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son duché, et fut contraint de reconquérir son héritage sur Adelgise, fils de Didier, dernier roi des Lombards, qui venait de s'emparer de la principauté de Bénévent. Il repoussa avec succès les attaques de Pépin et de Louis, fils de Charlemagne, et mourut en 806. Il avait épousé en 793 la fille de l'empereur grec. — Grimoald II lui succéda. Attaqué par Charlemagne, il obtint la paix en 812, moyennant tribut. Il fut assassiné en 818 par Siggon, comte d'Acerenza, à qui Louis le Débonnaire donna ses États.

GRIMOARD, pape. V. URBAIN V.

GRIMOARD (Phil.-Henri, comte de), général français, né à Verdun vers 1750, mort en 1815, était issu d'une famille d'Avignon qui donna à l'Église le pape Urbain V. Après avoir servi avec distinction dans l'état-major, il fut appelé près de Louis XVI au moment de la Révolution ; il travaillait dans le cabinet du roi : c'est lui qui traça le plan de la campagne de 1792. Partisan du gouvernement constitutionnel, il n'échappa à la mort sous la Terreur qu'en se cachant. On lui doit un grand nombre de publications, dont plusieurs sont utiles pour la stratégie et l'histoire militaire de la France : Essai théorique et pratique sur les batailles, 1775 ; Traité sur la constitution des troupes légères et sur leur emploi en campagne, 1782 ; Recherches sur la force de l'armée française, 1806 ; Traité sur le service de l'état-major général des armées, 1809.

GRIMOD DE LA REYNIÈRE (Alex.-Balthazar), gastronome, né à Paris en 1758, m. en 1838, était fils d'un riche fermier général. Il publia quelques brochures pleines d'esprit, et rédigea de 1797 à 1798 le Censeur dramatique ; mais il est surtout connu comme auteur de l’Almanach des Gourmands, 1803-1812, 8 vol. in-18, réimprimé en 1856 dans les Classiques de la Table. On lui doit aussi le Manuel des Amphitryons, 1808.

GRIMSEL, montagne des Alpes bernoises, sur les limites du cant. de Berne et du Valais. Le pic de Sildelhorn, sa plus haute arête, a 2878m. Ancien couvent de Frères hospitaliers. Beau cristal de roche.

GRINGOIRE ou GRINGORE (Pierre), poëte français, né vers 1475 ou 1480, mort vers 1544, était Lorrain selon les uns, Normand selon les autres. Il parcourut une grande partie de la France, s'arrêtant dans les v. et les châteaux où il débitait des pièces bouffonnes et satiriques ; vint en 1500 à Paris, où il écrivit, à la demande de Louis XII, contre le pape Jules II. Il fut fait, à son retour dans son pays, héraut d'armes du duc de Lorraine. On a de lui : le Château du Labour et le Château d'Amour, Paris 1499 et 1500 ; compositions allégoriques en vers ; les Abus du monde, 1504, où il critique tous les états ; Jeu du prince des Sots et de Mère Sotte, joué aux halles de Paris en 1511 (pièce satirique contre Jules II) ; les Fantaisies de Mère Sotte (1516) ; les Menus propos de Mère Sotte, 1521 ; les Fantaisies du monde qui règne, 1532. On lui attribue aussi 2 sotties : le Vieux monde et le Nouveau monde. Il termina par des poésies religieuses et composa pour la confrérie de S.-Louis le Mystère de S.-Louis, l'un des ouvrages les plus marquants en ce genre. Ce qui reste de Gringoire a été publié par d'Héricault et Montaiglon, 1858-61 (dans la Bibl. elzévirienne).

GRINGONNEUR (Jacquemin), peintre du XIVe s. Il exécuta différents jeux de cartes pour Charles VI, ce qui lui a fait attribuer l'invention des cartes.

GRIPPON, fils de Charles-Martel. V. GRIFON.

