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son gendre, sous le titre de Maison rustique, ouvrage qui devint promptement populaire.

Plusieurs autres membres de cette famille exercèrent avec honneur leur profession à Paris et à Genève jusqu'à la fin du XVIIe siècle : le dernier, Antoine Étienne, 1592-1674. imprimeur à Paris, a donné de belles éd. de S. Jérôme, 1609, de Plutarque, 1624, d’Aristote, 1629. Ruiné, infirme et aveugle, il mourut à l'Hôtel-Dieu.

ÉTIENNE (Charles Guillaume), écrivain dramatique et pubiciste, né en 1778 à Chamouilley (Hte-Marne), mort en 1845, occupait un modeste emploi à l'armée, lorsqu'une pièce de circonstance qu'il fit pour le camp de Boulogne appela sur lui l'attention de Napoléon. Le ministre Maret le prit pour secrétaire et se chargea de sa fortune : il devint en 1810 chef de la division littéraire au ministère de la police, puis censeur. Il donnait à la même époque des comédies qui obtinrent du succès : il fut admis à l'Académie française en 1811. Privé de ses emplois par les Bourbons en 1814, exclu même de l'Académie, où il ne rentra qu'en 1829, il se jeta dans la politique et fit une rude guerre à la Restauration dans le Constitutionnel et la Minerve : ses Lettres sur Paris, dans ce dernier recueil, eurent une grande vogue. Élu député en 1820 par le dép. de la Meuse, il prit place parmi les défenseurs de la cause libérale et fut en 1830 un des rédacteurs de l'adresse des 221; il fut quelques années plus tard élevé à la pairie. Ses œuvres les plus connues sont : parmi ses comédies, les Maris en bonne fortune (1803), en 3 actes et en prose; Brueys et Palaprat (1807), en 1 acte et en vers; les Deux Gendres (1810), en 5 actes et en vers (l'envie l'accusa d'avoir, dans cette comédie, copié une pièce inconnue d'un jésuite, intitulée Conaxa, avec laquelle la sienne avait seulement quelque analogie par le sujet); l’Intrigante (1813), en 5 actes et en vers, dont les représentations furent défendues à cause de prétendues allusions blessantes pour la cour impériale; parmi ses opéras-comiques, Gulistan, 1805; Cendrillon, 1810: Joconde, 1814; Jeannot et Colin, 1814; le Rossignol, 1817 ; Aladin ou la Lampe merveilleuse, 1822. Il a aussi composé, soit seul, soit en société, de charmants vaudevilles et une Histoire du Théâtre-Français depuis la Révolution. Étienne brille par un esprit fin et délicat ; il a porté dans la comédie une gaieté vive et de bon goût, une grande vérité d'observation et a su soutenir l'intérêt sans blesser la raison ni les bienséances. Une éd. de ses OEuvres a paru en 1846-47, 4 vol, in-8. M. A. de Vigny, son successeur à l'Académie, y a fait son Éloge.

ÉTIGNY (Ant. MÉGRET, baron d'), administrateur, né à Paris en 1720, mort en 1761, fut appelé en 1751 à l'intendance d'Auch et de Pau, introduisit dans la province qui lui était confiée d'importantes améliorations, malgré l'opposition des parlements et des villes elles-mêmes, et fit exécuter, en grande partie à ses propres frais, 200 lieues de routes (800 k.), La v. d'Auch lui a élevé une statue.

ETNA ou GIBEL, de l'arabe djebel, montagne; célèbre volcan de Sicile, au N. E., dans la prov. de Catane (Val di Demone), par 37° 46' lat. N., 12° 41' long. E., a une base circulaire de 180 k. de circuit, et s'élève à près de 3250m. On y distingue une foule de cratères éteints, sans compter ceux qui sont en activité, dont le principal a près de 5 kil. de circonférence. Les éruptions de l'Etna sont connues de temps immémorial : la Fable nous montre les géants Encelade et Typhon ensevelis vivants sous l'Etna; c'est là aussi que Vulcain et les Cyclopes forgeaient les foudres de Jupiter. Les v. anc. de Naxos, Inessa, Hybla, et plusieurs autres ont été détruites par les éruptions du volcan. Les plus terribles dans les temps modernes sont celles de 1183, qui fit périr 15 000 h.; de 1669, qui en détruisit 20 000; de l693. 60 000; les plus récentes sont de 1809, 1830 et 1843. Plusieurs fois la lave a été sur le point de submerger Catane. — Empédocle voulut, dit-on, descendre dans le cratère de l'Etna; il y périt. Dans ces derniers temps divers voyageurs s'y sont fait descendre avec des cordes, mais il a fallu bientôt les remonter. — La végétation à la base et sur les flancs de l'Etna est magnifique : c'est sur cette montagne que se trouve le châtaigner di cento caralli, sous lequel 100 chevaux tiennent à l'aise : il a 37m de circonférence.

