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sure que ce sonnet n'est même pas de lui, et l'attribue à l'abbé de Lavau.

DESBASSYNS DE RICHEMONT (Ph. PANON), administrateur, né en 1774 à St-Paul (Ile Bourbon), d'une riche famille de colons, mort en 1840, fut chargé sous le Consulat et l'Empire, de négociations avec l'Angleterre qu'il mena à bonne fin, fit relâcher en 1811 nos soldats retenus sur les pontons, obtint à la paix la restitution de plusieurs colonies, fut successivement administrateur de nos établissements dans l'Inde, intendant de l'île Bourbon, membre du conseil de l'amirauté, et membre de la Chambre des Députés. Possesseur d'une grande fortune, il en fit un noble usage : il légua 140 000 fr. aux pauvres.

DESBILLONS (le P. Fr. Jos. TERRASSE), poëte latin moderne, né en 1711 à Châteauneuf en Berry, mort en 1789, entra chez les Jésuites, enseigna les humanités avec distinction à Nevers, à Caen, à La Flèche, puis vint à Paris afin de s'y livrer à son goût pour la littérature. Lors de la dissolution de la société des Jésuites, il se retira à Manheim où il resta jusqu'à sa mort. On a de lui 15 livres de fables latines fort estimées, sous le titre de Fabulæ Æsopicæ, Manheim, 1768; deux poëmes : Ars bene valendi, 1788; De Pace christiana, 1789; des Miscellanea, 1792, où l'on trouve des odes, des lettres et deux nouveaux livres de fables. Il s'est beaucoup rapproché de La Fontaine.

DESBORDES-VALMORE (Mme), femme poëte, née à Douai en 1787, morte en 1859, était fille d'un doreur. Luttant contre l'adversité, elle se fit actrice, épousa le tragédien Valmore, puis quitta le théâtre pour les lettres. Elle publia en 1818 un recueil intitulé Élégies et Romances, en 1824 des Élégies nouvelles, en 1833 les Pleurs, en 1839 Pauvres fleurs, toutes poésies remarquables par une émotion vraie ainsi que par un heureux tour d'expression, et qui lui valurent une pension de 1500 fr. et plusieurs couronnes académiques. Elle a aussi donné quelques romans et a composé des Contes pour les enfants.

DESBOULMIERS (J. Aug. JULIEN), homme de lettres, né à Paris en 1731, mort en 1771, avait été capitaine de cavalerie. On a de lui une Histoire du Théâtre-Italien, 1769; une Histoire de l'Opéra-Comique, 1769, et quelques autres œuvres médiocres.

DESCAMISADOS, nom donné en Espagne, de 1820 à 1823, à la fraction la plus violente du parti démocratique; ce mot, qui veut dire sans chemise, répond à notre mot sans-culotte.

DESCAMPS (Jean Baptiste), peintre, membre de l'Académie, né à Dunkerque en 1714, mort en 1791, avait étudié sous L. Coypel, son oncle maternel, et sous Largillière. Il fonda à Rome une école gratuite de dessin. Comme peintre, il excella dans les scènes de village. Il a publié une Vie des peintres flamands, allemands et hollandais, 1753-63, et le Voyage pittoresque de la Flandre et du Brabant, 1769.

DESCARRIÈRES, littérateur. V. HÉRISSANT.

