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ISMAËL, fils de l’imam Giafar-el-Sadiket 6e descendant d’Ali, mort vers 750, a donné son nom à la secte musulmane des Ismaéliens. V. ce nom.

ISMAËL I ou CHAH ISMAEL, fondateur de la dynastie des Sophis de Perse, était fils d’un gouverneur du Chirvan, petit fils de Sophi, et prétendait descendre d’Ali, gendre de Mahomet, par Mouça, le 7e des imams. Sorti de sa province vers 1500, il secoua le joug de la dynastie turcomane du Mouton-Blanc, s’empara de Tauris, de l’Irak, du Farsistan, du Kourdistan, du Diarbékir, en un mot de toute la Perse ; entra dans Bagdad (1509), et fit asseoir sur le trône la secte des Chyites ; mais il fut arrêté dans ses conquêtes par Sélim I, qui le battit à Tchaldir (1514). Ce prince régna jusqu’en 1523, et partagea ses États entre ses enfants. Il est encore aujourd’hui en grande vénération parmi les Persans. — Ismaël II, petit-fils du précéd., était en prison à la mort de son père Chah-Thamasp (1576) et passa de la prison sur le trône. Il crut affermir sa puissance par le meurtre de ses 8 frères ; mais il fut empoisonné lui-même par sa sœur en 1578.

ISMAÉLIENS, secte musulmane dont l’origine remonte au IIe siècle de l’ère musulmane, et qui s’est détachée des Chyites ou partisans d’Ali. Au lieu d’admettre après Mahomet une succession de 12 imams (V. ce mot) comme le font les autres Chyites, ils n’en admettent que 7, et prétendent qu’à la mort d’Ismaël, fils aîné de Giafar-el-Sadik, c’est à tort que l’on transféra la qualité d’imam à Mouça, frère cadet d’Ismaël, et que cette dignité appartenait de droit à Mohammed, fils d’Ismaël. Ce Mohammed ayant disparu fort jeune, les Ismaéliens ne voulurent point croire à sa mort, mais ils prétendirent que sa race s’était conservée et qu’elle se perpétuait par une filiation secrète jusqu’à l’arrivée d’un dernier imam, sorte de messie qui ferait triompher leur secte. Les Ismaéliens professaient une doctrine mystérieuse qui expliquait par des allégories les dogmes de l’Islamisme, et qui, dispensant ses adeptes de toute obligation, était également contraire à la morale et à la religion. Les Ismaéliens jouent un grand rôle dans l’histoire de l’Orient du VIIIe au XIIe siècle. C’est de cette secte que sont sortis les Karmathes, qui ravagèrent la Perse et la Syrie au VIIIe siècle ; les califes fatimites, dont le premier, Obéid-Allah, se prétendait issu d’Ali par Ismaël, et qui régnèrent sur l’Égypte de l’an 909 à 1174 ; les Assassins, dits aussi Ismaéliens de l’Est, qui, pendant près 200 ans (de 1090 à 1260), répandirent la terreur dans tout l’Orient ; les Druses, qui sont encore fort nombreux en Syrie. On en fait aussi dériver les Nosaïris et les Wahabites.

ISMAIL ou ISMAILOV, v. de Moldavie, sur le Danube, à 180 kil. S. de Bender ; 25 000 hab. Port de quarantaine, station d’une partie de la flottille du Danube. Cuirs, peau de chagrin. — Cette ville fut saccagée en 1789 par Souvarow. Cédée en 1812, par le traité de Bukharest, à la Russie, qui l’annexa à la Bessarabie, elle lui a été enlevée par le traité de Paris, en 1856, et réunie à la Moldavie.

ISMAÏLIA. v. d’Égypte, sur le canal de Suez ; c’est la plus importante station entre Port-Saïd et Suez.

ISMARE, Ismarus, v. et mont. de Thrace, au S., chez les Cicones, entre Maronée et Stryma.

ISMÈNE, fille d’Œdipe et de Jocaste, fut mise à mort par Créon avec sa sœur Antigone, pour avoir rendu les honneurs funèbres à son frère Polynice.

ISNARD (Maximin), membre de l’Assemblée législative et de la Convention, né à Grasse(Var), en 1751, mort en 1830. A l’Assemblée législative il ne se fit remarquer que par l’exaltation de ses sentiments patriotiques et par la violence des mesures qu’il proposait : à la Convention, il se montra plus modéré, se rangea parmi les Girondins, et combattit avec courage le parti de la Montagne. Mis hors la loi au mois d’octobre 1793, il n’échappa à la mort qu’en se cachant ; il reparut à la Convention après le 9 thermidor, et fit partie du Conseil des Cinq-Cents ; mais, depuis l’avènement de Bonaparte, il resta éloigné des affaires. On a de lui un beau dithyrambe sur l’Immortalité de l’âme, 1805, et quelques écrits politiques, entre autres une brochure intitulée la Proscription d’Isnard, 1795.