ÉTOILE (l'), bourg du dép. de la Drôme, à 10 k. S. de Valence, 1000 hab. Vin estimé. — Autrefois place forte. Le château, occupé auj. par des établissements industriels, fut embelli par Diane de Poitiers qui prenait le titre de Dame de l'Étoile.

ÉTOILE (Pierre de l'), grand audiencier de la chancellerie de France, né à Paris en 1540, mort en 1611. Profitant de sa position qui le mettait en relation avec les grands et lui permettait d'apprendre bien des particularités curieuses, il rédigea depuis 1574 jusqu'à sa mort un journal de tout ce qui venait à sa connaissance. Ce recueil, qui formait 5 vol. in-fol., et qui n'avait jamais été destiné à être publié, est une source précieuse de renseignements sur les règnes de Henri III et de Henri IV; c'est l'œuvre d'un homme consciencieux, impartial et d'une rare indépendance. On en a extrait le Journal de Henri III, publié en 1621 par Servin, et en 1744 par Lenglet-Dutresnoy; et le Journal de Henri IV, dont l'éd. la plus complète a paru à La Haye, 1741 (reprod. dans les coll. de Mémoires de Petitot et de Michaud), — Son fils, Claude de l'Étoile, né à Paris en 1597, m. en 1652, homme d'esprit et de goût, fut un des premiers membres de l'Académie française. Il a laissé des poésies et quelques pièces de théâtre composées pour le cardinal Richelieu. Quand l'Académie entreprit la critique du Cid, il en fut chargé avec Chapelain,

ÉTOILE (Ordre de l'), ordre de chevalerie créé en France en 1351 par Jean le Bon, à l'imitation de l'ordre de la Jarretière, créé en 1349 en Angleterre par Édouard III. Les chevaliers juraient de ne pas reculer de quatre pas. Les insignes étaient un collier et une étoile blanche sur émail rouge avec cette devise : Monstrant regibus astra viam. Cette décoration fut tellement prodiguée que dès le temps de Charles V elle avait perdu toute valeur.

ÉTOILE-POLAIRE (Ordre de l'), ordre suédois destiné aux ministres, aux ambassadeurs, aux magistrats, aux savants et aux littérateurs. L'insigne est une croix d'or à huit pointes, émaillée de blanc, ayant au centre un médaillon d'azur qui porte une étoile polaire et la devise : Nescit occasum. Cet ordre, dont l'origine est incertaine, fut réorganisé en 1748 par le roi de Suède Frédéric I.

ÉTOLIE, Ætolia, contrée de la Grèce propre, séparée de l'Acarnanie à l'O. par l'Achéloüs, avait à l'E. les Locriens Ozoles, le Parnasse et l'Œta; au N. l'Épire et la Thessalie, au S. le golfe d'Ambracie et la mer de Corinthe. Thermus et Calydon en étaient les principales places. Thermus était le siège du Panætolium, ou assemblée générale des Étoliens. Les Étoliens étaient grossiers, violents et querelleurs; ils furent sans cesse en guerre, soit avec leurs voisins, soit entre eux. — On donne à l'Étolie pour premiers habitants les Curètes; elle tire son nom d'Ætolus, frère d'Épéus, roi d'Élide, qui s'y réfugia après avoir commis un meurtre involontaire. C'est en Étolie que la Fable place Méléagre et Diomède, Pendant la guerre du Péloponèse, les Étoliens se déclarèrent pour Lacédémone. Après la mort d'Alexandre, ils firent la guerre sans grandes pertes à Cratère et à Antipater, 323-22; puis, s'étant alliés avec Antigone Gonatas (280-243), ils tentèrent de dominer la Grèce occidentale et formèrent une ligue dans laquelle entrèrent l'Acarnanie, l'Élide, la Messénie, Après la mort d'Antigone, ils perdirent l'alliance des rois de Macédoine, mais ils n'en persévérèrent pas moins dans leurs projets d'agrandissement : de là une guerre avec la Ligue Achéenne, dite Guerre des deux Ligues (220-217 av. J.-C.); les Achéens secondés par le roi de Macédoine, Philippe V, eurent le dessus.