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venger de ce qu’il l’avait révoqué de ses fonctions. Il était père de Cassandre, qui gouverna la Macédoine après lui. — Un autre Antipater, fils de Cassandre, et gendre de Lysimaque, régna sur la Macédoine de 298 à 295, conjointement avec son frère Alexandre, et eut de continuels démêlés avec lui.

ANTIPATER ou ANTIPAS, Iduméen de nation, fut le principal ministre d’Hyrcan II, exerça sous ce prince toute l’autorité et prépara l’élévation de son fils Hérode. Il fournit à César des secours dans sa guerre contre Alexandrie et reçut en récompense le titre, de procurateur de la Judée. Il mourut empoisonné en 43 av. J.-C. — Fils d’Hérode. V. HÉRODE ANTIPAS.

ANTIPATRIS, primitivement Caphar Seba, v. de Palestine, au N. O. de Samarie, sur la route de Jérusalem à Césarée, fut ainsi nommée par Hérode en l’honneur d’Antipater, son père.

ANTIPHANE, nom de 4 poètes comiques grecs dont le plus célèbre écrivait à Athènes vers le commencement du IVe siècle av. J.-C. Il avait composé 250 comédies : il n’en reste que peu de fragments.

ANTIPHON, sophiste, né en 479 av. J.-C. à Rhamnonte en Attique, s’établit à Athènes vers 430, et fut le maître de Thucydide, qui le mentionne avec honneur (VIII, 68). Il contribua à l’établissement des Quatre-cents, et fut condamné à mort après la chute de ce gouvernement, 411. Il reste de lui 15 discours (on les trouve dans les collections de Reiske, de Bekker et de Didot) ; quelques-uns ont été trad. par l’abbé Auger, à la suite d’Isocrate.

ANTIPOLIS, auj. Antibes, v. de Gaule, ch.-l. des Deciates, faisait partie de la Province Romaine.

ANTISANA, montagne et volcan des Andes péruviennes, dans la république de l’Équateur, au S. E. de Quito, a 5833m de hauteur.

ANTISTHÈNE, philosophe grec, fondateur de l’école des Cyniques, né à Athènes vers l’an 424 av. J.-C., mort à 72 ans, avait d’abord étudié sous le sophiste Gorgias, et avait enseigné la rhétorique avec succès ; mais ayant un jour entendu Socrate, il ferma son école et se livra tout entier à l’étude de la philosophie. Antisthène professait la morale la plus austère ; il pensait qu’il n’y a de beau que la vertu, de laid que le vice et s’élevait au-dessus des bienséances sociales, qu’il regardait comme de vains préjugés. On l’a accusé d’être vertueux avec ostentation : Socrate disait de lui qu’on voyait son orgueil percer à travers les trous de son manteau. Il composa plusieurs traités de philosophie, mais il ne reste de lui que des fragments et quelques lettres, peut-être apocryphes, publiés par Winckelmann, Zurich, 1841. Richter a composé une dissertation De vita, moribus ac placitis Antisthenis, Iéna, 1724 ; M. Chappuis a écrit en 1854 une thèse sur ce philosophe.

ANTI-TAURUS, c.-à-d. en face du Taurus, chaîne de mont. de l’Asie-Mineure qui joint le Taurus au Caucase, court au N., puis à l’E. en traversant les eyalets de Sivas et de Trébizonde, et porte les noms d’Eutch-Kapolou, Tchicheghi-dagh, Aghi-dagh.

ANTIUM, auj. Anzio, v. et port du Latium, capitale des Volsques ; sur la mer Tyrrhénienne, à 40 kil. S. O. de Rome. Elle fut l’asile de Coriolan exilé. Antium fut prise en 467 av. J.-C. par Quintius Capitolinus : les proues (rostra) de ses navires furent enlevées et portées à Rome pour orner la tribune aux harangues. On voyait à Antium deux temples célèbres, l’un d’Esculape, l’autre de la Fortune ; un peu à l’E. était un temple de Neptune (auj. Nettuno). Caligula et Néron étaient nés à Antium. C’est dans les ruines de cette ville qu’on a trouvé en 1503 l’Apollon du Belvédère.

ANTIVARI, Bar en turc, v. de Turquie (Albanie), à 37 kil. O. de Scutari, avec un port sur l’Adriatique. Château sur un roc très-escarpé. Archevêché grec. Entrepôt de la vallée du Drin.

