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de Carthage où, selon Virgile, Didon le retint quelque temps, il aborda enfin en Italie après sept années de navigation. A Cumes, la Sibylle le conduisit aux enfers, où il visita l'ombre de son père. Arrivé dans le Latium, il fut bien reçu du roi Latinus, qui lui offrit la main de sa fille Lavinie ; mais Turnus, roi des Rutules, à qui la princesse avait été fiancée, lui déclara la guerre. Après des succès divers, le roi des Rutules fut vaincu et tué par Énée dans un combat singulier. Le vainqueur épousa Lavinie, bâtit en son honneur la ville de Lavinium, et régna plusieurs années sur le Latium (vers 1260). Il eut de Lavinie un fils nommé Sylvius, l'un des ancêtres de Romulus. — On sait que Virgile a fait d'Énée le héros de son Énéide ; il lui donne une piété sans égale.

ÉNÉE le Tacticien, l'un des plus anciens auteurs qui aient écrit sur l'art militaire, vivait, à ce qu'on croit, vers l'an 336 av. J.-C. Ses ouvrages sont perdus. Casaubon a publié sous le nom de cet écrivain un traité De toleranda obsidione, grec-latin, 1609 (réimpr. à Leips. par H. Kœchly, 1803), traduit en français par Beausobre, 1757 : ce n'est qu'un abrégé de l'ouvrage d'Énée, fait par Cinéas.

ÉNÉE de Gaza, philosophe platonicien du Ve siècle, mort en 521, était chrétien et disciple d'Hiéroclès. On a de lui, outre 27 Lettres publ. à Rome en 1499 par Ald. Manuce dans ses Épistolaires grecs, un dialogue sur l'immortalité de l'âme et la résurrection des corps, intitulé Théophraste, Zurich, 1559, qui fut traduit en latin par Ambroise le Camaldule dès 1516. Boissonade en a publié une nouvelle éd., avec la version latine d'Ambroise, Paris, 1836. M. E. Lévêque en a donné une analyse et des extraits, en français (dans le IIe v. de la trad. de Plotin, Par., 1859).

ÉNERVÉS DE JUMIÉGES (les), V. JUMIÉGES.

ÉNÉSIDÈME. V. ÆNÉSIDÈME.

ENFERS, Inferni loci, lieux souterrains où, selon les païens, se rendaient les âmes des morts ; ils avaient Pluton pour dieu et pour roi. L'entrée des Enfers était gardée par Cerbère, chien monstrueux à trois têtes. On y faisait couler 5 fleuves, l'Achéron, le Cocyte, le Styx, le Phlégéthon et le Léthé. Après avoir passé l'Achéron, les morts subissaient le jugement, et ils étaient envoyés soit dans le Tartare, séjour des méchants, qu'entourait le Styx, soit dans les Champs Élysées, séjour heureux des justes, qu'arrosait le Léthé. Les coupables subissaient dans le Tartare des peines variées, appropriées à leurs crimes : on connaît le supplice de Tantale, de Sisyphe, d'Ixion, des Danaïdes, etc. Les poëtes plaçaient généralement l'entrée des Enfers près du marais d'Achérusie en Épire, ou de l'Averne en Italie. Plusieurs héros descendirent aux Enfers et purent néanmoins revenir sur la terre : tels sont Hercule, Thésée, Orphée, Énée, etc. — On trouve chez tous les peuples l'idée d'un enfer : chez les Égyptiens, à qui les Grecs paraissent avoir emprunté leurs traditions à cet égard, il s'appelait l’Amenthès ; chez les Indiens, Patala et Naraka; chez les Juifs, Scheôl ; chez les Perses, Douzakh; chez les Scandinaves, Niftheim. Les Musulmans distinguent 7 enfers, affectés aux coupables des différentes religions, Mahométans, Chrétiens, Sabéens, Juifs, Guèbres, Idolâtres.

ENFIELD, v. d'Angleterre (Middlesex), à 16 k. K. de Londres ; 9500 h. Ruines d'un château royal, résidence d’Édouard VI. Manufacture royale d'armes.

ENFIELD (Will.), ministre anglican, né en 1741 à Sudbury (Suffolk), m. en 1797, était professeur de belles-lettres à Wanington (Lancaster). Il a publié pour l'instruction de la jeunesse : the Speaker (l'orateur), 1775, choix de morceaux oratoires ; Sermons biographiques ou Suite de discours sur les principaux personnages de l'Écriture sainte, 1777 ; Histoire de la philosophie, extraite de Brucker, 1790.

ENGADDI, v. de Palestine (tribu de Juda), à l'emb. du Jourdain dans le lac Asphaltite, donnait son nom à un désert voisin. Palmiers et vignobles estimés.

