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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/126

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gneurs de la cour), réunis sous le titre d´OEuvres poétiques, 1575, 79, 84 ; il y montra plus de goût et de naturel que Ronsard. Il a aussi trad. en vers une partie de l´Iliade et de l´Odyssée. On lui donne quelquefois place dans la Pléiade poétique de son temps.

JANET (Franç. CLOUET, dit), peintre français, d'une famille d'artistes originaires de Flandre, né vers 1510, m. v. 1580. On le croit élève d'Holbein. Il répudia l'imitation des Italiens, et demeura fidèle à l'ancienne école. Il a laissé des portraits de très-petite dimension. Ses œuvres sont nombreuses en Angleterre, surtout dans la galerie de Hampton-Court. Le musée du Louvre a de lui un charmant portrait de femme (dans le salon carré).

JANICULE (mont), Janiculus mons, une des sept collines de Rome, la seule qui se trouvât à la droite du Tibre (V. JANUS), fut fortifiée par Ancus Martius, puis jointe à la ville par le pont Sublicius. C'est sur le Janicule que se retirèrent, l'an 287 av. J.-C., les plébéiens mécontents du sénat (c'est la troisième sécession). Le Janicule était fort peu habité. Le roi Numa et le poëte Stace y furent enterrés.

JANINA, v. de la Turquie d'Europe (Albanie), ch.-l. du pachalik de Janina, sur le bord S. O. du lac du même nom, à 850 kil. S. O. de Constantinople; 12 500 hab. (elle en eut jusqu'à 40 000, sous Ali-Pacha). Belle situation dans une vallée dite Champs-Élysées. Deux citadelles, l'une dans la ville même, l'autre sur la péninsule qui s'avance dans le lac; deux palais, dont l'un bâti par Ali. Archevêché grec. Janina sous la domination d'Ali avait plusieurs écoles élémentaires, un lycée, une bibliothèque publique, et avait pris un aspect tout à fait italien. — Cette ville fut, dit-on, fondée vers 1350 par Jean Cantacuzène, parent de l'empereur de ce nom. Elle fut prise par les Turcs en 1425, et depuis elle leur est restée. On l'a souvent regardée comme la capit. de toute l'Albanie. Elle a joué un grand rôle sous Ali-Pacha(1788-1822), mais auj. elle est sans importance. — Le pachalik, entre ceux de Monastir, de Tricala, de Delvino, d'Avlone et la mer Ionienne, est couvert de montagnes et arrosé par plusieurs affluents de la Voïoutza, par l'Arta et le Mavro-Potamo; il a 250 kil. sur 50 et 200,000 h., la plupart Turcs, les autres Arnautes, Grecs, Juifs, etc.

JANISSAIRES (du mot turc iéni tchéri, nouvelle troupe, milice turque, créée par Orkhan vers 1360, successivement accrue par Amurat I (1362) et par Bajazet I (1389), était consacrée à la garde du trône et à la défense des frontières. Elle se composait de soldats d'infanterie, et se recrutait principalement parmi les jeunes captifs chrétiens qu'on élevait dans l'Islamisme. On ne comptait dans l'origine que 6000 janissaires, mais le nombre en fut porté plus tard à plus de 100 000; ils étaient choisis parmi les plus beaux hommes. Cette milice d'élite, parfaitement disciplinée, rendit d'abord de grands services, notamment à Varna, à Cassovie, où ils décidèrent de la victoire; mais bientôt, devenue trop puissante, elle se rendit redoutable par son insubordination, fit ou déposa à son gré les sultans, et résista opiniâtrement à toutes les tentatives de réforme. A l'occasion d'une insurrection que les Janissaires avaient excitée en 1826 à Constantinople, le sultan Mahmoud II prononça leur dissolution : la plupart furent massacrés à Constantinople même, sur la place de l'Atmeidan ; les autres furent poursuivis dans les provinces et exterminés.

JANKAU ou JANKOWITZ, bourg de Bohême, à 42 kil. S.O. de Kaurzim ; 600 hab. Les Autrichiens y furent défaits en 1645 par le Suédois Torstenson.

JANNÉE (ALEXANDRE). V. ALEXANDRE JANNÉE.