ANTOINE (Marc-), M. Antonius, orateur romain, grand-père du triumvir, fut consul l’an 99 av. J.-C. et se distingua dans la guerre contre les alliés. S’étant, pendant la guerre civile, déclaré pour Sylla contre Marius, celui-ci donna ordre de le tuer, et fit exposer sa tête sur la tribune aux harangues (87). D’après Cicéron, c’était un des plus grands orateurs de son temps : son éloquence était surtout remarquable par la soudaineté, la souplesse, la verve, l’action ; Jamais il n’écrivit ses discours. Il est, avec Crassus, le principal personnage du dialogue De Oratore.

ANTOINE (Marc-), triumvir, petit-fils du précédent, né l’an 86 av. J.-C., se distingua dès sa jeunesse dans les guerres contre les Juifs et fut nommé tribun du peuple en 50. Il se lia d’abord avec les tribuns Curion et Clodius, puis s’attacha à César, et lui donna le conseil de marcher droit à Rome après le passage du Rubicon. Il commanda l’aile droite de l’armée à Pharsale. César, devenu dictateur (47), le choisit pour maître de la cavalerie. Antoine osa un jour de fête présenter un diadème à César, mais il ne fit, par cette démarche imprudente, que hâter la mort du dictateur. Après le meurtre de César (44), il prononça son oraison funèbre, ameuta le peuple contre ses assassins, les poursuivit vigoureusement, et alla assiéger Décimus Brutus dans Mutina (Modène), l’an 43 av. J.-C. Mais le sénat l’ayant déclaré ennemi de l’État, les consuls Hirtius et Pansa marchèrent contre lui et le défirent. Trop faible pour résister seul, Antoine s’unit avec Lépide et le jeune Octave. Cette association, nommée 2e triumvirat, débuta par d’horribles proscriptions, et remplit l’Italie d’exécutions sanglantes : Antoine exigea la mort de Cicéron, qui l’avait violemment attaqué dans ses Philippiques. L’année suivante, 42, Antoine, suivi d’Octave, défit Brutus et Cassius dans les plaines de Philippes, et anéantit ainsi le parti républicain. Les triumvirs se partagèrent ensuite l’empire romain : dans ce partage Antoine obtint la Grèce et l’Asie. Pour cimenter son union avec Octave, il épousa la sœur de celui-ci, Octavie, aussitôt après la mort de sa première femme, la célèbre Fulvie (V. ce nom) ; mais bientôt, épris des charmes de Cléopâtre, reine d’Égypte, il délaissa Octavie pour elle et livra même à la princesse égyptienne une partie des conquêtes romaines (Phénicie, Célésyrie, Judée, Chypre). Octave saisit cette occasion pour rompre avec Antoine ; les deux rivaux se livrèrent prés d’Actium une bataille navale qui décida du sort du monde (31). Antoine fut vaincu et forcé de fuir avec Cléopâtre. Il se réfugia à Alexandrie ; mais, se voyant près de tomber entre les mains du vainqueur, il se donna la mort (30). Cet homme célèbre possédait les qualités d’un grand guerrier, mais il se livra à tous les excès de l’intempérance et de la débauche. Plutarque a écrit la Vie d’Antoine.

ANTOINE (Lucius), frère du triumvir, s’unit à Fulvie pour attaquer Octave, sans l’aveu de son frère, fut assiégé dans Pérouse, mais fut obligé de se rendre après un long siége, et n’obtint son pardon (41-40 av. J.-C.) qu’en abandonnant les habitants de Pérouse à la vengeance du vainqueur.

ANTOINE (S.), instituteur de la vie monastique, né en 251, dans un village de la Haute-Égypte nommé Coma, d’une famille riche, vendit ses biens, se retira à 20 ans dans la solitude et s’y livra à la vie la plus austère et aux plus dures mortifications. Il s’était d’abord fixé au lieu appelé auj. Fayoum (entre Memphis et Arsinoé) ; il se transporta plus tard dans un endroit plus désert encore, au mont Colzin (près de l’anc. Heroopolis). Une foule de disciples vint se ranger sous sa discipline, et il fonda plusieurs monastères pour les réunir. Deux fois il sortit de sa retraite pour aller à Alexandrie : la 1re en 311, pour soutenir les Chrétiens persécutés par Maximin, et la 2e, en 355, pour défendre la foi contre les Ariens. Respecté des Païens mêmes, honoré des empereurs, il mourut en 356, à l’âge de 105 ans. On rapporte que dans sa solitude il fut pendant vingt ans poursuivi par le démon, qui chercha par tous les moyens à le séduire ; mais il résista à toutes les tentations. La