurs (V. l’Atlas universel). On ajoute que la population surabondante d'Albe donna naissance à des colonies qui fondèrent plusieurs villes latines, et qu'Albe est ainsi la mère de Rome. L'an 89 de Rome (665 av. J.-C.), Albe fut prise et détruite par les Romains (V. TULLUS HOSTILIUS). – Le vin d'Albe était fort estimé à Rome. On recherchait aussi les pierres des environs : c'est en pierres d'Albe que sont construits les fondements du Capitole. – Pour le lac d'Albe, V. ALBANO.

ALBE, v. d'Espagne. V. ALBA DE TORMÈS.

ALBE JULIE. V. AKERMAN, CARLSBOURG et WEISSEMBOURG. – ALBE ROYALE. V. STUHLWEISSEMBOURG.

ALBE (Ferd. Alvarez de TOLÈDE, duc d'), général et homme d'État sous Charles-Quint et Philippe II, né en 1508, d'une des plus illustres familles d'Espagne. Parvenu après de longs services au commandement en chef des armées impériales, il déploya des talents supérieurs, qu'on n'avait pas soupçonnés jusque-là, gagna en 1547 sur l'électeur de Saxe la bataille de Mühlberg, et remporta plusieurs avantages en Lorraine sur les Français, et en Italie sur le pape. Il fut nommé en 1566 gouverneur des Pays-Bas pour Philippe II, avec le titre de vice-roi, et investi d'un pouvoir absolu afin de réprimer les troubles qu'y avaient excités les dissensions religieuses : il établit, à cet effet, sous le titre de Conseil des troubles, un tribunal qui déploya tant de rigueur qu'on ne l'appela que le Conseil de sang, et que tout le pays se souleva bientôt. Il remporta de grands avantages sur les insurgés, à la tête desquels s'était mis le prince d'Orange, mais il ne put les réduire entièrement; et, dégoûté d'une lutte perpétuelle, il finit par demander lui-même son rappel (1513). Il quitta ce malheureux pays au bout de sept ans, après l'avoir hérissé de forteresses et inondé de sang, laissant la réputation d'un grand capitaine, mais d'un homme impitoyable. A son retour en Espagne, il resta pendant quelque temps en disgrâce; il fut même exilé par suite d'une intrigue de cour; mais en 1581, Philippe le rappela pour le mettre à la tête d'une armée qu'il envoyait en Portugal. Le duc d'Albe réussit à soumettre le pays, chassa don Antonio, prince de Crato, qui avait été proclamé roi, et s'empara de Lisbonne; mais il y laissa commettre des cruautés qui souillèrent sa victoire. Il mourut peu après en 1582, à 74 ans. Sa vie a été publiée à Paris, 2, vol. in-12, 1698. Le nom sous lequel il est connu lui vient de son château d'Alba-de-Tormès.

ALBECK, village de Wurtemberg, à 10 kil. N. E. d'Ulm. Mack et 25 000 Autrichiens y furent défaits par 6000 Français en 1805.

ALBEMARLE, v. de Normandie, auj. AUMALE (V. ce nom), donnait son nom à un duché. Le titre de duc d'Albemarle s'est conservé en Angleterre; mais il n'y est plus que nominal. Ce titre fut donné à Monk et à Van Keppel.

ALBENGA, Alba Ingaunorum ou Albingaunum, v. des États sardes à 64 kil. S. O. de Gênes, sur la Centa; 4000 hab. Évêché. – Anc. capit. des Ingauni.

ALBENS, ch-l. de c. (Savoie), arr. de Chambéry, à 30 k. N. N. E. d'Aix; 1543 h. Antiquités; grains, bétail.

ALBÉRÈS, montagnes du Roussillon, se rattachant aux Pyrénées. Les Espagnols y furent vaincus par Dugommier les 27 et 30 avril 1794.