JANNEQUIN ou JENNEQUIN (Clément), compositeur français du XVIe siècle, né vers 1500, m. vers 1560, florissait sous François I et Henri II, mais n'est connu que par ses œuvres. Il s'adonnait beaucoup à la musique imitative, ainsi que le prouvent ses compositions intitulées : le Chant des oiseaux, le Caquet des femmes, le Rossignol, l´Alouette, la Bataille (celle de Marignan), etc. Il a aussi écrit de la musique sacrée. On a de lui, entre autres œuvres, un précieux recueil d´Inventions musicales à 4 et 5 parties, Lyon, 1544, et Paris, 1659.

JANSÉNISTES. V. JANSÉNIUS.

JANSÉNIUS (Cornélius JANSEN OU JANSSEN dit), évêque d'Ypres, né en 1585 au village d'Acquoi près de Léerdam (Hollande), étudia la théologie à Louvain et à Paris, où il se lia avec l'abbé de Saint-Cyran; fut placé, sur la recommandation de celui-ci, à la tête d'un collège à Bayonne, et retourna en 1617 à Louvain, où il devint principal du collège de Ste-Pulchérie. Nommé en 1630 professeur d’Écriture sainte à l'université de cette ville, il y eut de vifs démêlés avec les Jésuites, auxquels il fit défendre d'enseigner la théologie à Louvain. En 1635, à l'occasion de la guerre de la France avec l'Espagne, il publia un pamphlet énergique, intitulé Mars Gallicus, dans lequel il s'élevait contre la politique de Richelieu; l'année suivante, il fut nommé évêque d'Ypres. Il mourut en 1638 de la peste, qu'il avait gagnée en visitant ses diocésains. Jansénius avait publié de son vivant quelques écrits théologiques; mais le plus célèbre de tous ses ouvrages est un traité intitulé Augustinus, qui ne parut qu'après sa mort, en 1640 (Louvain, in-fol.); l'auteur s'était proposé d'y exposer les vraies opinions de S. Augustin sur la grâce, le libre arbitre et la prédestination; il y combattait le jésuite Molina, et établissait une doctrine peu favorable à la liberté de l'homme et à la bonté de Dieu. Cet ouvrage excita de vives disputes parmi les théologiens, et donna naissance à la secte des Jansénistes. Nicolas Cornet en tira cinq propositions qui furent condamnées par Innocent X en 1653, et par Alexandre VII en 1656. L'abbé de Saint-Cyran, puis Arnauld, Nicolle, Pascal et un certain nombre de savants théologiens prirent la défense de l'ouvrage incriminé, et, tout en reconnaissant en principe que les 5 propositions condamnées étaient hérétiques, ils nièrent qu'en fait elles se trouvassent réellement dans l´Augustinus ou qu'elles eussent été bien comprises. Les Jésuites se déclarèrent contre les Jansénistes et furent leurs adversaires les plus ardents. Alexandre VII enjoignit aux Jansénistes de signer un formulaire qui contenait une adhésion à la condamnation (1665), et Louis XIV obligea, sous des peines sévères, tous ses sujets à obéir. Les évêques jansénistes se soumirent sur la question de droit, mais en gardant sur la question de fait un silence respectueux. La paix dite de Clément IX (1669) ainsi obtenue fut de courte durée. En 1702, une décision de la Sorbonne au sujet du Cas de conscience ranima la querelle, qu'envenima encore plus en 1705 un ouvrage du P. Quesnel, prêtre de l'Oratoire, intitulé : Réflexions morales sur le Nouveau Testament, dans lequel étaient reproduits les principes de Jansénius, et qui fut condamné en 1713 par le pape Clément XI dans la fameuse bulle Unigenitus. Cette bulle ne fut admise en France qu'après une assez longue opposition, et elle devint l'occasion de nouvelles poursuites contre ceux des Jansénistes qui ne voulaient pas y souscrire (on les nomma les Appelants, parce qu'ils en appelaient au futur concile de la décision du pape). Dans leur exaltation ces malheureux se crurent honorés du martyre; ils prétendirent qu'un des leurs, le diacre Pâris, mort, selon eux, en odeur de sainteté, faisait des miracles, et ils accoururent en foule à son tombeau (1727). Ces folies les couvrirent de ridicule, puis ils tombèrent dans l'oubli. Cependant le parti des Jansénistes continua toujours d'exister et se perpétua jusqu'après la Révolution. Sur l'histoire de cette secte, on peut consulter l´Histoire du Jansénisme de dom Gerberon, les Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique de Picot, l'Hist. de Port-Royal de Ste-Beuve. V. PORT-ROYAL.

JANSON, imprimeur. V. JENSON.