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tut dès sa fondation, enseigna successivement les mathématiques à l’École militaire, à l’École centrale des Quatre-Nations, à l’École polytechnique, à la Faculté des sciences, dont il devint le doyen, enfin au Collége de France (1815). On lui doit un Cours de Mathématiques (arithmétique, algèbre, géométrie, trigonométrie), publié de 1796 à 1801, ouvrage élémentaire, remarquable par la clarté de l’exposition, et dans lequel il introduisit l’usage de la méthode analytique ; un Traité du Calcul différentiel et intégral (1797 et 1810-1819), ouvrage d’un genre plus élevé, qui est le fondement de sa réputation ; un Essai sur l’enseignement des mathématiques, 1805, où l’on remarque la partie qui traite des méthodes.

LACROIX (PÉTIS de). V. PÉTIS.

LACROZE (Mathurin VEYSSIÈRES de), orientaliste, né en 1661, à Nantes, m. en 1739, passa jeune en Amérique, dans le dessein de se livrer au commerce ; de retour à Nantes, il étudia la médecine ; mais bientôt, dégoûté de ce nouvel état, il prit l’habit de bénédictin (1682). Son caractère indépendant l’empêchant de se plaire dans un cloître, il s’en échappa, se réfugia à Bâle, et embrassa la religion réformée ; il se fixa enfin à Berlin, où il devint bibliothécaire du roi de Prusse, précepteur de la princesse royale (depuis margravine de Bayreuth), et professeur de philosophie au collége français. Ses principaux ouvrages sont : Vindiciæ veterum scriptorum contra Harduinum, Rotterdam, 1708 ; Histoire du Christianisme des Indes, La Haye, 1724 ; Histoire du Christianisme d’Éthiopie et d’Arménie, 1739 ; Lexicon Ægyptiaco-Latinum, 1775 ; Thesaurus epistolicus, etc. Il a laissé en manuscrit des Dictionnaires arménien, slave, syriaque, etc.

LACRUZ (PANTOJA de), peintre espagnol, né à Madrid en 1551, m. en 1610, était peintre de Philippe II, et fut chargé par ce prince de décorer les plafonds de l’Escurial. On estime ses portraits de Charles-Quint, de Philippe II et de Philippe III.

LACRUZ (Juana Inès de), religieuse et poëte espagnole, née en 1614 à Mexico, morte en 1695, s’enferma dans un couvent de Mexico, par suite d’un amour malheureux, et y partagea son temps entre les exercices de piété et la poésie. Elle a composé de nombreuses poésies, les unes sacrées, les autres profanes, publiées à Madrid en 1670. Après avoir pris pour modèles les classiques Garcilaso et Boscan, elle se laissa égarer par l’exemple de Gongora, et sacrifia au mauvais goût. On la surnommait la 10e  Muse.

LACRUZ Y CANO (Ramon de), poëte dramatique, né en 1728, à Madrid, m. en 1795. Après avoir été avocat, secrétaire, professeur, il se fit auteur et se consacra tout entier au théâtre. Il y fit représenter un grand nombre de petites pièces en un acte, dites saynètes, qui eurent beaucoup de succès. Son Théâtre a été publié en 1788, 10 vol. in-8.

LACTANCE, Firmianus Lactantius, écrivain chrétien, né vers 250, probablement en Afrique, étudia à Sicca, en Numidie, où il eut pour maître Arnobe ; fut choisi vers 290 par Dioclétien pour enseigner les lettres à Nicomédie ; embrassa le Christianisme vers 300, et se voua dès lors à la défense de sa nouvelle religion. Constantin lui confia en 318 l’éducation de son fils Crispus. On croit qu’il mourut à Trêves en 325. Lactance a laissé plusieurs ouvrages, tous en latin : le plus célèbre est son traité des Institutions divines, en 7 livres, où il combat le polythéisme et la philosophie païenne. Ses autres ouvrages traitent de l’Œuvre de Dieu, de la Colère de Dieu, de la Mort des persécuteurs : ce dernier, longtemps ignoré, fut retrouvé seulement au XVIIe siècle et publié par Baluze en 1679. On lui attribue aussi plusieurs pièces de vers, notamment un petit poëme sur le Phénix. Son style, élégant et pur, l’a fait surnommer par S. Jérôme le Cicéron chrétien. Son christianisme passe pour n’être pas toujours exact. La meilleure édit. de ses Œuvres est celle de Rome, 1654-1659, 14 vol in-8. Les Institutions divines ont été traduites par Famé, 1542 et 1746 ; la Mort des persécuteurs par Maucroix, 1680, et Basnage, 1687. Pfaff a retrouvé en 1712, à la bibliothèque de Turin, d’importants fragments des Institutions divines.

