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sur les Français. Mais la même année il fut battu et fait prisonnier par Gaston de Foix qui reconquit Brescia. Amené à Paris, il eut l'habileté de rendre Louis XII favorable à Venise, et conclut un traité de paix avec ce prince en 1513. Nommé doge en 1523, il se déclara tantôt pour, tantôt contre la France, et profita des troubles qui désolaient l'Italie pour recouvrer plusieurs possessions de la république. Il m. en 1538.

GRODNO, v. et port de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Grodno, à 150 kil. S. O. de Wilna, sur la riv. dr. du Niémen ; 18 000 hab. Résidence du gouverneur, cour criminelle et civile, école de médecine, bibliothèque, jardin botanique, cabinet d'histoire naturelle ; école de cadets. Deux châteaux, églises des Jésuites et des Carmélites, palais Radzivil et Sapiéha. Industrie : draps, soieries, fil d'or et d'argent, etc. Commerce actif. — L'origine de Grodno est inconnue ; elle fut prise par les chevaliers Teutoniques en 1283 ; de 1673 à 1752 elle fut le siége d'une des diètes polonaises. Les Russes s'en emparèrent en 1792 et en firent en 1795 la capitale de la Lithuanie, puis du gouvt de Grodno. On y signa en 1793 un des traités qui démembrèrent la Pologne. — Le gouvt de Grodno, entre ceux de Wilna, Minsk, Volhynie, Pologne, a 320 k. sur 200 et 900 000 h., dont env. 80 000 juifs. Il est arrosé par le Niémen et le Boug. Sol plat ; forêts ; carrières et mines ; blé, lin, manne ; gros bétail, abeilles. Peu d'industrie.

GROENINGEN, v. de Hollande. V. GRONINGUE.

GRŒNLAND, c.-à-d. Terre verte, vaste région de l'Amérique septentrionale, au N. E., consiste en une grande île, qu'on croyait jadis faire partie du continent. Il commence à 20° long. O. et 59° 38' lat. N., et se prolonge, sans qu'on en ait encore atteint l'extrémité, jusqu'à 80° de long, et 73° de lat. Il a pour bornes au N. et l'E. l'Océan arctique, au S. et à l'O. la Méditerranée arctique et l'Océan de Baffin. On compte à peine dans cette immense contrée 24 000 h., dont 6000 env. d'Européens. Les indigènes sont de la race des Esquimaux. Le froid y est extrême (45° centig. en hiver), et dure presque toute l'année ; mais le climat n'a pas toujours été aussi rigoureux : il paraît s'être refroidi depuis le XIVe siècle. L'été, quoique très-court, est quelquefois chaud. Grands aigles, rennes, chiens dont on se sert pour tirer les traîneaux, renards rouges et blancs, lièvres blancs, ours blancs, baleines, phoques, etc. Les habitants vivent surtout de poisson. Le Grœnland appartient au Danemark, et fait partie de l'Amérique danoise. On le divise en inspectorat du Nord (ch.-l. Egedesminde), inspectorat du Sud (ch.-l. Julianeshaab), et Grœnland indépendant, dont l'on ne connaît que quelques points. Les Danois font sur les côtes la pêche de la baleine et du phoque et le commerce de peaux, d'huile de poisson, de fanons de baleine. — Le Grœnland fut découvert en 982 par l'Islandais Eric Randa, qui lui donna le nom Grœn land à cause de son aspect verdoyant. La colonie qu'il fonda disparut en 1406. Sous les rois de Danemark Frédéric II, Christian IV, Frédéric III, eurent lieu quelques tentatives de colonisation le long de la côte orientale. De 1720 à 1736 le missionnaire danois Egède y fonda une colonie, qu'il nomma Godhhaab (Bonne-Espérance); les Frères Moraves en établirent une autre en 1733, avec l'aide du comte de Zinzendorf. Ces missions sont presque les seuls établissements danois au Grœnland. Scoresby (1821), Graah (1829-1831), Rink(1852) et le prince J. Napoléon (1858) sont les voyageurs les plus récents qui aient visité ce pays.

GROIX, île fortifiée de France, dans l'Atlantique, près de la côte du dép. du Morbihan, à 9 kil. S. O. de Port-Louis et en face de l'embouch. du Blavet ; 3500 h. Un combat naval y fut livré en 1795 (V. LINOIS). — On dérive son nom du celtique groah, druidesse, fée.

