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à l'Espagne, où régnaient Ferdinand et Isabelle, et obtint, après 8 ans de sollicitations, trois vaisseaux avec lesquels il s'embarqua au port de Palos, en Andalousie, le 3 août 1492. Au bout de 65 jours de navigation, pendant lesquels il eut souvent à lutter contre les terreurs et l'insubordination de son équipage, il découvrit la terre, le 8 octobre 1492 : il croyait être parvenu aux extrémités E. de l'Asie, ce qui fit donner à ces nouvelles contrées le nom d’Indes orientales. Il aborda d'abord dans une des Lucayes, qu'il appela San-Salvador, découvrit ensuite Cuba et Haïti, à laquelle il donna le nom d’Hispaniola, et revint en Espagne en mars 1493. Il fut nommé vice-roi des pays qu'il avait découverts. En sept. 1493, il entreprit un 2e voyage, découvrit la plupart des Petites-Antilles, soumit Haïti et y fonda la ville de Saint-Domingue. Dans un 3e voyage, exécuté en 1498, il découvrit le continent et parcourut la côte de l'Amérique méridionale depuis l'embouchure de l'Orénoque jusqu'à Caracas; enfin, dans une 4e et dernière expédition, en 1502, il poussa jusqu'au golfe de Darien. Colomb eut plusieurs fois à réprimer des révoltes parmi ses compagnons; il eut aussi cruellement à souffrir de l'envie. Accusé après son premier voyage par ceux qu'il avait châtiés, il les confondit aisément; mais pendant sa 3e expédition, il devint la victime de la calomnie, fut dépouillé de son commandement, et remplacé par Bovadilla, qui le renvoya en Espagne chargé de fers. Il obtint facilement sa liberté, mais il ne put recouvrer son crédit, et après son 4e voyage, il se vit négligé par le roi Ferdinand. Il mourut en 1506, accablé d'infirmités et de chagrins. Il n'eut pas même la gloire de donner son nom au continent qu'il avait découvert; cet honneur lui fut enlevé par Améric Vespuce, pilote, qui avait accompagné un de ses lieutenants en 1499, et à qui bientôt on attribua la découverte delà terre ferme. Outre ses découvertes, Colomb a fait faire de grands progrès à la navigation : il se servit le premier de l'astrolabe et sut déterminer exactement à l'aide de cet instrument la position des vaisseaux par la longitude et la latitude. Il ne reste de Colomb que quelques lettres (publ. par Mayor, Londres, 1847). Sa Vie a été écrite par son fils, Fernand Colomb (trad. en français par Cotolendy, 1681); par Bossi (trad. par Urano, 1824), et par Roselly de Lorgues (1856). Washington Irving a donné une histoire estimée des Voyages et aventures de Colomb, trad. par M. P. Merruau, Paris, 1838. Ses travaux ont été chantés par Mme Dubocage et par Barlow. Ses restes, qui avaient été portés à St-Domingue en 1536, ont été transférés à la Havane en 1795. Gênes lui a tout récemment élevé une statue. — Colomb fut accompagné dans ses expéditions par son frère, Barthélemy Colomb, qui lui rendit de grands services : c'est lui qui conquit la plus grande partie de l'île d'Haïti et dirigea la fondation de St-Domingue.

COLOMB (Michel), sculpteur français, né à Tours vers 1430, mort vers 1513. On lui doit le magnifique tombeau du duc de Bretagne, François II, dans la cathédrale de Nantes (1507), et le mausolée de Philibert de Savoie, à Notre-Dame de Brou : cet ouvrage est son chef-d'œuvre. Le nom de cet artiste a été donné à une salle du rez-de-chaussée du Louvre.

COLOMBA (S.), apôtre des Pictes, né en Irlande en 521, mort en 597, avait déjà fondé dans ce pays plusieurs monastères quand il fut obligé de le quitter pour avoir censuré les vices du roi. Il alla en Écosse prêcher les Pictes (565), les convertit, et reçut d'eux l'île d’Hy ou Iona (une des Hébrides), où il fonda le célèbre monastère d’Y-Colm-Kill (Cellule de Colomba). On l'honore le 9 juin.

COLOMBAN (S.), moine, né en Irlande vers 540, mort en 615, parcourut la France pour y réformer les mœurs et fonda le monastère de Luxeuil (590), d'où sortirent tant d'hommes célèbres par leur sainteté et leur science. Ayant osé blâmer les désordres de Brunehaut et de Thierry II, roi de Bourgogne, il fut chassé de Luxeuil; il alla en Lombardie et y fonda le couvent de Bobbio, où il mourut. On a de ce saint une Règle, dans le Codex Regularum, Paris, 1663, et plusieurs écrits recueillis par Thomas Sirin, Louvain, 1667. On l'hon. le 21 nov.