DESCARTES (René), Cartesius, philosophe français, né à La Haye en Touraine l'an 1596, d'une famille noble, étudia à La Flèche sous les Jésuites, se distingua surtout en philosophie et sentit dès lors le vide des doctrines qui étaient en honneur. Il suivit d'abord la carrière des armes et servit comme volontaire sous Maurice de Nassau (1617) et sous le duc de Bavière (1619); mais il quitta le service au bout de peu d'années (1620), se mit à voyager, parcourut l'Allemagne, la Hollande, l'Italie et vint à plusieurs reprises à Paris, où il se lia avec les savants, particulièrement avec Mersenne, Mydorge, Sorbière, Clersellier. Après être resté plusieurs années indécis sur le choix d'un état, il résolut de se livrer tout entier à la méditation. Pour y mieux réussir, il quitta la France, où il eût trouvé trop de distractions, et se retira en Hollande (1629), où il vécut dans la retraite, habitant tantôt Amsterdam, Deventer, La Haye ou Leyde, tantôt les délicieuses solitudes d'Eyndegeest ou d'Egmont. Le premier fruit de ses travaux avait été un Traité du Monde, dans lequel il admettait, comme Galilée, le mouvement de la terre ; mais il supprima prudemment cet ouvrage dès qu'il connut la condamnation du philosophe italien (1633). En 1637 il publia le Discours de la Méthode, avec la Dioptrique, les Météores et la Géométrie, rédigés en français; il y enseignait une méthode nouvelle qui devait faire révolution dans la philosophie, et il présentait comme applications de cette méthode plusieurs de ses plus admirables découvertes. En 1641 parurent les Méditations sur la philosophie première, qu'il rédigea en latin, et qu'il dédia à la Sorbonne ; elles furent suivies en 1644 des Principes de la philosophie, écrits aussi en latin, et où l'auteur présentait l'ensemble de sa doctrine. Ces ouvrages attirèrent à Descartes un grand nombre d'admirateurs, mais ils lui suscitèrent aussi de vives contradictions et même des persécutions. A la tête de ses adversaires se plaça un théologien d'Utrecht, Gisbert Voët, qui l'accusa d'athéisme : peu s'en fallut que ses livres ne fussent brûlés par la main du bourreau (1643); quelques-uns furent mis à l'index à Rome, notamment les Méditations (toutefois, la condamnation ne fut prononcée que longtemps après sa mort, en 1663). Il eut aussi à répondre aux objections toutes philosophiques de Hobbes, de Gassendi, d'Arnauld et d'un grand nombre d'autres. Mais d'un autre côté il comptait d'illustres suffrages : ses principes étaient enseignés dans plusieurs universités; la princesse Élisabeth, fille de l'électeur palatin Frédéric V, recherchait ses entretiens; Mazarin lui accordait une pension de mille écus (1647) ; enfin la reine Christine le pressait de se rendre à sa cour. Flatté de cette invitation, Descartes partit pour Stockholm à la fin de 1649, mais au bout de peu de mois il succomba à la rigueur du climat. Il mourut en 1650, âgé de près de 54 ans. Ses restes furent rapportés en France en 1667, et déposés avec honneur à Ste-Geneviève, mais il ne fut pas permis de prononcer son oraison funèbre. Descartes est regardé comme le rénovateur des sciences. Sentant combien étaient peu solides la plupart des connaissances que les anciens nous ont transmises, il résolut de douter provisoirement de tout et de reconstruire l'édifice entier sur de nouvelles bases en ne se fiant qu'à l'évidence, et en suivant une méthode toute nouvelle. Dans les travaux qu'il entreprit pour opérer cette grande restauration, il faut distinguer le métaphysicien, le mathématicien, le physicien et l'astronome. En Métaphysique il prit pour point de départ ce célèbre enthymème, Je pense, donc je suis, et se servit de cette première vérité pour établir et l'existence de l'âme, à laquelle il donne pour essence la pensée, et l'existence de Dieu, qu'il fonde sur l'idée même que nous en avons, et celle des corps, qu'il fonde sur la véracité de Dieu; il distingua nettement l'esprit de la matière (à laquelle il donne pour essence l’étendue), mais sans expliquer l'action réciproque des deux substances ; il plaça le siége de l'âme dans la glande pinéale et lui donna pour agents les esprits animaux; il réduisit les animaux à n'être que de pures machines; enfin il admit des idées innées. En Mathématiques, il fit faire un pas immense par l'invention d'un nouveau mode de notation en algèbre, celui des exposants, et par l'application de cette science à la géométrie des courbes; ce qui lui permit de résoudre comme en se jouant les problèmes regardés jusqu'alors comme insolubles. En Physique, il découvrit la véritable loi de la réfraction, et proposa la plus exacte théorie de l'arc-en-ciel qu'on pût donner alors; mais il se livra aussi trop souvent, dans l'explication des météores aux hypothèses les plus gratuites. En astronomie, et en cosmologie, il imagina ce fameux système des tourbillons, suivant lequel le soleil et les étoiles fixes sont le centre d'autant de tourbillons de matière subtile qui font circuler autour d'eux les planètes ; mais, moins hardi ou moins franc que Copernic, il ajoutait que