GRISELDA ou GRISELIDIS, marquise de Saluces, personnage légendaire plutôt qu'historique, est citée comme le modèle des vertus conjugales et le type de l'obéissance absolue dans le mariage. Fille d'un pauvre paysan du bourg du Villanoetta près de Saluces, en Piémont, elle attira par sa beauté et ses vertus l'attention de Gaultier, seigneur de Saluces, qui vers l'an 1303 la prit pour épouse. Griselda lui donna deux enfants, une fille et un fils, et fit tout ce qui dépendait d'elle pour le rendre heureux ; mais le bizarre époux, voulant éprouver sa docilité et sa constance, lui enleva ses enfants, qu'il fit passer pour morts ; lui fit subir pendant de longues années toutes sortes de privations et de mauvais traitements et la contraignit même à servir une femme dont il avait fait sa maîtresse. Griselda supporta tout avec une admirable résignation. Enfin, Gaultier, vaincu par tant de vertu, lui rendit son amour, et la réunit à ses enfants le jour même où il célébrait leurs noces. L'histoire de Griselidis, écrite en 1246 par Albestan de Brescia, et trad. en 1392 par Renaud de Louhans, a été impr. en 1828 chez Didot. Cette histoire romanesque a été souvent reproduite au moyen âge dans les Fabliaux et les Moralités dramatiques : elle a fourni à Boccace, dans son Décaméron, un récit plein d'intérêt et d'émotion ; elle est aussi le sujet d'un des contes de Chaucer.

GRIS-NEZ, Itium promontorium, cap de France (Pas-de-Calais), à l'extrémité des collines de l'Artois, entre Calais et Ambleteuse. C'est le point le plus rapproché de l'Angleterre.

GRISOLLES, ch.-l. de cant. (Tarn-et-Garonne), arr. et à 29 kil. S. E. de Castel-Sarrazin : 2130 hab. Coutellerie estimée. Curieuse église paroissiale. Grisolles est bâtie sur une voie romaine, qui conduisait de Toulouse vers Moissac et Agen, C'était autrefois une place forte.

GRISONS (canton des), en allemand Graubünden, c.-à-d. Ligues grises, un des cantons de la confédération helvétique, le plus au S. E., a pour bornes à l'E. le Tyrol, au N. O. les cant. de St-Gall, Glaris et Uri, au S. le cant. du Tésin et au S. E. la Lombardie : 140 kil. sur 80 ; 90 000 hab. (dont 38 000 catholiques, 52 000 protestants) ; ch.-l., Coire. Montagnes très-hautes, qui appartiennent aux Alpes rhétiques : on y distingue le Septimer, le Splügen et la Bernina ; il est arrosé par le Rhin et l'Inn et contient 5 grandes vallées (celles du Rhin postérieur et antérieur, de l'Engadine, de l'Albula et du Prettigau). Plomb, cuivre, eaux minérales ; vastes forêts, beaux pâturages, un peu de blé et de vin. Commerce de transit, industrie nulle. — Ce cant. est lui-même une petite républ. fédérative composée de 3 Ligues : Ligue supérieure ou Grise (Graubünd), Ligue Cadée ou de la Maison-de-Dieu (Gotteshausbünd), Ligue des Dix-Juridictions ou Droitures (Zehngerichte) ; ch.-l. Ilanz, Coire, Davos. — Le pays des Grisons, jadis partie de la Rhétie, appartint successivement à l'empire d'Occident, aux Allemani, au roy. Ostrogoth d'Italie de Théodoric, à l'Austrasie, au roy. de Germanie, puis il forma une division du duché de Souabe, et finit par se subdiviser en un grand nombre de petites communes et de fiefs, parmi lesquels le comté de Coire fut le plus important. Aux XIVe et XVe siècles les communes et plusieurs fiefs formèrent, en se groupant, d'abord la Ligue Cadée (vers 1401), puis la Ligue Grise (1424), et la Ligue des Dix-Juridictions (1436); toutes trois formèrent une confédération générale et une alliance perpétuelle en 1471. En 1525 les Grisons s'emparèrent de la Valteline, ainsi que du pays de Chiavenna et de Bormio. Ils firent alliance en 1600 avec la république du Valais, en 1602 avec la ville de Berne, en 1707 avec Zurich. En 1701 ils avaient en vain demandé à entrer comme canton dans le corps helvétique, ils n'y furent admis qu'en 1798. Ce canton occupe le 15e rang par ordre d'admission, le 2e par l'étendue, le 9e par la population. La langue des actes publics est l'allemand ; on parle aussi le roman et l'italien. L'autorité suprême réside dans un grand conseil de 65 membres élus par les communes ; un petit conseil de 3 membres élus par le grand conseil, dont un pour chaque Ligue, exerce le pouvoir administratif.

GRITTI (André), général, puis doge de Venise. Comme général, il rendit d'éminents services à sa patrie dans les guerres qu'elle eut à soutenir, de 1508 à 1513, contre l'Empire et la France. En 1509 il chassa les Impériaux de Padoue ; en 1512 il reprit Brescia