COLOMBE (Ste), vierge qui subit le martyre à Sens, sous Dioclétien, vers 273. On l'hon. le 31 déc.

COLOMBEL (Nic.), peintre, né en 1646 à Sotteville, faubourg de Rouen, mort en 1717, était l'élève le plus distingué de Lesueur. Il fut admis en 1694 à l'Académie de peinture et fut chargé de décorer plusieurs des appartements de Versailles. Ses principaux tableaux sont : Mars et Rhea Sylvia, au Louvre; Moïse sauvé des eaux; Moïse défendant les filles de Jéthro; Jésus guérissant les aveugles à Jéricho. Ses ouvrages sont d'un goût excellent, mais froids.

COLOMBES, vge du dép. de la Seine, à 7 kil. N. O. de Paris; 1663 hab. Anc. château royal où m. en 1669 Henriette de France, reine d'Angleterre. Station.

COLOMBEY, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle), à 21 kil. S. de Toul; 990 hab. Belles fermes.

COLOMBIE (République de), État fédéral de l'Amérique du Sud, ainsi nommé en l'honneur de Christophe Colomb, était composé de la vice-royauté espagnole de la Nouv.-Grenade et de l'anc. capitainerie générale de Caracas et de Vénézuela. Il avait pour bornes : au N. la mer des Antilles ; à l'E., la Guyane, au S. E. l'empire du Brésil; au S. O., l'empire du Pérou; à l'O.,le Grand Océan et l'État de Costa-Rica. Il était partagé en 12 dép. : Cundinamarca, Cauca, l'Isthme ou Panama, Magdalena, Boyaca, l’Équateur, Guayaquil, Assuay, Vénézuela, Zulia, Orenoco et Maturin, et avait pour capit. générale Bogota. — La Colombie, composée de provinces enlevées à l'Espagne, dut principalement son indépendance aux efforts de Bolivar; la république se constitua au congrès d'Angostura le 17 décembre 1819; mais dès l'année 1831, les 12 dép. qui la formaient se séparèrent pour former trois républiques indépendantes. Les cinq premiers formèrent la république de la Nouv-Grenade; les trois suivants, celle de l’Équateur; les quatre derniers, celle de Vénézuela.

COLOMBIE, territoire des États-Unis. V. COLUMBIA.

COLOMBINO, fondat. des Jésuates. V. JÉSUATES.

COLOMBO, capit. de l'île de Ceylan, sur la côte S. O. ; 32 000 hab. Siége du gouverneur anglais, évêché anglican. Belle rade, place forte. Cannelle, bétel, poivre, ivoire, perles. Occupée par les Portugais en 1517; prise par les Hollandais en 1603, et enlevée à ces derniers par les Anglais en 1796.

COLONE, Colonos, auj. Église de Ste-Euphémie, bourg près d'Athènes, célèbre par un bois consacré aux Euménides. C'est là que se retira Œdipe aveugle. Sophocle, qui était né dans ce bourg, y place la scène d’Œdipe à Colone.

COLONIA AGRIPPINA, auj. Cologne.

COLONIES, COLONIES MILITAIRES, etc. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences. V. aussi dans celui-ci les art. ANGLETERRE, FRANCE, ESPAGNE, etc.

COLONNA, famille illustre d'Italie, originaire du bourg de Colonna, près de Rome, et fameuse par sa lutte contre les Orsini, a fourni plusieurs personnages célèbres, entre autres un pape, Martin V (Othon Colonna). Les plus connus sont :

COLONNA (Ægidius), ou GILLES DE ROME, surnommé doctor fundatissimus et theologorum princeps, né à Rome en 1247, mort en 1316. Disciple de S. Thomas, il enseigna avec éclat dans l'université de Paris, devint général des Augustins et archevêque de Bourges en 1295. Il fut chargé en 1278 de l'éducation de Philippe le Bel, et composa pour ce prince le traité De regimine principum, Rome, 1492. Il ne s'en montra pas moins attaché au St-Siége dans la querelle du roi et de Boniface VIII; c'est même à lui qu'on attribue la rédaction de la bulle Unam sanctam, ainsi qu'un traité De ecclesiastica potestate, encore inédit. Il a laissé plusieurs ouvrages de philosophie et de théologie. Il était zélé thomiste et réaliste.