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exportations consistent en huile, fruits, excellents vins, raisins de Corinthe, cuirs, laines, bétail. L'industrie est encore sans importance; on ne trouve en Grèce que quelques manufactures de fil de soie et de coton teint en rouge, de peaux de chèvres maroquinées, de tapis, de vestes de soie et de grosses étoffes de laine. — Les habitants professent la religion grecque (V. ci-après ÉGLISE GRECQUE). Ils parlent une langue dérivée de l'ancien grec classique, et connue sous le nom de grec moderne : elle tend à sa rapprocher de plus en plus du grec ancien. Le gouvernement est une monarchie constitutionnelle et héréditaire. Le roi doit professer le culte grec.

Histoire. Les Grecs se disaient autochthones, c'est-à-dire nés sur le sol même. Les habitants primitifs de la Grèce furent les Pélasges, qui se subdivisaient eux-mêmes en de nombreuses tribus parmi lesquelles on remarque les Thesprotes, les Aones, les Hyantes, les Lélèges, les Dolopes, les Dryopes, les Telchines, etc., tous peuples barbares. Il est difficile de dire quelle fut l'origine des Pélasges; il est probable qu'ils étaient originaires de l'Asie. A partir du XXe s. av. J.-C., des colonies égyptiennes et phéniciennes abordent sur les côtes méridionales de la Grèce et y répandent les germes de la civilisation. Inachus et Phoronée, son fils, fondent Argos (1986); Ogygès réunit sous ses lois les habitants de la Béotie et de l'Attique (1869); Sparton (1880) et Lélex (1742) jettent les fondements de Sparte. Peu après apparaissent les Hellènes que l'on suppose sortis de l'Asie comme les Pélasges et arrivés par le Caucase et la Thrace. Du XVIe au XIVe siècle, ce nouveau peuple, qui se subdivisait en 4 branches (Doriens, Éoliens, Ioniens et Achéens), substitue sa domination à celle des Pélasges, dont le plus grand nombre émigrent et vont fonder des colonies dans l'Europe occidentale; une des tribus helléniques, celle des Graies (Graii, Græcii), finit par donner son nom à tout le pays. C'est dans cette période qu'il faut placer l'arrivée de l'égyptien Cécrops à Athènes (1643), le règne de Deucalion en Thessalie (1635). Les traditions conservent le souvenir d'un déluge qui aurait inondé toute la Grèce au temps de Deucalion. Viennent ensuite les règnes de Cadmus à Thèbes (1580), de Danaüs à Argos (1572), de Minos en Crète (vers 1500), l'arrivée de Pélops, qui s'établit dans l'Apie, qui prend de lui le nom de Péloponèse. À cette période, pendant laquelle la Grèce a reçu les premières notions de l'agriculture et des arts, ainsi qu'un culte modelé sur les religions de l’Égypte et de la Phénicie, avec des lois civiles et des institutions régulières, succède une nouvelle époque, connue sous le nom de Temps héroïques (1500-1190). Elle est signalée par les exploits fabuleux de Bellérophon, de Persée, d'Hercule, de Thésée, de Jason, par la fondation des Jeux olympiques, la création des Amphictyonies, l'expédition des Argonautes (1330), les deux guerres de Thèbes (1313 et 1303), enfin la guerre de Troie (1280-1270). Pendant ce temps les Héraclides ou descendants d'Hercule ont soumis le Péloponèse. Mais les Hellènes, déjà maîtres de la Thessalie et de la Grèce centrale, viennent s'établir dans cette péninsule aux dépens des Héraclides, et finissent par les en expulser (1307), sous la conduite des fils de Pélops. Quatre-vingts ans après la guerre de Troie (1190), les Héraclides, unis aux Doriens, envahissent de nouveau le Péloponèse et en chassent à leur tour les Pélopides, ainsi que les Ioniens et les Éoliens. La rentrée des Héraclides dans le Péloponèse commence le moyen âge de la Grèce, période de transition, pendant laquelle la civilisation rétrograde d'abord; mais bientôt la Grèce se relève, envoie partout d'innombrables colonies, sur les côtes de l'Asie-Mineure (Ionie, Éolie, Doride), en Thrace, dans l'Italie méridionale (Grande-Grèce), et jusque sur les côtes de la Gaule et de l'Hispanie. Homère publie ses poëmes; les mœurs s'adoucissent; chaque