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tion et fut destitué par lord North (1774). Il se plaça bientôt par son éloquence à la tête du parti whig et s'opposa de toute sa force aux mesures qui amenèrent la perte des colonies américaines. Étant parvenu à renverser le ministère, il fut chargé en 1782 du portefeuille des affaires étrangères et fit conclure la paix avec l'Amérique et la France (1783); mais les mesures qu'il proposait contre les malversations de la Compagnie des Indes ayant échoué à la Chambre haute, il se retira du ministère, rentra dans l'opposition et combattit avec force la politique de Pitt. Défenseur constant de la tolérance et de la liberté, il se montra favorable à la Révolution française et ne cessa de conseiller la paix avec la France. A la mort de Pitt (1806), il reçut de nouveau le portefeuille des affaires étrangères; malheureusement, il mourut peu de mois après, au moment où il allait signer la paix générale. Fox peut être considéré comme le Démosthène de l'Angleterre ; ses discours brillent surtout par la vigueur, la logique et la clarté. Sa harangue sur le bill de l'Inde est son chef-d'œuvre. Ses discours, recueillis à Londres en 1815, ont été trad. avec ceux de Pitt, par Janvry et Jussieu, 1819, 12 vol. in-8. Fox avait composé une Histoire des deux derniers Stuarts, qui n'a été publiée qu'après sa mort, et qui a été trad. par d'Andrezel, 1809. Il est à regretter qu'à des qualités aussi éminentes, cet homme d'État ait joint une vie fort dissipée et une passion effrénée pour le jeu. Ses Mémoires ont été publiés en 1806 par Walpole et en 1854 par lord J. Russel, avec sa Correspondance.

FOX (H.), lord HOLLAND. V. HOLLAND.

FOY (Maximilien Sébastien), général et orateur célèbre, né en 1775 à Ham en Picardie, entra à 15 ans à l'école d'artillerie de La Fère, servit en Italie, en Allemagne, puis en Portugal et en Espagne, où il se signala surtout à la bataille de Salamanque (1812), enfin dans les campagnes de France et de Belgique, et fut blessé à Toulouse et à Waterloo. Il fut créé dès 1810 général de division, et nommé en 1814, par Louis XVIII, inspecteur de l'armée. Élu député en 1819 par le dép. de la Somme, il déploya un grand talent oratoire, défendit les principes constitutionnels et les sentiments patriotiques, ne cessa de lutter contre les tendances de la Restauration, et réussit plusieurs fois à arrêter le gouvernement des Bourbons dans sa marche rétrograde. Son éloquence vive, chaleureuse, avait quelque chose d'élevé et de généreux qui le plaçait au-dessus des querelles départi. Un concours immense de citoyens accompagna son cercueil ; une souscription nationale ouverte en faveur de sa famille produisit près d'un million. Un monument a été érigé à sa mémoire au cimetière de l'Est. Ses Discours, avec notice biographique, ont paru en 1826. On a aussi de lui une Histoire des guerres de la Péninsule sous Napoléon, publiée en 1827, Paris, 4 vol. in-8.

FOYATIER (Denis), sculpteur, né à Bussières (Loire) en 1793, mort en 1863, était fils d'un pauvre tisserand, et commença par sculpter des figurines en gardant les moutons; alla étudier la sculpture à Lyon, puis à Paris. Ses principales œuvres sont Spartacus et Jeanne d'Arc.

FOZ ou FOS. V. FOS-LES-MARTIQUES.

FRA, mot italien, abrégé de frate, frère, se place devant le nom de baptême de tout membre d'une communauté religieuse. Pour les personnages désignés par ce mot, V. le nom qui suit Fra.

FRACASTOR (Jérôme), médecin et poëte, né en l483 à Vérone, mort en 1553, enseigna dès l'âge de 19 ans la philosophie à Padoue, puis exerça la médecine et devint médecin du pape Paul III. Il a laissé des ouvrages de médecine, d'astronomie, de métaphysique, etc.; mais ce qui rend son nom célèbre, c'est le poème intitulé : Syphilis sive Morbus gallicus, en 3 livres, où il a su, en traitant un sujet si scabreux, unir la décence à l'élégance du style et à la vivacité des images. Publié pour la 1re fois à Vérone en 1530, il a été depuis bien des fois réimprimé ; il a été traduit dans plusieurs langues, notamment en français, 1753, par Macquer, et mis en vers par Barthélemy, 1840. Il avait aussi entrepris un poëme latin en 3 chants sur Joseph, qui est resté inachevé. Ses OEuvres complètes ont été publiées à Venise, 1555. Ses poésies latines ont paru à part, Padoue, 1728 : on y remarque, outre la Syphilis, un poëme De cura canum venaticorum. Comme médecin, on doit à Fracastor la composition du Diascordium.

