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tie. Elle se compose d'une vaste citadelle et de 4 faubourgs ; elle est dominée à l'O. par une autre citadelle, l’Itsch-Kaleh. On y remarque 12 mosquées, les églises arméniennes, les caravanséraïs, les bazars et les bains publics. Industrie : soieries, cotons, cuir, travail du bronze et de l'acier : les sabres d'Erzeroum passent pour les meilleurs de l'empire. Cette ville était, avant la découverte du cap de Bonne-Espérance, un des grands entrepôts du commerce de l'Occident avec l'Orient; elle est encore le centre du commerce entre le Caucase, la Perse et les Indes, et le rendez-vous de plusieurs caravanes. — Fondée en 415 par l'emp. Théodose II sous le nom de Theodosiopolis, elle fut prise par les Seldjoucides au XIe siècle, par les Ottomans en 1571. Les Russes s'en emparèrent en 1829, mais dès l'année suivante ils la rendirent à la Porte. Elle fut ruinée en 1859 par un tremblement de terre. — Le pachalik a pour bornes au N. le pachalik de Kars, au S. les pachaliks de Van et de Diarbékir, à l'O. ceux de Roum et de Trébizonde; 310 kil. sur 60; env. 400 000 h. Pays montagneux et froid, mais sain.

ERZGEBIRGE (c.-à-d. montagnes au minerai de fer), chaîne de mont. située entre la Saxe et la Bohême, au N. E. de la Bavière, s'étend depuis les sources de la Saale et de l'Eger jusqu'à la r. g. de l'Elbe, par 60° 7'-50° 50' lat. N. et 9° 32'-l1° 52' long. E. Au S. O. elle se joint au Fichtelberg, et au N. E. elle n'est séparée des monts de la Lusace que par le cours de l'Elbe. Nulle part l'Erzgebirge n'atteint plus de 1300m de hauteur. Il est composé de granit et de gneiss et renferme d'abondantes mines d'argent, de fer, de cuivre, de plomb, d'étain, de cobalt, d'arsenic, etc., fructueusement exploitées. — Jusqu'en 1835, il y eut dans le roy. de Saxe un cercle d’Erzegebirge qui avait pour ch.-l. Freyberg. Il est auj. compris pour la plus grande partie dans le cercle de Zwickau.

ÉSAÜ, fils aîné d'Isaac et frère de Jacob, naquit vers 1836 av. J.-C. selon la chronologie usuelle (ou 2206 selon les Bénédictins). Étant un jour pressé de la faim au retour de la chasse, il céda son droit d'aînesse à son frère pour un plat de lentilles. Jacob réussit par ruse à le frustrer de la dernière bénédiction de son père : comme Ésaü était très-velu, il se couvrit d'une peau de bête, et, se présentant à la place de son frère, trompa ainsi Isaac, qui était aveugle. Ésaü chercha quelque temps à se venger, mais il finit par se réconcilier avec Jacob. On le nomme aussi Édom (c.-à-d. roux], et on le regarde comme le père des Iduméens. Le nom d’Ésaü veut dire homme fait : il lui fut donné parce qu'il était venu au monde tout velu.

ESCARBOTIN, vge du dép. de la Somme, à 35 k. O. d'Abbeville; 1000 h. Fabrique de cylindres pour filatures et d'objets de quincaillerie.

ESCARÈNE (l'), ch.-l. de c. (Alpes-Maritimes), dans l'arr. de Nice, sur le Paillon ; 2000 h. Vins estimés (rouge, muscat et mousseux).

ESCAUT, Scaldis, riv. de France, de Belgique et Hollande, naît à 7 k. S. E. du Catelet (Aisne), baigne en France, Vaucelles, Cambray, Bouchain, Valenciennes, Condé; en Belgique, Tournay, Oudenarde, Gand, Dendermonde, Rupelmonde, Anvers; reçoit le canal de St-Quentin, la Sensée, la Scarpe, la Lys, la Dendre et la Kupel; puis se partage en 2 branches : la plus septentr. (Escaut oriental) longe le territoire hollandais et se jette dans la mer du Nord entre les îles Schouwen et Beveland ; la branche mérid. (Escaut occid.) tombe dans la mer entre les îles Walcheren et de Kadsand. Les 2 emb. ont de 10 à 12 k. de large. Longtemps la Hollande s'arrogea le droit de fermer l'ouverture de l'Escaut, mais depuis la prise de la citadelle d'Anvers (1832), la navigation du fleuve est libre, moyennant l'acquittement d'un léger droit perçu à l'embouchure.