ville adopte le culte d'une divinité particulière ; les grands mystères de Cérès sont fondés à Éleusis pour conserver les anciennes traditions du culte pélasgique; Lycurgue donne des lois à Sparte (898); partout les petits États sa constituent en républiques; la royauté est abolie à Athènes (1132), à Argos (820), en Élide (780), à Corinthe (747), en Arcadie et en Messénie (668), etc.; Sparte seule conserve le gouvernement monarchique. Athènes reçoit les lois de Dracon (624), puis de Solon (590); las Pisistratides, qui voulaient établif la royauté, sont chassés (509). Peu après commencent les Guerres médiques (490) ; elles sont signalées par les glorieuses victoires de Marathon (490), de Salamine (480), de Platée (479), de Mycale (479), par les grands noms de Miltiade, Thémistocle, Léonidas, Aristide, Cimon, qui sauvèrent, avec l'indépendance du pays, la civilisation de l'Europe. A la même époque les sciences et les arts brillent du plus vif éclat : Eschyle, Sophocle et Euripide s'immortalisent dans la tragédie; Aristophane dans la comédie; Hérodote et Thucydide, dans l'histoire ; Thalès, Démocrite, Pythagore, Parménide, Héraclite, Anaxagore, fondent les différentes écoles de philosophie; Socrate, et bientôt après Platon et Aristote, réforment ou étendent la science; Hippocrate crée la médecine; Phidias orne les temples de la Grèce de ses chefs-d'œuvre; Périclès brille comme orateur et homme d'État, et il gouverne Athènes pendant 30 ans. Mais la Grèce, victorieuse au dehors, commence à s'affaiblir par ses guerres intestines. Athènes et Sparte, rivales de gloire et de puissance, commencent la Guerre du Péloponèse, qui dure 27 ans (431-404), et qui se termine par la prise d'Athènes; cette guerre, dans laquelle Alcibiade, Nicias, Cléon, Brasidas et Lysandre jouent le principal rôle, donne à Sparte la prédominance (Hégémonie) dans les affaires de la Grèce. Délivrée de sa rivale, Sparte abuse à son tour de sa puissance; mais Thrasybule chasse d'Athènes les Trente Tyrans (403), et la Grèce entière se ligue contre Lacédémone; Conon, Iphicrate et Chabrias relèvent le nom athénien, tandis qu'Antalcidas, par un traité honteux avec la Perse (387), soulève contre Sparte l'indignation générale. En même temps Pélopidas chasse de Thèbes la garnison lacédémonienne qui avait surpris la Cadmée (378), et Épaminondas, vainqueur de Sparte à Leuctres (371), élève un instant la Béotie au premier rang dans la Grèce; mais la puissance de sa patrie périt avec lui à Mantinée (363). La Guerre sacrée, guerre que les Phocéens allument contre eux en pillant le temple de Delphes (355), donne au roi de Macédoine, Philippe, l'occasion de s'immiscer dans les affaires de la Grèce, et bientôt ce prince, profitant habilement des dissensions des Grecs, les soumet presque tous à son empire, malgré les efforts de Démosthène; il finit par les assujettir entièrement à la bataille de Chéronée (338). Alexandre, son successeur, après avoir réprimé une vaine tentative de soulèvement, va, au nom de la Grèce, déclarer la guerre au grand roi, et soumet presque toute l'Asie à sa domination ; mais il meurt au milieu de ses conquêtes (323). Néanmoins la mort du conquérant ne rend pas à la Grèce son indépendance : vaincue à Lamia, elle tombe sous le joug d'Antipater, puis sous celui de Cassandre et d'Antigone Gonatas; en même temps, elle est déchirée par d'éternelles dissensions. En vain la Ligue Achéenne, instituée en 284, illustrée à deux reprises par Aratus (251) et par Philopœmen (188-183), essaye de rallier tous les peuples de la Grèce; elle épuise ses forces à combattre la Ligue rivale des Étoliens (222-216); les Romains profitent de ces querelles pour assujettir l'Illyrie grecque (229), réduire les Étoliens qui s'étaient alliés contre eux avec Antiochus, roi de Syrie (190), anéantir les royaumes de Macédoine et d'Épire (168-147), et ils finissent par soumettre la Grèce entière après l'avoir un instant, par dérision, proclamée indépendante, 196. (V. FLAMINIUS). La prise de Corinthe par Mum-