LACUÉE de CESSAC (J. GÉRARD, comte de), né près d’Agen, en 1752, m. en 1841, était au service quand la Révolution éclata. Député à l’Assemblée législative, il entra en 1795 au Conseil des Cinq-Cents, fut appelé au Conseil d’État après le 18 brumaire et devint ministre de la guerre en 1807. Il se fit beaucoup d’ennemis en poursuivant les dilapidations. Destitué après la campagne de Russie, il n’en demeura pas moins fidèle à l’Empereur. Il n’eut aucun emploi sous la Restauration, mais il fut appelé à la Chambre des pairs en 1831. On a de lui un Guide des officiers en campagne, 1786 et 1815, et le Dictionnaire d’Art militaire de l’Encyclopédie méthodique.

LACURNE DE STE-PALAYE. V. SAINTE-PALAYE.

LADA, îlot situé sur la côte O. de l’Asie-Mineure, en face de Milet. La flotte ionienne y fut vaincue par les Perses en 498 av. J.-C. Cette défaite livra l’Ionie aux Perses. Attale y défit vers 200 av. J.-C. la flotte de Philippe V, roi de Macédoine.

LADAK. V. LEÏ et THIBET (PETIT-).

LADEMBOURG, v. forte du gr.-duché de Bade, à 10 kil. E. de Manheim, près de la r. dr. du Neckar ; 2000 hab. Brûlée par les Français en 1668 ; prise par Turenne en 1674.

LADISLAS, nom de plusieurs rois de Hongrie. L. I succéda en 1077 à son frère Geysa, rendit tributaires les Bulgares et les Serviens, réunit la Croatie à ses États (1089), fonda la ville de Grand-Varadin, et mourut en 1095, à 54 ans, lorsqu’il se préparait à aller combattre les infidèles en Palestine. Il fut mis au rang des saints par Célestin III en 1198 ; on l’hon. le 27 juin. — L. II et III ne régnèrent qu’un instant (1161-62 et 1204-05) : ils n’ont rien fait de remarquable. — L. IV, fils d’Étienne, lui succéda en 1272. Il aida l’empereur Rodolphe à détrôner Ottokar, roi de Bohême, et fut néanmoins abandonné par ce prince lorsqu’il eut à se défendre lui-même contre les agressions des Cumans et des Tartares. Fait prisonnier par les Cumans en 1290, il fut égorgé dans sa tente, laissant à André III un royaume pauvre et mutilé. — L. V, ou Vladislas, fils de Jagellon, roi de Pologne, succéda à son père en Pologne dès 1434, fut élu roi de Hongrie en 1440, après la mort d’Albert d’Autriche, à l’exclusion du fils de ce prince. Il fut presque aussitôt attaqué par les Turcs : après quelques avantages dus à la valeur de son général, le célèbre Jean Hunyade, il fut défait et tué à la bataille de Varna, en 1444. — Le fils d’Albert d’Autriche et son légitime héritier, qui s’était réfugié en Autriche auprès de l’empereur Frédéric III, son tuteur, fut rappelé par les Hongrois en 1453, et régna aussi sous le nom de Ladislas V. Sous lui comme sous son prédécesseur, la Hongrie, menacée par les Turcs, dut son salut à Jean Hunyade. Cependant, à peine ce héros était-il mort, que Ladislas, jaloux de sa renommée, fit périr son fils aîné. Cette exécution le rendit si odieux à ses sujets qu’il fut contraint de quitter la Hongrie ; il alla mourir à Prague (1457) à l’âge de 19 ans. Il eut pour successeur Matthias Corvin, 2e fils de Jean Hunyade. — L. VI ou Vladislas II, fils de Casimir IV, roi de Pologne, fut roi de Bohême (1471), et se fit reconnaître roi de Hongrie (1490), après Matthias Corvin, malgré l’opposition du roi de Pologne, Jean-Albert, son frère. Il confia la défense des frontières à Étienne Zapoly, digne successeur de Hunyade, et ne s’occupa qu’à rendre ses sujets heureux ; il m. en 1516.

LADISLAS ou LANCELOT, roi de Naples, né en 1376, succéda en 1386 à son père Charles III de Duras, sous la régence de sa mère Marguerite. Il eut à défendre sa couronne contre Louis II d’Anjou ; ce ne fut qu’en 1399 qu’il se vit seul maître du royaume. Il voulut s’emparer de toute l’Italie, et même enlever la couronne impériale à Wenceslas et à Robert qui se la disputaient : il réussit à prendre Rome et les villes voisines (1408) ; mais il échoua en Toscane, et