Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cabinet de physique et de chimie, bibliothèque. On y avait établi sous la Restauration une école royale de marine qui a été transportée depuis 1827 à Brest. Port sur la Charente (au faubourg de l’Houmeau). Enceinte murée, ancien château des ducs ; belle cathédrale ; nouveau quartier très-beau. Papeteries renommées, poudrerie, fonderie de canons. Commerce actif ; entrepôt du commerce de Bordeaux et des dép. du Sud. — V. très-ancienne, célébrée par Ausone dès le IVe siècle ; ruinée par les Normands au IXe siècle. Calvin y porta la Réforme en 1527 ; par suite, la ville eut beaucoup à souffrir dans les guerres de religion. Patrie de St-Gelais, Balzac, Poltrot, Ravaillac, du physicien Coulomb, du général Montalembert, etc.

ANGOULÊME (comté, puis duché d'), à peu près équivalant à l’Angoumois. Il fut joint, lors de l’origine du système féodal, au comté de Périgord. Le premier comte de Périgord et d’Angoulême est Vulgrin I (866) ; le plus illustre est Guillaume-Taillefer, sous qui le comté devint arrière-fief de la couronne et fief du duché d’Aquitaine ; le dernier est Vulgrin III, mort en 1181, dont la fille Mathilde porta le comté à Hugues IX, sire de Lusignan et comte de la Marche. Le comté d’Angoulême fut réuni à la couronne en 1308, donné à Philippe d’Évreux en 1328, confisqué sur Charles le Mauvais en 1351, et donné en même temps au connétable Charles d’Espagne ; puis cédé aux Anglais en souveraineté en 1360, mais repris en partie en 1372 et années suivantes. Il devint ensuite l’apanage de Louis, duc d’Orléans, fils de Charles V et frère de Charles VI, et passa au fils puîné de ce prince, qui fut la tige des Valois-Angoulême. François I, issu de cette branche, porta d’abord le titre de comte d’Angoulême ; devenu roi, il fit de ce comté un duché qu’il donna à sa mère, à la mort de laquelle il le réunit à la couronne. Ce duché fut encore un apanage de 1574 à 1650, en faveur de Diane et de Charles de Valois, enfants naturels, l’une de Henri II, l’autre de Charles IX. Après eux, le titre de duc d’Angoulême n’a plus été que nominal.

ANGOULÊME (Charles de VALOIS, duc d'), fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet, né en 1573, mort en 1650, porta d’abord le titre de comte d’Auvergne, qu’il échangea en 1619 contre celui sous lequel il est connu. Il fut un des premiers à reconnaître Henri IV et combattit vaillamment dans les rangs de son armée ; mais ensuite il entra dans une conspiration contre ce prince et fut condamné à une détention perpétuelle (1606). Ayant obtenu de Louis XIII sa liberté, il servit l’État avec dévouement et se distingua dans les guerres de Languedoc, d’Allemagne et de Flandre. On a de lui, entre autres écrits, d’intéressants Mémoires sur les règnes de Henri III et Henri IV, Paris, 1662.

