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Salamine l'an 480 av. J.-C., le jour même où les Athéniens remportèrent une victoire sur les Perses à l'embouchure de l'Euripe (d'où lui vint son nom d’Euripide). Il se livra d'abord à l'athlétique, puis étudia la philosophie sous Anaxagore, et se consacra enfin à la poésie. Il devint le rival de Sophocle et fut couronné cinq fois. Cependant, se voyant en butte à des accusations d'impiété et à des attaques personnelles, il quitta Athènes et se retira en Macédoine auprès du roi Archélaüs qui l'éleva aux plus hautes dignités. Il y mourut à l'âge de 78 ans : on dit que se promenant dans un bois, il fut déchiré par une meute de chiens. Euripide opéra dans le théâtre une révolution importante : il réduisit le rôle du chœur et ne le fit intervenir que d'une manière conforme à la vraisemblance ; en outre, à l'aveugle loi du Destin il substitua l'empire des passions. Ce poëte, dont le style est un modèle d'élégance, brille surtout par le pathétique, ce qui l'a fait proclamer par Aristote le plus tragique des tragiques. Il règne dans ses tragédies une philosophie hardie, ce qui lui a valu le surnom de Philosophe du théâtre ; mais il abuse quelquefois des sentences et des tirades philosophiques. Il dirige souvent de dures attaques contre les femmes. Aristophane l'a déchiré lui-même dans plusieurs de ses pièces, notamment dans les Grenouilles. Euripide avait composé, dit-on, 84 tragédies; il ne nous en est parvenu que 18, plus un drame satirique, le Cyclope. Les plus estimées de ses tragédies sont : Hécube, les Phéniciennes, les Troyennes, Médée, Alceste, Hippolyte, Iphigénie, Iphigénie en Tauride. Plusieurs ont été imitées par Racine, dont Euripide était le poëte favori, par Voltaire, Crébillon et Guimond de La Touche. On estime les éditions de Barnès, Cambridge, 1694; de Musgrave, Oxf., 1778, 4 vol. in-4; de Beck, Leips., 1779-88, 3 vol. in-4; l'éd. Variorum de Glasgow, 1821, 9 vol. in-8; celles de Matthiæ, 10 vol. in-8, Leips., 1831-37 (avec un Lexicon Euripideum, 1841); de Boissonade, 1825-27, 5 vol. in-l2; de Dindorf, Leips., 3 vol. in-8, 1833-40; de Fix, coll. Didot, 1843; de R. Klotz et Pflugk, Goth., 1859: de Weil, Paris, 1868. Euripide a été traduit en partie par Brumoy et par Prévost de Genève, 4 vol., Paris, 1782-97, et en totalité par M. Artaud, 2 v. in-12, 1842. Quelques-unes de ses tragédies ont été mises en vers français (Hécube, par Drouet, 1840; les Phéniciennes et Hippolyte, par H. Halévy, 1845; Alceste, par M. Romtain, (1860). M. Patin l'a parfaitement apprécié dans ses Tragiques grecs.

EUROPE, fille d'Agénor, roi de Phénicie, et sœur de Cadmus, fut aimée de Jupiter, qui l'enleva sous la forme d'un taureau, et l'emmena dans la partie du monde qui depuis porta son nom. Il la rendit mère de Minos, d'Éaque et de Rhadamanthe.

EUROPE, Europa, une des cinq parties du monde, la plus petite pour la superficie, mais la plus riche, la plus éclairée et la plus puissante : s'étend de 36° 20' à 76° 58' lat. N., et de 27° 5' long. O. à 60° long. E. Ses bornes sont au N. la mer Glaciale, à l'O. l'Atlantique, au S. la Méditerranée, à l'E. l'Asie, dont elle est séparée par la rivière Kara, les monts Ourals, le fleuve Oural, la mer Caspienne, le Caucase, la mer Noire et la mer de Marmara. Elle a environ 4000 kil. de long sur 3500 de large. Sa population est d'env. 270 000 000 d'hab.

Géographiquement, l'Europe est divisée en 16 contrées principales, dont 4 au N.: Iles Britanniques, Danemark, Suède et Russie ; 7 au centre : France, Belgique, Hollande, Suisse, Allemagne, Autriche et Prusse; 5 au S. : Espagne, Portugal, Italie, Turquie et Grèce. — Politiquement, l'Europe est partagée en États indép. dont le nombre a souvent varié. Ce sont actuellement le Roy. uni de la Grande-Bretagne , le roy. de Suède et Norvége, celui de Danemark; l'empire de France, les roy. de Belgique, de Hollande et de Prusse, la Confédération germanique, la Confédération suisse et l'empire d'Autriche; les roy. de Portugal et d'Espagne (avec la république d'Andorre) ; les États italiens, divisés jusqu'en 1860 en États sardes, principauté de Monaco, grand duché de Toscane, duchés de Parme, Modène et Lucques, États de l’Église (avec la république de St-Marin), roy. des Deux-Siciles, et réunis pour la plupart en 1861 sous le nom de Royaume d'Italie; l'empire de de Russie, l'empire ottoman, les principautés unies de Moldavie et de Valachie, celles de Servie, le roy. de Grèce et la République des îles Ioniennes.