ALBERGATI CAPACELLI (François, marquis), littérateur italien, né à Bologne vers 1740, mort en 1804, fut sénateur dans sa patrie. D'une imagination fougueuse, il se laissa entrainer aux plus blâmables excès et fit le malheur de sa famille. Passionné pour la comédie, il avait établi un théâtre dans son palais. On a de lui des Comédies, correctement écrites, et qui prouvent une grande connaissance des mœurs du temps, et des Nouvelles où l'on trouve trop de licence. La plus estimée de ses comédies est le Préjugé du faux honneur.

ALBÉRIC I, gentilhomme lombard, fut fait marquis de Camerino, puis duc de Spolète, par Bérenger I, devenu roi d'Italie. Il épousa vers 906 Marosie, qui s'était emparée du château St-Ange et dominait à Rome, et devint ainsi maître d'une grande partie de l'Italie centrale. Il repoussa les Sarrasins, mais il appela les Hongrois pour le soutenir contre le pape Jean X, et fut massacré par les Romains, en 925, après la retraite des barbares.

ALBÉRIC II, de Camerino, fils d'Albéric I et de Marosie, porta le titre de premier baron de Rome, fut reconnu en 932 seigneur de cette ville après en avoir chassé Hugues de Provence, roi d'Italie, 3e époux de sa mère, et y exerça pendant 23 ans un pouvoir dictatorial, avec les titres de patrice et de consul. Il était frère du pape Jean XI. – Son fils Octavien Albéric lui succéda, et devint pape sous le nom de Jean XII. V. ce nom.

ALBÉRIC, religieux de l'ordre de Cîteaux, qu'on croit avoir été moine de l'abbaye des Trois-Fontaines, vivait au XIIIe siècle. Il a laissé une Chronique qui va depuis la création jusqu'en 1241, imprimée dans les Historiens des Gaules et de la France.

ALBERONI (Jules), cardinal, ministre du roi d'Espagne Philippe V, né en 1664, m. en 1752, à 88 ans, était fils d'un jardinier de Firenzuola près de Plaisance. Il dut sa fortune au duc de Vendôme, qu'il avait connu pendant les guerres d'Italie, et auquel il sut plaire par son esprit vif et enjoué. Il suivit ce seigneur en France, puis l'accompagna en Espagne, et s'y fit connaître avantageusement de Philippe V. Le duc de Parme l'ayant nommé son agent politique à Madrid, il réussit à marier une princesse de la famille du duc, Élisabeth Farnèse, au roi d'Espagne, et à faire éloigner la princesse des Ursins, qui avait été jusque-là toute puissante et à laquelle il avait lui-même les plus grandes obligations. La jeune reine le fit nommer cardinal, grand d'Espagne, et premier ministre, 1715. Albéroni forma dès lors de vastes desseins en faveur de l'Espagne, voulut placer Philippe V sur le trône de France et mit toute l'Europe en mouvement. Mais le duc d'Orléans, alors régent, s'étant ligué contre lui avec le roi d'Angleterre, déjoua tous ses projets, porta la guerre en Espagne, obtint plusieurs avantages sur terre et sur mer, et n'accorda la paix à Philippe V qu'à la condition qu'Albéroni serait renvoyé. Le premier ministre reçut en conséquence l'ordre de quitter l'Espagne (5 déc. 1719). Après avoir quelque temps erré de ville en ville, réduit à se cacher, il se rendit à Rome, où le pape Innocent XIII fit examiner sa conduite : il fut enfermé pour 4 ans dans un couvent; mais dès 1723, il fut rétabli dans tous ses droits de cardinal; il jouit même d'une assez grande faveur à la cour de Rome jusqu'à sa mort.

ALBERT, ch.-l. de cant. (Somme), à 23 kil. N. O. de Péronne; 3433 hab. Anc. seigneurie, qui porta d'abord le nom d’Antre (V. ce mot), et dont le nom fut changé en celui d'Albert après la chute du maréchal d'Antre et la transmission de la seigneurie à la maison d'Albert. Cette maison, issue des Alberti de Florence, s'était établie dans le Comtat Venaissin au commencement du XVe siècle. Ses principales branches sont celles des seigneurs de Luynes et de Chaulnes. V. ces noms.