ANGOULÊME (L. Ant. DE BOURBON, duc d'), fils aîné du comte d’Artois (Charles X), né à Versailles en 1775, mort à Goritz en 1844, fut emmené par son père en émigration ; épousa en 1799, à Mittau, la fille de Louis XVI, Marie-Thérèse, sa cousine, accompagna Louis XVIII à Varsovie et à Hartwell, rentra en France en 1814, fut accueilli avec enthousiasme à Bordeaux, tenta vainement de s’opposer à la marche de Napoléon en 1815, se vit abandonné de ses troupes, fut pris par le général Grouchy, détenu quelques jours au Pont-St-Esprit, et ne dut la liberté qu’à la générosité de l’Empereur. En 1823, il conduisit une armée au secours de Ferdinand VII, roi d’Espagne, dont le trône était menacé, délivra le roi, poursuivit les insurgés jusqu’à l’extrémité de la Péninsule, couronna l’expédition par la prise du Trocadéro, réussit, presque sans effusion de sang, à rétablir l’autorité royale, et signa l’ordonnance conciliatrice d’Andujar, mais il eut le regret d’en voir neutraliser l’effet par le mauvais vouloir de la cour de Madrid. Après les événements de 1830, il céda ses droits au duc de Bordeaux, son neveu, et vécut en simple particulier sous le nom de comte de Marnes (terre voisine de Ville-d’Avray). Sans être doué de facultés éminentes, ce prince était un homme sage, animé d’intentions conciliantes. — Marie Thérèse Charlotte, duchesse D’ANGOULÊME, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, née à Versailles en 1778, morte en 1851, avait à peine 14 ans quand elle fut emprisonnée au Temple avec sa famille. Elle eut à subir les plus indignes traitements et à pleurer successivement la mort tragique de son père, de sa mère, de sa tante Élisabeth, et ne recouvra la liberté qu’en 1795 : elle fut alors échangée contre les commissaires de la Convention livrés par Dumouriez aux Autrichiens. Elle rejoignit dans d’exil son oncle, Louis XVIII, épousa en 1799, à Mittau, de duc d’Angoulême, son cousin, rentra en France avec lui en 1814, proclamant partout union et oubli ; déploya à Bordeaux, en 1815, pour la défense de la cause royale, une énergie qui fit dire à l’Empereur qu’elle était le seul homme de la famille ; accompagna sa famille dans un nouvel exil en 1830, et se fixa à Frohsdorf, en Styrie, où elle se livra tout entière à l’éducation de son neveu, le duc de Bordeaux, et à la pratique des bonnes œuvres. Son attachement à Louis XVIII, dont elle fut la compagne fidèle, l’a fait surnommer l’Antigone moderne. Soutenue dans ses malheurs par une piété vive, cette princesse fut un modèle de résignation. Elle a laissé des Mémoires.

ANGOULEVENT (Nic. JOUBERT, sieur d'), fou célébre sous le règne d’Henri IV. On lui donnait le nom de Prince des sots ou de la sottise. Il eut un procès curieux avec les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, en 1604, au sujet des droits attachés à sa principauté. En 1615, on publia sous son nom un recueil intitulé les Satires bastardes et autres œuvres folastres du cadet Angoulevent, dont le véritable auteur est inconnu.

ANGOUMOIS, Agesinates, anc. prov. de France, partie du grand gouvernement de Saintonge et Angoumois, était située entre le Poitou au N. et le Périgord au S., et avait pour capit. Angoulême. Elle forme auj. le dép. de la Charente, moins quelques cant. de l’arr. de Barbezieux, et partie du dép. de la Dordogne. V. COMTÉ D’ANGOULÊME.

ANGRA, ch.-l. de l’île Terceire et de toutes les Açores, sur la côte S. ; 12 000 hab. Évêché, port, fortifications. Miel, vins, lin, froment.

ANGRAN D’ALLERAY (Denis-François), lieutenant civil au Châtelet de Paris, né en 1715, remplit ses fonctions avec autant de lumières que de désintéressement, mais n’en fut pas moins condamné, en 1794, à périr sur l’échafaud révolutionnaire : son crime était d’avoir envoyé de l’argent à ses enfants émigrés. Un de ses juges lui ayant demandé s’il ignorait la loi qui le défendait : « Non, répondit-il, mais j’en connais une plus sacrée : c’est celle qui ordonne aux pères de nourrir leurs enfants. »

ANGRIE, contrée de la Germanie. V. Part suivant.

ANGRIVARII, peuple de la Germanie, habitait sur le Weser, au N. des Chérusques, dans le pays qui fut nommé depuis Angrie et qui contenait les pays de Brême, Verden, Oldenbourg, Ostfrise, Grœningue, Osnabrück, Hoya, Calenberg, Lippe, Munster, Minden, Pyrmont, Corvey, Paderborn, Waldeck. L’Angrie était le domaine de Witikind.

ANGUIER (Franç.), sculpteur, né à Eu en 1604, mort en 1699, a fait les mausolées du cardinal de Bérulle, de J. de Thou, celui de Henri, duc de Montmorency, à Moulins, et un crucifix en marbre pour le maître autel de la Sorbonne. Il travaillait un peu lourdement. — Michel, son frère, 1612-1686, lui est supérieur : il a sculpté une Amphitrite pour Versailles, les bas-reliefs de la porte St-Denis, à Paris, ceux du portail du Val-de-Grâce, ainsi que la Nativité qui décore le maître autel de ce monument. Une salle du musée porte le nom des frères Anguier.

ANGUILLARA, bourg de l’État ecclésiastique, dans la comarque et à 30 kil. N. O. de Rome, érigé en duché par Benoît XIV en 1758 ; 3000 hab.

ANGUILLARA (Andrea dell'), poëte italien, né en