GRONINGUE, v. forte et port du roy. de Hollande, ch.-l. de la prov. de même nom, sur la Hunse et près de la mer, à 145 kil. N. E. d'Amsterdam ; 24 000 hab. Nombreux canaux, belles constructions, hôtel de ville, cathédrale St-Martin avec une tour de 110m, hôpital militaire; pont Botering-Hoog, etc. Université qui date de 1614, sociétés d'histoire naturelle, de chimie, etc. Quelque industrie, chantiers de construction ; assez de commerce. Patrie de Rodolphe Agricola, d'Hemsterhuys, etc. — Groningue fut fondée vers la fin du VIe siècle. Au Xe elle était commerçante et riche, mais les Normands la ravagèrent ; elle se releva en 1110 et fut alors murée. Elle passa en 1497 dans les mains de Maximilien d'Autriche, qui en donna l'administration au duc de Saxe, Albert II ; mais la ville préféra, se soumettre à l'évêque d'Utrecht : deux fois assiégée (1503, 1514), elle résista deux fois ; elle échappa à la domination autrichienne en se soumettant au duc Charles de Gueldre. Cependant, Charles-Quint y fit son entrée en 1536. Elle accéda la dernière à l'union d'Utrecht (1594), qui consomma l'indépendance des sept Provinces-Unies. — La province de Groningue est située au N. E. du roy. de Hollande sur les confins du Hanovre ; 80 kil. sur 27 ; 200 000 hab.

GRONOVIUS (Jean Fréd.), critique et humaniste, né à Hambourg en 1611, mort en 1671, professa les belles-lettres à l'Université de Leyde. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages, entre autres : Diatribe in Statii poetæ Sylvas, La Haye, 1637 ; De Sesterciis, Deventer, 1643 ; De Musæo Alexandrino (dans le tome VIIIe du Thesaurus antiquitatum græcarum de son fils); Lectiones plautinæ, etc., Amst., 1740, avec une Vie de Plaute. Il a revu et commenté un grand nombre de classiques latins (Tite-Live, Stace, Justin, Tacite, Aulu-Gelle, Sénèque, Salluste, Pline), qui font presque tous partie de la collection dite Variorum. — Jacques, son fils, né à Deventer en 1645, professa les belles-lettres à Leyde, et y mourut en 1716. Le plus important de ses écrits est le Thesaurus antiquitatum, græcarum, Leyde, 1697-1702, 12 vol. in-fol., sur le plan du Thesaurus antiq. rom. de Grævius, mais moins estimé. Il fut l'éditeur de plusieurs auteurs anciens commentés par son père. Il a commenté lui-même Hérodote, Polybe, Cicéron, Quinte-Curce, Suétone, Macrobe, Ammien Marcellin, etc. D'un caractère caustique et querelleur, il attaque et injurie souvent dans ses commentaires les savants les plus estimés. — Abraham, fils aîné de Jacques, pratiqua la médecine en Hollande, et en Angleterre. Il a publié de bonnes éditions de Justin, de Tacite et de Pomponius Mela, qui font partie de la collection Variorum ; les Variæ historiæ d'Élien, Leyde, 1731 ; le traité De animalium natura du même, Londres, 1744. On a aussi de lui Varia geographica, Leyde, 1739.

GROOT. V. GROTIUS et GÉRARD GROOT.

GROS (Ant. Jean, baron), peintre d'histoire, né à Paris en 1771, mort en 1835, eut pour premier maître son père, peintre en miniature, puis reçut les leçons de David. Atteint par la réquisition, il fit partie de l'armée d'Italie, fut attaché à l'état-major et put, en suivant les opérations militaires, acquérir un talent particulier pour peindre les batailles. Après avoir exécuté sur les lieux mêmes son tableau de Bonaparte au pont d'Arcole, il revint à Paris, remporta en 1802 le prix de peinture dont le sujet était la Bataille de Nazareth, puis fit paraître, sous le Consulat et l'Empire, une suite de tableaux admirables qui pour la plupart célébraient les gloires de l'époque : les Pestiférés de Jaffa, la Bataille d'Aboukir, Bonaparte aux Pyramides, le Champ de bataille d'Eylau, l’Entrevue de Napoléon et de l'empereur d'Autriche en Moravie. Il fut élu membre de l'Institut en 1815 et nommé en 1816 professeur à l’École des beaux-arts. Sous la Restauration, Gros fut surtout occupé à peindre la coupole de Ste-Geneviève (le Panthéon); il y représenta de la manière la plus heureuse quatre sujets tirés des grandes époques de l'histoire de France. Ce grand ouvrage, qui avait demandé dix ans, fut achevé en 1824, et valut à l'auteur, avec des applaudissements universels, le titre