L'Europe est découpée profondément par plusieurs mers intérieures et par des golfes nombreux. Les mers intérieures sont : la mer Blanche, la mer Baltique, la mer du Nord, la Manche, la mer Adriatique ou golfe de Venise, la mer de Marmara, la mer Noire, la mer d'Azov. Les principaux golfes sont ceux de Botnie, de Finlande, le Zuyderzée, les golfes de Gascogne, de Lion, de Gênes, de Lépante. Les détroits principaux sont : le Skager-Rack, le Cattégat, le Sund et les deux Belts, entre le Danemark et la Suède, le Pas-de-Calais entre la France et l'Angleterre, le détroit de Gibraltar entre l'Espagne et l'Afrique, le détroit de Bonifacio entre la Corse et la Sardaigne, le détroit de Messine entre l'Italie et la Sicile, le détroit des Dardanelles ou Hellespont, et le canal de Constantinople ou Bosphore, entre la Turquie d'Europe et la Turquie d'Asie. Parmi les îles qui font partie de l'Europe, nous citerons : la Nouv.-Zemble et le Spitzberg dans l'Océan Glacial; la Grande-Bretagne, l'Irlande, les îles Hébrides, Orcades, Shetland, Færoë entre l'Océan Atlantique et la mer du Nord; les îles Wight, Jersey, Guernesey, dans la Manche; Belle-Isle et les îles de Noirmoutiers, de Ré, d'Oléron, dans l'Atlantique; les Baléares, la Sardaigne, la Corse, la Sicile, les îles Ioniennes, les Cyclades et les Sporades, Candie et Chypre, dans la Méditerranée. — Le sol de l'Europe orientale est plat, surtout au nord; elle n'offre que peu de montagnes, sauf sur les frontières, où les monts Ourals et le Caucase s'élèvent à d'assez grandes hauteurs. Partout ailleurs, l'Europe est hérissée de hautes montagnes : au centre, s'élèvent les Alpes d'où sortent de nombreuses ramifications, formant elles-mêmes de nouvelles chaînes, et portant des noms particuliers : tels sont en Italie, les Apennius; en France, le Jura, les Vosges, les Cévennes; en Espagne, les Pyrénées, les monts de Gata, d'Estrella, la Sierra-Morena, les Alpuxaras; en Allemagne, le Harz, le Bœhmerwald, l'Erzgebirge, le Riesengebirge, les Sudètes; en Hongrie, les Carpathes; en Turquie, le Glioubotiu, le Tchardagh, le Balkan : entre la Norvège et la Suède s'étendent les Dofrines ou Alpes Scandinaves ; dans la Grande-Bretagne les monts Cheviot et Grampians. — Les principaux fleuves, outre l'Oural, commun à l'Europe et à l'Asie, sont : le Volga, le Don, le Dniepr, le Dniestr, les deux Dwina, le Danube, la Vistule, l'Oder, l'Elbe, la Meuse, le Rhin, l'Escaut, la Seine, la Loire, la Garonne, le Rhône, l'Èbre, le Tage, le Pô, l'Arno, le Tibre. — L'Europe est presque tout entière comprise dans la zone tempérée; aussi le climat y est-il en général doux et sain. L'aspect de cette contrée est moins brillant, moins riche que celui des belles contrées de l'Amérique et de l'Asie ; le sol y est moins productif; mais l'agriculture, bien mieux dirigée, fait produire immensément à la terre; nulle part il n'y a moins de jachères, de steppes et de lieux inhabitables; nulle part les animaux féroces ne sont devenus plus rares. — On trouve en Europe quelques mines d'or et d'argent, notamment en Transylvanie, en Hongrie, en Valachie, et dans les monts Ourals; le cuivre, l'étain, le platine, y sont plus communs; tous les autres métaux, surtout le fer, s'y trouvent en abondance, ainsi que la pierre à bâtir, les marbres, le sel gemme, la houille, etc. — Presque tous les habitants de l'Europe sont de la race blanche caucasienne; ceux qui habitent le Nord appartiennent à la famille finnoise; au centre se sont répandues les familles celte, germaine et slave; au S., les familles