ISNIK, l’anc. Nicée, v. de la Turquie d’Asie (Anatolie), sur le bord E. du lac d’Isnik (Ascanius lacus), qui communique avec la mer de Marmara, à 80 kil. N. E. de Brousse ; 1500 hab. Fabriques de faïences, poteries, soieries, tapis, tabac. Cette ville est tout à fait déchue de son ancienne splendeur. V. NICÉE.

ISNIKMID ou ISMID, l’anc. Nicomédie, v. de la Turquie d’Asie (Anatolie), ch.-l. de sandjak, à 100 kil. S. E. de Constantinople, au fond du golfe d’Isnikmid (Astacenus sinus) ; 40 000 hab. Siège d’un archevêché arménien et d’un métropolitain grec. Filatures de soie et poteries ; eaux minérales. Isnikmid est le rendez-vous d’un grand nombre de caravanes. V. NICOMÉDIE.

ISOCRATE, célèbre rhéteur athénien, né l’an 436 av. J.-C., eut pour maîtres Prodicus et Gorgias. Sa timidité naturelle et la faiblesse de sa voix ne lui permettant pas de parler en public, il se voua à l’enseignement de l’éloquence et eut la gloire de compter parmi ses élèves Isée, Hypéride et Lycurgue ; il composait aussi des discours sur toutes sortes de sujets, des lettres et surtout des plaidoyers qu’il faisait payer fort cher, et il acquit ainsi une fortune considérable. Il entretenait une correspondance active avec Philippe, roi de Macédoine. Séduit par les flatteries de ce prince, il le défendit contre les attaques de Démosthène et s’opposa, autant qu’il put, à ce que les Athéniens lui déclarassent la guerre : on dit qu’affligé de la perte de la bataille de Chéronée, il se laissa mourir de faim. Il avait alors près de 100 ans. Isocrate se recommande par l’élégance et l’harmonie du style ; il est le premier qui ait bien connu l’art de cadencer les périodes ; mais il manque de feu et d’énergie. Il reste de cet orateur 21 discours, parmi lesquels on connaît surtout le Panéyriqne d’Athènes (qu’il mit 15 ans à polir), les Éloges d’Évagoras et d’Hélène, le Discours sur la paix, le Discours à Nicoclès sur l’art de régner, le Disc. à Démonique, etc. On a aussi de lui 10 Lettres. Outre l’édit. princeps, Milan, 1493, on estime celles de H. Wolf, Bâle, 1553 ; d’H. Etienne, Paris, 1593, gr.-l. ; de Reiske, Leips. 1770-75 ; de Coray, Paris. 1807 ; de Bekker, Berlin, 1823-24 : de J. G. Baiter (coll. Didot), 1846. Auger a trad. en français ses discours, 1782, et M. le duc de Clermont-Tonnerre toutes ses Œuvres, avec le texte, 3 v. in-8, 1862-64.

ISOLA, v. des États autrichiens (Istrie), sur le golfe de Trieste, à 9 kil. O. de Capo-d’Istria ; 3100 h. Vins.

ISOLA, v. d’Italie (dans la Calabre Ultérieure 2e), à 40 kil. E. de Catanzaro ; 3000 hab. Évêché.

ISOLA-BELLA. V. BORROMÉES (îles).

ISOLA GROSSA, Scardona, île des États autrichiens, dans l’Adriatique, sur la côte de la Dalmatie, au S. O. de Zara : 44 kil. sur 3 ; 12 000 h. Lieu principal, Salé.

ISONZO, Isontius ou Sontius, riv. des États autrichiens (Illyrie), naît au mont Terglou dans le cercle de Goritz, passe à Goritz, à Gradiska, reçoit la Torre, l’Idria et la Wippach, et se jette dans le golfe de Trieste après un cours de 130 k. Sous l’empire français, l’Isonzo formait la limite orientale du roy. d’Italie.

ISOUARD (Nicolo), compositeur. V. NICOLO.

ISPAHAN, Aspadana, v. de Perse (Irak-Adjémi), jadis capit. de toute la Perse, et auj. ville de second ordre, sur le Zendehroud, à 350 kil. S. de Téhéran ; 100 000 hab. Monuments remarquables, mais presque tous en ruine. Fabriques d’étoffes de coton, soie, or et argent ; quincaillerie, armurerie, lames de sabres renommées, fruits de toute espèce (et surtout melons et pastèques). Commerce encore considérable. — Ispahan était peu importante dans l’antiquité. Sous les califes de Bagdad, elle devint la capitale de l’Irak-Adjémi, et prit alors un immense accroissement. Prise et ravagée par Tamerlan (1387), elle se releva peu à peu sous les Sophis. Chah-Abbas I en fit la capitale de toute la Perse, l’embellit d’édifices magnifiques, y attira les artistes, les négociants, les ouvriers : elle devint alors l’entrepôt le plus considérable du commerce