FRA-DIAVOLO (Michel POZZA, connu sous le surnom de), c.-à-d. Frère Diable, l'un des chefs insurgés calabrais, né à Itri, dans la Terre de Labour, fut d'abord chef de brigands, et exerça dans toute la Calabre de tels ravages que le gouvt de Naples mit sa tête à prix. Toutefois, en 1799, le cardinal Ruffo, croyant tous les moyens bons pour chasser les Français, ne rougit pas de se servir de Fra-Diavolo, et lui accorda un brevet de colonel. Il eut bientôt organisé sa troupe et contribua avec elle à reprendre Naples. Après l'avénement de Joseph Bonaparte, il excita divers soulèvements. Il fut pris à San-Severino après une belle défense, condamné à mort et pendu à Naples en 1806. Il est le héros du charmant opéra-comique de Fra-Diavolo de Scribe et Auber.

FRAGA, Gallica Flavia, v. d'Espagne (Aragon), prov. d'Huesca, à 107 kil. S. E. de cette ville, sur la r. g. de la Cinca : 4000 h. Jadis forte. Alphonse I, roi d'Aragon, y fut défait par les Maures en 1134.

FRAGONARD (J. Honoré), peintre, né à Grasse en 1732, mort en 1806, fut élève de Boucher. Il se distingua d'abord dans le genre sérieux, et donna en 1765 son tableau de Corésus et Callirhoé, qui fut justement admiré et qui le fit recevoir à l'Académie; mais désespérant d'atteindre au premier rang dans ce genre, il le quitta pour le genre érotique, dans lequel il obtint le plus grand succès, il devint bientôt le peintre à la mode, et amassa une grande fortune que la Révolution lui fit perdre. Il fut nommé l'un des conservateurs du Musée par l'Assemblée nationale. On estime surtout parmi ses petits tableaux : la Fontaine d'Amour, le Sacrifice de la Rose, le Serment d'Amour, le Verrou et le Contrat. — Son fils, Alexandre Évariste, né à Grasse en 1783, mort à Paris en 1850, reçut de lui les premières leçons, et lui dut, outre l'art de rendre les compositions piquantes, une grande facilité ; il se perfectionna sous David, et se distingua à la fois dans la peinture et la sculpture. Comme peintre, il a composé François I armé chevalier, François I recevant le Primatice (au plafond du Louvre), les Bourgeois de Calais, Jeanne d'Arc montant sur le bûcher, le Tasse lisant la Jérusalem. Comme sculpteur, on lui doit l'ancien fronton de la Chambre des Députés et une statue colossale de Pichegru.

FRAGUIER (Cl. Franç.), érudit, né à Paris en 1666, mort en 1728, entra jeune dans l'ordre des Jésuites, le quitta en 1694 pour se livrer à ses goûts littéraires, et fut chargé à partir de 1706 de la rédaction du Journal des Savants. Il avait été élu dès 1705 membre de l'Académie des inscriptions; il fut admis en 1725 à l'Académie française. Il était lié avec Segrais et Huet, et admis dans la société de Mme La Fayette et de Ninon de Lenclos. On a de lui, dans le recueil de l'Académie des inscriptions, un grand nombre de dissertations sur des points intéressants de la littérature et de la philosophie des anciens (de l’Ironie de Socrate, de son Démon familier; Sentiments de Platon sur la poésie, etc.), et un bon poëme latin où la philosophie de Platon est résumée : Mopsus sive schola Platonica, 1721.

FRAIZE, ch.-l. de c. (Vosges), sur la Meurthe, à 16 kil. S. E. de St-Dié; 633 hab. Mine de cuivre.

FRAMERIES, v. de Belgique (Hainaut), à 7 kil. S. O de Mons; 6500 hab. Mines de houille.

FRAMERY (Nic. Ét.), né à Rouen en 1745, mort en 1810, a donné un assez grand nombre d'opéras-comiques et a fait lui-même la musique de plusieurs