ENGADINE (c.-à-d. à la tête de l'Inn), vallée de Suisse (Grisons), formée au N. O. par les Alpes des Grisons et au S. E. par les Alpes Rhétiques, est traversée par l'Inn dans toute sa longueur, qui est d'env. 80 kil.; 9000 hab. Glaciers, forêts de pins, orge. Émigrations annuelles. — Au XIIe siècle, cette vallée appartenait à l'évêque de Coire; du XIIIe au XIVe, elle fit partie du Tyrol. Elle fut saccagée en 1621 par les Autrichiens, que le duc de Rohan chassa en 1626. De 1799 à 1801, il s'y livra plusieurs combats entre les Français et les Autrichiens

ENGEL (J. J.), né en 1741, dans le duché de Mecklembourg, mort en 1802, enseigna pendant 20 ans la morale et les belles-lettres à Berlin (1776-1787), fut chargé de l’éducation du prince de Prusse (Frédéric-Guillaume III), puis fut nommé directeur du théâtre de Berlin, 1787. On a de lui le Philosophe du monde, 1775, recueil où l'on trouve des observations pleines de finesse ; une Théorie de la mimique, 1785, ouvrage estimé, trad. en français par Jansen, 1788 ; des comédies et des drames, parmi lesquels on remarque le Fils reconnaissant, et le roman moral de Lorenz Starck. Ses OEuvres ont été publiées à Berlin, 1801-16, 12 v. in-8. Son style se fait remarquer par la pureté.

ENGELBERG, Angelorum mons, v. de Suisse (Unterwald), sur l'Aa, à 25 kil. S. de Stantz ; 1900 hab. Abbaye de Bénédictins, fondée en 1121 et possédant une riche bibliothèque.

ENGELMANN (Godefroy), lithographe, né en 1788 à Mulhouse, mort en 1839, alla étudier à Munich, dès 1815, les procédés de lithographie mis en usage par Senefelder, l'inventeur, les introduisit en France, fonda à Paris en 1816 un des premiers établissements lithographiques, et apporta dans cette industrie de nombreux perfectionnements : ses épreuves soutiennent la comparaison avec la gravure. Peu avant sa mort, il inventa la Chromolithographie ou Lithochromie, art d'imprinmer en couleur, au moyen duquel la lithographie rivalise avec le pinceau. Outre les belles planches qu'il a fournies au Voyage dans le Levant de Forbin, aux Antiquités de l'Alsace, au Voyage pittoresque dans le Brésil, au Voyage en Espagne, on lui doit le Manuel des dessinateurs lithographes, 1823, et un Traité de la Lithographie, 1839.

ENGEN, vge du grand duché de Bade, sur l'Aach, à 32 kil. N. O. de Constance ; 1200 hab. Moreau y battit les Autrichiens en 1800.

ENGER, v. des États prussiens (Westphalie), à 28 kil. S. O. de Minden ; 1400 h. Anc. résidence de Witikind, à qui un monument y fut élevé en 1377.

ENGHIEN, Angia, v. de Belgique (Hainaut), à 32 kil. N. de Mons ; 4500 hab. Château et parc. Dentelles, toiles, cotonnades. Cette ville appartint d'abord à la maison de Luxembourg ; elle passa en 1485 dans celle de Bourbon, par le mariage de Marie de Luxembourg avec François de Bourbon, comte de Vendôme, aïeul de Henri IV. Celui-ci la vendit en 1607 à Charles de Ligne, comte d'Aremberg. Cependant le titre de la baronnie d'Enghien resta en France. Louis de Bourbon, 1er prince de Condé, et 2e fils de François de Bourbon, voulant partager avec son frère aîné le titre de baron d'Enghien, fit transporter le nom d'Enghien à sa terre de Nogent-le-Rotrou; Henri II de Condé, son petit-fils, transporta ce même nom à la ville d'Issoudun ; depuis, il fut transféré une 3e fois au duché de Montmorency, qui porta depuis le nom de duché d'Enghien. Les fils aînés des princes de Condé portaient le titre de duc d'Enghien du vivant de leur père.

ENGHIEN-LES-BAINS ou ENGHIEN-MONTMORENCY, joli vge du dép. de Seine-et-Oise, à 1 kil. S. de Montmorency et à 12 N. de Paris ; 500 hab. Station du ch. de fer du Nord. Vaste étang, eaux sulfureuses froides; établissement de bains très-fréquenté. — Ce village s'est formé vers 1820 autour de l'étang. Le charme de la situation, les fêtes qui y sont données dans l'été y attirent beaucoup de Parisiens.

ENGHIEN (barons, comtes et ducs d'). Depuis 1485, que la baronnie d'Enghien passa dans la mai-