ESCAUT (dép. de l'), anc. dép. de l'empire français, formé en 1801, était situé entre ceux des Bouches-de-l'Escaut, des Deux-Nèthes, de la Dyle, de Jemmapes et de la Lys, et avàit pour ch.-l.Gand. Il fut restitué aux Pays-Bas en 1814.

ESCAYRAC (maison d'), l'une des plus anc. du Quercy, comptait plusieurs chevaliers à la 2e croisade de S. Louis (1250) et avait (depuis 1631) des liens d’affinité avec les maisons de Lorraine et de Bourbon. Elle a fourni plusieurs hommes distingués, entre autres Henri, marquis d'Escayrac et de Lauture, colonel du régiment de Guyenne sous Louis XVI, député par la noblesse du Quercy aux États généraux, qui périt en 1791 au château de Buzet en Languedoc, en combattant l'émeute. — Cette famille est auj. représentée par le marquis H. Léonce d'Escayrac, anc. pair de France, et par son fils, intrépide voyageur, connu par ses explorations du Kordofan et du Soudan, accomplies de 1850 à 1855, et par les tortures que lui tirent subir les Chinois, qui l'avaient pris traîtreusement pendant notre expédition.

ESCHENBACH (Wolfram d'), minnesinger ou trouvère allemand du XIIIe siècle, né au château d'Eschenbach dans le Haut-Palatinat, près de Bayreuth, vécut à la cour du landgrave Hermann de Thuringe, et assista en 1107 au célèbre combat poétique de Wartbourg, où il mérita le prix. Ses principaux poèmes sont le Titurel et le Parcival, histoire mystique des gardiens du saint Gréal (V. ce mot) imprimés à Strasbourg dès 1477, et dont M. Lachmann a donné une nouvelle éd. à Berlin en 1833. Ils ont été mis en allemand moderne par San-Marte, 1841, et Simrock, 1842. Ce poëte imite le plus souvent les trouvères et les troubadours français; cependant il est parfois original et déploie beaucoup d'imagination et d'esprit.

ESCHINE, Æschines, philosophe grec, disciple de Socrate, eut toute sa vie à lutter contre la pauvreté. Diogène Laërce lui attribue l’Axiochus et quelques autres dialogues. Toutefois les dialogues que nous possédons sous son nom n'ont rien d'authentique. Ces dialogues, que l'on joint ordinairement à ceux de Platon, ont été publiés séparément par Leclerc, grec-latin, Amsterdam, 1711, par Bœckh, Heidelb., 1810, et par Hermann, Gœtt., 1830.

ESCHINE, Æschines, orateur athénien, né vers 889 av. J.-C., avait été greffier, puis comédien. Envoyé en ambassade auprès de Philippe, il se laissa corrompre : accusé à ce sujet par Démosthène, il réussit à se faire absoudre. Pour se venger, il accusa Ctésiphon, qui avait proposé de décerner une couronne d'or à Démosthène, et attaqua violemment dans son discours Démosthène lui-même (338 av. J.-C.) ; celui-ci prit la défense de son ami et en même temps la sienne propre. Alors s'engagea entre les deux rivaux cette lutte célèbre qui a produit le discours Pour la couronne. La mort de Philippe fit différer le jugement jusqu'en 330. Eschine fut déclaré calomniateur et condamné à une forte amende : ne pouvant la payer, il fut réduit à s'exiler; il se retira à Rhodes où il fonda une école de rhétorique. Il y mourut à 75 ans. Ses discours forment les vol. III et IV des Oratores græci de Reiske, Leipsick, 1771, et le vol. III de ceux de Bekker, et se trouvent dans les Oratores attici de la collection Didot. Bremi en a donné une éd. séparée, Zurich, 1823. Ils ont été trad. en français par Auger (avec ceux de Démosthène), par Ricard, par l'abbé Jageret par M. Stiévenart. On lui attribue aussi 12 Lettres (imprimées à Leips., 1771), mais elles sont apocryphes. Comme orateur, Eschine occupe le premier rang chez les Grecs après Démosthène : son éloquence se distingue par l'abondance et la clarté des idées, et son style par l'heureux choix des expressions. Du reste, il reconnaissait lui-même la supériorité de son rival : ayant un jour lu son discours Sur la Couronne aux Rhodiens assemblés, tous s'étonnaient qu'après avoir si bien parlé il eût pu succomber : « Vous n'en seriez pas étonnés, dit-il, si vous aviez entendu Démosthène. »

ESCHYLE, Æschylus, tragique grec, né à Éleusis près d'Athènes, l'an 525 av. J.-C. s'était d'abord dis-